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Analyses - 19 novembre 2004

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novembre 2004

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Les taxis aériens envahiront bientôt le ciel

Depuis plusieurs années, la NASA planche sur un nouveau système de transport aérien qui utilisera des aéroports secondaires et de petits aéronefs afin de mettre en place un service de taxis aériens sur demande. Cette initiative américaine vise à offrir à un plus grand nombre de communautés une solution alternative plus rapide pour les déplacements des personnes. Le projet Small Aircraft Transportation System (SATS), dont le déploiement est prévu pour 2006-2007, devrait transporter en 2010 plus de 6,4 millions de passagers.

Origine du projet

Le SATS a vu le jour grâce à un partenariat public-privé entre la NASA, le Department of Transportation/Federal Aviation Administration (FAA) et le National Consortium for Aviation Mobility (NCAM). SATS compte tirer profit des aéroports et des appareils de petite taille (photos) pour des fins de transport public. Plus de 5400 aéroports secondaires américains seront mis à contribution.

Ce sont les enjeux entourant les problèmes de sécurité et de congestion, tant sur les routes que dans le ciel, qui ont motivé les autorités américaines à mettre en place un tel système. Les réseaux d’autoroutes en périphérie des grandes agglomérations causent d’importants délais et de nombreux accidents. Le constat est le même en ce qui concerne les 30 aéroports majeurs qui sont utilisés à pleine capacité, entraînant également de longues attentes et annulations de vols. 

Vers une meilleure efficacité

En ce qui a trait aux voyages de moins de 800 km, on a calculé que la vitesse moyenne pour se déplacer de porte à porte variait de 60 à 130 km/h. En plus des délais engendrés par les retards et la congestion, les passagers déplorent des pertes de temps significatives dans les plaques tournantes (hubs). Et on s’attend à ce que la situation se détériore davantage. L’accessibilité de la population américaine à un aéroport se mesure comme suit:

  • 22% habitent à moins de 30 minutes d’un aéroport majeur/plaque tournante.
  • 41% habitent à moins de 30 minutes d’un aéroport commercial.
  • 94% habitent à moins de 30 minutes d’un aéroport du réseau SATS.

En plus des 5400 aéroports régionaux disponibles, SATS pourra compter sur plus de 18 000 autres pistes d’atterrissage locales ou privées qui viendront se greffer au réseau pour désengorger les aéroports majeurs.

Actuellement, moins de 10% des aéroports publics disposent d’instruments précis pour assurer le contrôle des vols, des communications et de la couverture radar, de même que pour permettre une accessibilité dans presque toutes les conditions météorologiques. C’est pourquoi la NASA investit depuis sept ans dans le développement d’une nouvelle génération d’aéronefs abordables et sécuritaires. En effet, la technologie utilisée par SATS permettra aux avions de communiquer entre eux sans devoir être guidés par une tour de contrôle. Les aéroports seront plutôt munis d’un serveur GPS relié à chacun des appareils. Cette solution coûtera environ 
50 000$ aux infrastructures d’accueil, soit beaucoup moins que les systèmes de guidage conventionnels.

Quant aux aéronefs, un jet bimoteur Eclipse (coût de 1,2 million $US), par exemple, nécessitera un seul pilote et pourra transporter six passagers sur une distance de 2500 km à 667 km/h. En comparaison, le nouveau Boeing 7E7 Dreamliner accueille 217 passagers et coûte 120 millions $US.

Choisir le bon moyen de transport

Afin d’évaluer le potentiel d’utilisation de SATS, on a pris en considération les facteurs qui influencent la décision du voyageur quant au choix du moyen de transport:

  • Durée du voyage
  • Coût du voyage
  • Valeur accordée au temps
  • Choix de la route
  • Type de voyage
  • Fiabilité du service
  • Fréquence du service

La clientèle, selon sa situation et ses priorités, effectuera un choix entre un vol SATS, un vol commercial, la voiture personnelle ou un autre moyen de transport. Dans l’exemple présenté au tableau 1, un vol SATS permettrait une économie de temps de six heures par rapport à l’avion commercial, mais coûterait 60% de plus qu’un billet en classe affaires et près de cinq fois le tarif régulier. La longue durée (16,4 heures) du vol conventionnel, mesuré porte à porte, s’explique notamment par les délais occasionnés par les déplacements jusqu’aux aéroports majeurs, l’attente aux contrôles de sécurité et les transferts.

Les chercheurs ont déterminé, selon l’élasticité de la demande en fonction du prix, qu’il existe un marché potentiel à un tarif avoisinant les 1,50 $US par mille aérien (graphique 1). On estime qu’à ce prix, quelque 6,4 millions de voyages s’effectueront annuellement avec SATS.

Graphique 1
Demande pour les vols SATS selon la tarification ($US/mille aérien)

Le périmètre d’efficacité de SATS, à l’intérieur duquel les aéronefs peuvent concurrencer la voiture et l’avion commercial, se situe entre 800 et 2200 km. Si le projet fonctionne comme prévu, les passagers prendront ces taxis aériens pour les vols de courte durée, de la même façon qu’ils prennent aujourd’hui l’autobus. On vise particulièrement le marché des affaires, de même que les voyages d’agrément d’une durée d’un à quatre jours.

Quelques perspectives

Plusieurs experts demeurent toutefois perplexes sur les chances de réussite du projet. On doute qu’il soit possible d’offrir des prix suffisamment abordables pour générer un trafic substantiel et ainsi soulager le réseau actuel. On craint aussi que les gens ne soient quelque peu réfractaires à l’idée de voler à bord de petits avions. Les optimistes croient quant à eux que l’incroyable flexibilité offerte par ces vols sur demande devrait assurer le succès de l’opération.

Bien qu’à l’état de projet, SATS suscite beaucoup d’intérêt parmi les différents milieux économiques. On ouvre une porte à de toutes nouvelles perspectives de développement. Évidemment, il faudra mesurer le succès du déploiement de SATS aux États-Unis avant de conclure à un bouleversement du paysage aérien et d’estimer sa portée éventuelle de ce côté-ci de la frontière. Mais pourquoi ne pas envisager un tel système comme opportunité pour améliorer la desserte aérienne des régions du Québec?

Voir aussi

SATS

Sources:
– Elliott, Carol. «Flight of Fancy – Federal project aims to usher in new age of air travel», South Bend Tribune, 20 septembre 2004.
– Cooke, Stuart. «Outlook on the Small Aircraft Transportation System (SATS)», TIA Marketing Outlook Forum, Phoenix/Scottsdale, Arizona, 29 octobre 2004.
– TRB Publication. «Future Flight: A Review of the Small Aircraft Transportation System Concept», TRB Special Report, no 265, 1er décembre 2002.
– Holmes, Bruce J. «Small Aircraft Transportation System – A Vision for 21st Century Transportation Alternatives», NASA Langley Research Center, 31 mai 2002.

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