Retour

Retour
Analyses - 31 mai 2004

Filtres

Filtres

Type de contenu

Tous les types

Thématique

Toutes les thématiq...

Analyste

Tous les analystes

Chronologie

mai 2004

Recherche

L
Imprimer Enjeux, Transport,

Les mesures de sécurité, un «topo» de la situation

Le resserrement des mesures de sécurité s’initie au gré des menaces qui pèsent sur les pays. Chacun gérant localement cette crise, on ne peut que constater le manque de cohésion au niveau international. Il reste encore de nombreux écueils avant l’harmonie et l’efficacité.

Le boom de la biométrie

Afin de lutter contre le terrorisme et l’immigration clandestine, nombreux sont les gouvernements à la recherche de LA technologie qui leur procurera un moyen fiable, rapide et économique de révéler l’identité exacte d’une personne. Au-delà de la méthode traditionnelle des empreintes digitales, le secteur de la biométrie vit un boom technologique incroyable. Iris de l’oeil, rétine, forme du visage et des mains, pression tactile, voix et oreille se révèlent autant de pistes de recherches intensives. Malheureusement, aucune de ces technologies ne présente encore tous les éléments d’une solution idéale.

Bienvenue dans le bunker américain!

Les Américains ne lésinent sur rien pour montrer à la face du monde qu’ils sont prêts à tout pour freiner les menaces terroristes – escortes de certains vols par des F-16, annulations de vols, gardes armés à bord des avions… Les États-Unis ont aussi émis une loi exigeant la présentation d’un passeport biométrique (Visa Waiver Program – VWP) par les visiteurs en provenance de 27 pays. Faute de présenter ce type de passeport, ils doivent présenter un visa. L’entrée en vigueur de cette nouvelle loi, initialement prévue pour le 1er octobre 2003, a été reportée au 26 octobre 2004.

La majorité des pays affirment ne pas pouvoir émettre ce type de passeport dans les délais voulus. Voyant là un risque d’enrayer la machine consulaire américaine et de causer des retards considérables dans l’obtention des visas, les instances américaines ont demandé à nouveau le report de cette disposition de deux autres années. En contrepartie, dès le 30 septembre 2004, on exigera de tous les visiteurs la prise de photographies et d’empreintes digitales, et ce, pour une période initiale de deux ans. Ces mesures étaient déjà exigées depuis janvier aux visiteurs des pays ayant à fournir un visa (US-Visit – US Visitor and Immigrant Status Indicator Technology). Jusqu’à maintenant, les Canadiens sont exemptés de ces formalités.

Les mesures de sécurité étant contraignantes pour les passagers en transit, plusieurs voyageurs et compagnies aériennes évitent les aéroports américains comme point de transfert.

Le Canada emboîte le pas

Le Canada a été pointé du doigt pour la faiblesse de ses mesures de sécurité. Depuis, il s’affaire à corriger la situation à coups de milliards de dollars. Le programme NEXUS a été mis sur pied à certains postes frontaliers afin de faciliter le passage à la frontière entre les États-Unis et le Canada. Issu d’un partenariat entre les deux pays, ce programme permet aux personnes voyageant régulièrement entre les deux pays d’être étiquetés voyageurs à faible risque et de franchir la frontière plus rapidement.

Visant le même but, NEXUS-Air s’inspire du programme CANPASS-Air instauré à l’aéroport de Vancouver en juillet 2003 et sera expérimenté à l’aéroport international d’Ottawa en 2004. Les voyageurs empruntant les vols commerciaux auront accès à des comptoirs de services automatisés dotés de la technologie de lecture de l’iris de l’oeil afin d’authentifier l’identité de la personne. Malgré tout, il reste encore beaucoup de boulot à faire sur tous les plans. Un rapport de la vérificatrice générale dénonçait plusieurs failles dans les systèmes de sécurité canadiens.

Les attentats de Madrid font bouger l’Europe

Les attentats de Madrid ont sorti des tablettes le plan d’action mis au point par la Communauté européenne après le 11 septembre. Les autorités ont devancé à la fin de 2005 l’intégration de données biométriques (empreintes digitales et iris de l’oeil) dans les passeports de leurs ressortissants, initialement prévue pour 2007.

S’ajoutent à cela des mesures pour les maladies contagieuses

La formation du personnel pour détecter les maladies contagieuses se répand auprès des transporteurs américains. Les préposés à la billetterie et les agents de bord peuvent exiger l’expulsion d’un passager d’un vol ou sa mise en quarantaine dès qu’ils détectent certains symptômes. On compte déjà huit stations de mise en quarantaine dans les grands aéroports américains et le projet du budget Bush prévoit des sommes pour en augmenter le nombre. Cette formation n’est pas encore exigée par la réglementation fédérale américaine. En Asie, la surveillance est beaucoup plus serrée, allant même jusqu’à utiliser des technologies de pointe pour déceler de fortes fièvres chez les passagers déambulant dans l’aérogare.

Des efforts collectifs

En mai 2003, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a adopté un plan permettant d’intégrer des renseignements d’identification biométrique dans les passeports et autres documents de voyage. Ce plan rendra possible la mise en oeuvre à l’échelle mondiale d’un système de confirmation de l’identité qui se conforme aux normes internationales. La lecture faciale, les empreintes digitales et la lecture de l’iris ont été privilégiées par cet organisme. De son côté, l’Association du transport aérien international (IATA) a formé un groupe composé de transporteurs aériens, de sociétés d’exploitation d’aéroport, de fournisseurs de technologie et de responsables de contrôle gouvernemental dans le but d’étudier comment l’adoption de mesures biométriques pourrait faciliter les déplacements des voyageurs internationaux.

De nombreux écueils avant l’harmonie et l’efficacité

Le manque d’homogénéité dans les mesures de sécurité adoptées par les pays ne peut que compliquer les procédures et la coordination des actions sur le plan mondial. Les questions de confidentialité des renseignements font l’objet d’un fort lobbying. De nombreux groupes de protection des droits et libertés s’opposent à l’introduction des éléments biométriques et des puces dans les pièces d’identité. Un pays qui conteste le resserrement des mesures de sécurité prises envers ses citoyens s’expose à une riposte. C’est le cas notamment de la Chine et des États-Unis.

Bien que la sécurité soit un impératif, nous sommes encore loin des mesures qui assurent la fluidité des passagers aux postes de contrôle. Confrontée à une situation plutôt chaotique, la transposition des mesures unilatérales en un système global efficace représente le principal défi. À court terme, on peut s’interroger sur les effets dissuasifs de toutes ces mesures sur la clientèle touristique.

Sources:
– Airline Business. «Terrorist threat», février 2004, p. 7.
– Citoyenneté et Immigration Canada. «Biométrie – Incidences et applications pour la citoyenneté et l’immigration», avril 2004.
– Swarns, Rachel L. «Millions More Travelers to U.S. to Face Fingerprints and Photos», The New York Times, 3 avril 2004.
– Travel Business Roundtable. «Travel business roundtable takes lead in creating a strategy on how to strike a balance between homeland security and the economy», communiqué de presse [www.traveldailynews.com], mars 2004.

Consultez notre Netiquette