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Analyses - 19 juillet 2004

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juillet 2004

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La «low cost mania» – L’avis de Jacques Roy

La série de textes portant sur la «low cost mania» illustre bien le succès financier et commercial remporté par les transporteurs à tarifs réduits au cours des dernières années. Le phénomène ne semble pas vouloir s’estomper et ce, malgré une concurrence accrue autant sur le marché nord-américain que sur l’Europe.

En Amérique du Nord, les principaux transporteurs réguliers conventionnels (American Airlines, United, Delta, Air Canada, US Airways, etc.) ont tous rapporté des pertes financières au premier trimestre de cette année alors que leurs concurrents à tarifs réduits continuaient de déclarer des profits!

Dans un tel contexte, doit-on conclure que le modèle d’affaires des transporteurs conventionnels est périmé et que l’on doit le remplacer par celui qui fait le succès des transporteurs à tarifs réduits?

Pour répondre à cette question, on peut examiner les différents segments de marché que dessert l’industrie du transport aérien. Cette analyse est illustrée au tableau suivant.

On constate que les transporteurs à tarifs réduits ou low cost ont tendance à se concentrer initialement sur le marché intérieur en s’adressant tout d’abord à une clientèle d’agrément. Ceci étant dit, on observe tant en Amérique du Nord qu’en Europe que bon nombre de voyageurs d’affaires (ceux qui sont devenus plus sensibles aux prix) ont recours aux transporteurs à rabais pour leurs déplacements réguliers à l’intérieur du pays (environ 30% au Canada et 40% en Europe).

Pour croître, les transporteurs à tarifs réduits ont également tendance à élargir leurs horizons sur de plus longues distances en s’attaquant au marché transfrontalier (en Amérique du Nord) et au marché intérieur en Europe.

Mais au fur et à mesure que les distances augmentent, ils font face à de redoutables concurrents, les transporteurs nolisés, ainsi qu’aux transporteurs réguliers exploitant des réseaux internationaux qui ont, tous les deux, l’avantage d’utiliser des appareils de plus grande taille et d’offrir des services mieux adaptés aux besoins des voyageurs sur de longs trajets.

Jusqu’à tout récemment, les transporteurs à tarifs réduits ont été absents du marché régional dominé par des transporteurs régionaux comme Jazz au Canada, American Eagle aux États-Unis et Lufhtansa Cityline en Europe. Ces transporteurs régionaux sont généralement affiliés aux principaux transporteurs réguliers conventionnels et jouent un rôle névralgique en alimentant les plaques tournantes de leurs partenaires.

Or, on commence à observer une pénétration de ce marché par les transporteurs à tarifs réduits qui cherchent ainsi à accroître leur présence sur le territoire intérieur. Pour ce faire, ils doivent cependant renier une des règles fondamentales de leur modèle d’affaires en diversifiant leur flotte par l’acquisition d’appareils de plus petit gabarit (mieux adaptés à ce type de marché moins dense).

C’est ainsi que la vedette montante aux États-Unis, JetBlue, a annoncé l’acquisition d’une centaine de jets régionaux de cent sièges du constructeur Embraer dans le but de s’attaquer à de plus petits marchés. Ces nouveaux appareils viendront s’ajouter à la flotte actuelle composée uniquement d’Airbus 320.

Autre exemple de la concurrence que se livrent les transporteurs aériens sur le marché régional, des transporteurs régionaux comme Atlantic Coast Airlines (États-Unis) et British European (Europe) ont tout simplement décidé de se métamorphoser en transporteurs à tarifs réduits en devenant respectivement Independence Air et Flybe.

Bref, s’il existe encore des marchés à l’abri du modèle d’affaires des transporteurs à tarifs réduits, la pression est extrêmement forte sur les transporteurs réguliers conventionnels pour réduire leurs coûts à des niveaux qui s’approchent de ceux dont jouissent les nouveaux venus. La partie n’est pas gagnée, comme on peut le constater avec le nombre et l’envergure des transporteurs qui ont dû cesser leurs activités ou se placer sous la protection de la loi depuis trois ans.

Jacques Roy

Professeur titulaire et directeur
Service de l’enseignement de la gestion des opérations et de la production
HEC Montréal

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