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Analyses - 14 octobre 2004

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octobre 2004

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Votre site Web parle-t-il la langue de vos clients?

À Paris, afin d’attirer la clientèle asiatique, l’Office du tourisme et des congrès a récemment instauré une charte engageant les opérateurs à traduire leurs menus et prospectus en chinois. Dans les hôtels parisiens de la chaîne Accor, on propose des émissions de télévision et un journal touristique en chinois. Alors, si l’idée est bonne pour les brochures touristiques et les menus… imaginez quel impact aurait votre site Web s’il parlait la langue de vos clients!

Véritable Tour de Babel

Selon le Global Internet Statistics (by Languages) publié en septembre 2004 par le Global Reach, dix langues sont principalement utilisées par les internautes.

Lorsqu’il s’agit d’utiliser le Web, les non-anglophones représentent autour de 64,8% de la population en ligne (soit 295,4 millions de personnes). Néanmoins, l’anglais y est le plus utilisé, bien qu’il ne soit la langue maternelle que de 35,2% de la population totale des internautes (en comparaison de 40,2% en mars 2002). En seconde position, vient le chinois (bien loin derrière l’anglais), avec 13,7% de la population en ligne.

Au premier coup d’oeil, il est facile de remarquer que le français ne représente qu’un maigre 4,2%.

Pourquoi traduire votre site Web?

Grâce au réseau Internet, les entreprises de partout dans le monde peuvent facilement présenter leurs produits et services au «village global». Dans ce contexte de mondialisation, il est important de vous adresser à vos (futurs) clients dans leur langue maternelle.

Cette stratégie démontre votre volonté d’ouverture sur le monde, ainsi qu’un respect certain de vos visiteurs et clients. C’est également un avantage concurrentiel non négligeable. Une dépense supplémentaire, mais qui peut rapporter gros!

Plus qu’une traduction, une stratégie d’internationalisation

Adapter son site Internet à l’international se résume-t-il à en faire une simple traduction? Poser la question, c’est y répondre. Bien sûr que non! Il faut obligatoirement inscrire cette démarche dans une stratégie d’internationalisation. Il faut parvenir à toucher le (futur) client au coeur même de sa culture.

Alors, pour donner à votre site une tournure internationale, vous devez commencer par définir les pays ou les régions que vous visez. Ceci étant fait, vous devez décider dans quelle mesure vous allez personnaliser le contenu de votre site en fonction de chacun d’eux.

Le site comporte des passages où la connaissance des normes, us et coutumes de la population visée est très importante.

1- Le contenu

Vous devez vous pencher sur la pertinence du contenu. Le public canadien ne s’intéresse pas aux scores de la pelote basque (jeu de balle qui se joue en équipes), tout comme les modèles canadiens de raquettes ne préoccupent sûrement pas les gens d’affaires de Tokyo.

Le choix des noms de produits doit également faire l’objet d’une attention particulière. La traduction simple de ceux-ci peut entraîner de fâcheux malentendus. L’industrie automobile compte de nombreuses histoires d’horreur en la matière. Le constructeur automobile italien Fiat a ainsi dû renommer sa Uno pour pouvoir la vendre en Finlande, parce que, en finnois, Uno signifie «ordures, détritus». Les mêmes précautions devront être prises pour l’adaptation des slogans publicitaires. La meilleure façon d’éviter ce genre de quiproquo est sans contredit de faire affaire avec un traducteur professionnel.

Il faut faire attention aux caractères spéciaux (comme la rota espagnole ou le umlaut allemand, etc.), aux formats de représentation des dates (par exemple, mois-jour-année aux États-Unis et jour-mois-année en Europe) ou des nombres (comme les points ou les virgules séparant les nombres longs). De plus, certains mots ou expressions sont parfois intraduisibles. Il faut alors trouver un compromis ou prévoir un glossaire des mots particuliers.

2- Les images et les couleurs

Du côté de l’identité visuelle, par exemple, il faut savoir qu’une couleur dans un pays ne représente pas toujours la même chose chez ses voisins. En Occident, le blanc est la couleur de la pureté (mariage), tandis qu’en Inde, il est associé aux rites funéraires.

Suivant le pays, la conduite d’une automobile peut s’effectuer à droite ou à gauche de la route et certains panneaux de signalisation peuvent avoir une autre signification.

Une compagnie de voyages a été poursuivie pour avoir diffusé la photo d’une femme en maillot de bain sur la plage dans un site Web destiné à l’Arabie Saoudite. Cette méconnaissance des us et coutumes et de la législation en vigueur dans cette partie du monde a causé une offense digne de l’insulte.

3- Les fonctionnalités

Les fonctionnalités du site varient en fonction de la culture: il faudra faire attention, par exemple, à l’utilisation de certains symboles, la place ou la forme de certains éléments graphiques (la forme octogonale du stop aux États-Unis ne veut strictement rien dire dans la plupart des pays du monde).

Du fait que seuls les pays à forte connexion Internet utilisent la haute vitesse, il faudra adapter la bande passante à la baisse. Les connexions téléphoniques étant beaucoup plus lentes et certains utilisateurs payant encore leur consommation à la minute, vous devrez donc prêter attention à ne pas surcharger le site avec des images trop lourdes.

Des goûts et des couleurs

Pour illustrer les points précédents, citons le cas tout récent du Comité départemental du tourisme vendéen (France) qui vient de mettre en ligne la version chinoise de son site Internet. Cette version n’est pas une simple traduction, puisque la rubrique «histoire» a été nettement approfondie, pour répondre au goût prononcé des Chinois pour le détail. Aussi, dans la rubrique «gastronomie», la photo des langoustines a été remplacée par celle d’un crabe (plus familier) et celle de la brioche par un plat de canard (question de goûts).

Enfin…

Loin d’être facile et automatique, le processus d’internationalisation doit absolument être transparent aux yeux des utilisateurs. Ceux-ci doivent être convaincus que le site (ou le produit) a été développé expressément à leur intention.

L’utilité d’une traduction et d’une stratégie d’internationalisation touche d’abord et surtout les organismes de gestion de la destination (DMO) ou les offices de tourisme, qui devraient minimalement être bilingues. Quant à savoir par quelle langue commencer – espagnol, chinois, japonais, allemand… et dans quel ordre de priorité – il convient de faire une petite étude préalable afin de définir la clientèle potentielle la plus susceptible d’être rejointe en premier.

Et, une fois que vous aurez votre site Web multilingue, outre les tests utilisateurs habituels, il sera impératif de le référencer dans les différents pays où ces langues sont parlées. Question de visibilité!

Voir aussi

Comité départemental du tourisme vendéen (France)

Sources:
– ETC. «Top Ten On-line Language Populations», 30 septembre 2004.
– Hagen, S. «La communication à travers les cultures d’entreprises, les secrets de la réussite des entreprises européennes», Édition InterAct International, 1997.
– Béranger, Anne-Laure. «Le CRT Midi-Pyrénées refond sa stratégie sur le Web», Le Journal du Net, 9 septembre 2002.
– Bastien, Christian et Corinne Leulier. «Les aspects ergonomiques de l’internationalisation des sites Web», L’ergonome, avril 2001.
– Dray, Susan. «Designing for the rest of the world: a consultant’s observation», Interactions, vol. 3 no 2, mars 1996, p. 15 à 18.
– Télérama. «La Vendée crée une adresse Internet pour séduire les touristes chinois», 12 novembre 2004.

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