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Analyses - 27 septembre 2004

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septembre 2004

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Quand le tourisme d’aventure et de plein air devient une aventure pour l’entreprise

La majorité des régions québécoises misent sur le tourisme d’aventure et de plein air pour séduire la clientèle touristique. Mais avant d’affirmer que le Québec dispose d’une offre solide et structurée en la matière, de nombreuses embûches subsistent. En dépit de leur professionnalisme, la situation financière des entreprises spécialisées dans ce domaine se révèle souvent précaire.

Malgré le manque de statistiques, tous s’accordent à dire que ce secteur est en expansion et voué à un avenir prometteur. Les adeptes d’activités de plein air se multiplient en raison de la forte conscientisation sociale à l’égard de la santé et des bienfaits de l’exercice sur celle-ci. La richesse du milieu naturel, l’immensité du territoire et les quatre saisons font du Québec un endroit privilégié pour la pratique du tourisme d’aventure et de plein air.

Aventure douce, aventure extrême et écotourisme, une question de pratique et de marketing

Ce type de tourisme soulève bien des débats quand il s’agit d’établir des définitions et de circonscrire les activités qui le composent. Avec le plein air comme dénominateur commun, le secteur a emprunté différentes avenues au fil des années. L’appellation «aventure douce» est le reflet du vieillissement de la population alors que l’«aventure extrême» cible les gens à la recherche d’un niveau d’activité physique ou de risque plus intense. Quant à l’écotourisme, il se résume trop souvent au respect de l’environnement, ce qui s’avère plutôt réducteur.

Mais où situer les frontières du tourisme d’aventure? Cela a plus à voir avec la façon de pratiquer une activité qu’avec sa catégorisation. Certains adeptes transportent leurs bagages sur leur dos et dorment à la belle étoile alors que d’autres recherchent confort et bonne nourriture le soir venu. La randonnée pédestre peut être une activité «douce» pour le marcheur qui se promène dans la forêt et «extrême» pour celui qui fait du trekking.

En fait, ce secteur rejoint des adeptes de tous les âges chez qui se profilent différents besoins: santé, mieux-être, passion, découverte, activité physique, adrénaline, risque, détente, éducation, etc. On observe une croissance de la clientèle à la recherche d’une expérience de qualité.

L’exploitant vit une aventure à haut risque

Démarrer une entreprise dans ce domaine n’est pas une partie de plaisir réservée aux «tripeux de plein air». Plusieurs dirigeants réalisent que leur exploitation devient une aventure en soi. Regroupant majoritairement des entreprises de petite taille, ce secteur hétéroclite doit composer avec une fragilité financière qui met en péril la viabilité de l’entreprise au moindre coup dur.

Problématiques propres à ce secteur:

  • il s’agit d’entreprises à fort caractère saisonnier; on ferme souvent les portes la saison terminée et le personnel est mis à pied;
  • la sécurité est considérée comme un enjeu crucial, car la pratique peut présenter des facteurs de risque élevé; les adeptes sont parfois téméraires ou néophytes, ce qui peut entraîner des blessures, des accidents ayant des répercussions négatives sur la pratique (ex. accident de rafting);
  • les entreprises requièrent du personnel qualifié souvent difficile à recruter;
  • elles sont soumises aux conditions climatiques;
  • on remarque un manque de barrières à l’entrée; plusieurs entreprises démarrent sans posséder les compétences requises pour exercer dans ce domaine, ce qui compromet la sécurité des visiteurs et crée une concurrence déloyale dans le milieu;  
  • il faut prendre en considération les facteurs d’éloignement et d’accessibilité qui engendrent des coûts supplémentaires;
  • on assiste à des conflits d’usage et de cohabitation; les activités de plein air plus «contemplatives» (vélo, ski de fond, canot, etc.) et les activités motorisées (quad, motoneige, yatch, etc.) ne font pas toujours bon ménage; les activités économiques (coupe forestière, projet hydroélectrique, prélèvement minier, etc.) menacent l’accessibilité au territoire et la qualité des paysages;
  • la pratique de ces activités est soumise à des restrictions environnementales;
  • le financement du développement des infrastructures n’étant pas accompagné des budgets nécessaires pour en assurer l’entretien, cela met en péril la pérennité des équipements (ex. Route verte); le droit d’usage des territoires publics étant accordé pour une période déterminée (ex. sentiers de motoneige), cela occasionne de l’incertitude et entraîne beaucoup de démarches en vue des renouvellements;
  • les moyens financiers réduits et les marchés restreints rendent difficile la mise en marché du produit;
  • il y a une multitude d’intervenants impliqués dans les dossiers ce qui cause des problèmes de concertation (nombreux ministères, MRC, municipalités, ATR, milieux associatifs, etc.);
  • contrairement à d’autres secteurs, l’attribution de l’aide financière publique aux entreprises n’est pas assujettie aux barèmes déjà établis par des organismes responsables;
  • on constate un manque de ressources pour exercer une représentativité dans les différents milieux.

Un secteur à fort potentiel en voie de structuration

Regroupant plusieurs intervenants au Québec, Aventure Écotourisme Québec (AEQ) est l’organisme chargé de représenter, de défendre, de promouvoir les intérêts des producteurs professionnels en tourisme d’aventure et écotourisme et d’assurer un produit de qualité et sécuritaire. Dans cet esprit, le milieu s’est doté de normes développées par le Bureau de normalisation du Québec (BNQ). L’adhésion de l’entreprise à ces normes s’effectue toutefois sur une base volontaire. Les institutions d’enseignement collégial et universitaire ont développé des programmes liés au secteur du plein air, afin de former gestionnaires, organisateurs et professionnels. Grâce à ces initiatives, on constate une nette amélioration du niveau de professionnalisme depuis les cinq dernières années.    

Les valeurs positives véhiculées par les activités de plein air ne peuvent qu’être des ambassadrices de ce type d’activités. Couplées à la qualité du milieu, les perspectives d’avenir de ce secteur s’annoncent fort prometteuses. Mais les difficultés que connaissent les entreprises ralentissent le développement d’une offre structurée et de qualité. Maillage, regroupement et concertation devraient être à l’ordre du jour.

Publications d’intérêt:
– Hudson, Simon (directeur de publication). «Sport and Adventure Tourism», The Haworth Hospitality Press, 2003, chapitre 7: Adventure Tourism par Paul Beedie, p. 203-239; chapitre 8: The Business of Adventure Tourism par Ross Cloutier, p. 241-272.
– Morgan, Damian. «Risk Management For Australian Commercial Adventure Tourism Operations», The Journal of Hospitality and Tourism Management, vol. 10, janvier 2003, p. 46-59.

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