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Analyses - 9 décembre 2004

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décembre 2004

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Le Canada en retard en matière de commerce électronique

Un nouveau rapport de la firme eMarketer met de l’avant l’antagonisme du Canada en matière d’affaires électroniques. En effet, d’un côté, le Canada est un chef de file en ce qui concerne la connectivité au réseau Internet, mais il est aussi retardataire dans tout ce qui a trait au commerce électronique. Comment expliquer ce phénomène? Qu’en est-il au Québec?

Le Canada se situe dans les meilleures places au monde en ce qui a trait à l’utilisation d’Internet et au taux d’adoption d’Internet à large bande (haute vitesse). Il se classe aussi parmi les meilleurs dans la catégorie des services en ligne, comme la banque en ligne (eBanking), service utilisé par un pourcentage sensiblement plus élevé de Canadiens que d’Américains.

Sur la base de données compilées en 2003, la firme eMarketer a rangé le Canada au quatrième rang mondial en termes de taux de branchement des ménages ayant un accès à haute vitesse, soit 36,2%. Par comparaison, les États-Unis occupent la dixième position avec un taux de pénétration de 22,5%.

Top 5 des pays ayant les meilleurs taux d’adoption en matière de connexion Internet à large bande en 2003

Pour 2004, eMarketer estime que 5,2 millions de ménages canadiens disposeront d’une connexion large bande, soit 66% des ménages branchés.

Canada – Estimation de l’évolution du nombre de ménages branchés par type d’accès (en millions)


Source: eMarketer, mars 2004

Tout comme on constate directement la diminution du taux de branchement par ligne téléphonique et ISDN, on remarque qu’en 2007, 81% des ménages canadiens branchés auront un accès à large bande, soit 58,6% de tous les ménages.

Regarder mais pas acheter!

Aussi est-il bien difficile de croire que cette tendance ne se traduise pas en achats sur Internet.

En fait, en 2003, les ménages canadiens ont dépensé seulement 3 milliards $ en ligne, soit moins de 1% des 688 milliards $ de dépenses personnelles totales de l’année (une augmentation de 25% par rapport aux 2,4 milliards de dépenses en 2002). Ils ont acheté un peu de tout sur Internet, des billets d’avion aux livres.

Environ 1,7 million de ménages ont dit avoir fait uniquement du lèche-vitrines sur Internet, soit à peu près le même nombre qu’en 2001. Ce groupe a donc consulté des catalogues virtuels, mais n’a toutefois pas passé de commandes ni effectué d’achats en ligne.

Canada – Achats en ligne (2002-2007)


Source: eMarketer, novembre 2004

L’occasion fait le larron

Selon le Pew Internet & American Life Project, un organisme de recherche qui étudie la façon dont le public américain s’adapte aux activités en ligne, le fait que l’internaute soit raccordé à Internet haute vitesse depuis son domicile entraîne généralement une augmentation de ses activités en ligne, ainsi qu’une augmentation du temps qu’il y accorde.

Cette augmentation se fait alors au détriment de la télévision, des réunions de famille ou d’amis, de la lecture (journaux) et du divertissement, en général. Ces moments supplémentaires passés à la maison diminuent également le temps consacré à faire des emplettes. Pour 39% des internautes connectés à haute vitesse, Internet a diminué le temps qu’ils passaient jadis dans les magasins.

Mais, d’un autre côté, une connexion haute vitesse facilite les achats en ligne puisque le chargement des pages et les transactions s’y font plus rapidement.

Alors, au vu de ce dernier point, comment se fait-il qu’au Canada, le commerce électronique traîne de la patte?

Selon Jeffrey Grau, analyste chez eMarketer, les causes sont diverses et les solutions le seront aussi. Les Canadiens sont très (trop) prudents dans leurs démarches de commerce électronique et les détaillants ont été plus lents à investir dans des technologies transactionnelles.

Pour Philippe Leroux, analyste Internet et associé chez V(DL)2 inc., une agence Web de Montréal, ce décalage est également lié à un enjeu d’offre. «Les ménages canadiens sont dans le peloton de tête des pays les plus et les mieux branchés, mais l’entreprise tarde à embarquer.» Selon lui, au Canada et au Québec, les entreprises qui transigent en ligne sont encore marginales.

Cependant, il est heureux de constater que les phases de sensibilisation et d’implantation sont terminées. Le développement va pouvoir continuer, petit à petit. M. Leroux ne prévoit pas de problème, puisque «lorsque le service existe, l’internaute réagit bien». Et il en veut pour preuve le site transactionnel de Via Rail, où les ventes en ligne représentent déjà pas moins de 22% du chiffre d’affaires total.

Qu’en est-il au Québec?

Au Québec, selon les dernières données du Cefrio (NETendances de novembre 2004), l’on constate que parmi les adultes québécois:

  • 68,2% possèdent un ordinateur à la maison;
  • 16,9% prévoient acheter un ordinateur au cours de la prochaine année;
  • 60,0% ont navigué sur Internet au cours des sept derniers jours;
  • 12,1% prévoient effectuer un achat de Noël en ligne.
  • 34 % ont effectué des opérations bancaires en ligne au cours du mois d’octobre;
  • et 28,1% ont déjà effectué un achat en ligne.

Et l’on constate que dans le secteur du voyage aussi, Internet gagne peu à peu du terrain comme canal de distribution.

En effet, si l’on se fie à un sondage Expedia/Ipsos-Reid effectué en novembre dernier, par téléphone, auprès d’un échantillon de 1056 adultes canadiens sélectionnés au hasard, dont 239 Québécois:

  • 25% des Québécois interrogés ont utilisé Internet pour faire leurs réservations de voyage au cours des deux dernières années (soit une augmentation de 2% par rapport au sondage de novembre 2002);
  • et 54% des Québécois interrogés ont indiqué avoir utilisé Internet au cours des deux dernières années pour effectuer des recherches sur des destinations de voyage (soit une augmentation de 7% par rapport à novembre 2002).

Il faut cependant faire attention, les résultats du sondage donnent 25% de taux de réservation. Mais encore là, «réservation en ligne» n’induit pas forcément «paiement en ligne»!

Par comparaison:

  • 71% des Américains possèdent un accès à Internet;
  • 51% des internautes américains documentent (cherchent de l’information) leurs voyages par Internet;
  • le tiers des internautes américains achètent leurs voyages en ligne.
Pays Population 2004 (estimation) Nombre d’internautes Taux d’utilisation (2000-2004) Taux de pénétration dans la population (%)
Canada 31 846 900 20 450 000 + 61,0% 64,2%
États-Unis 293 271 500 201 661 159 + 111,5% 68,8%
France 60 011 200 23 352 522 + 186,5% 40,6%
Belgique 10 402 200 3 769 123 + 88,5% 36,2%
Royaume-Uni 59 595 900 34 874 469 + 126,5% 58,5%
Japon 127 853 600 66 763 838 + 41,8% 52,2%
Chine 1 288 307 100 87 000 000 + 280,7% 6,8%
Australie 20 275 700 13 359 821 + 102,4% 65,9%

Source: Internet World Stats, novembre 2004

Sources:
– eMarketer. «Canada: The Online Enigma», 6 décembre 2004.
– eMarketer. «Consumer E-Commerce in Canada: Firing Up the Internet Economy Growth Engine », décembre 2004.
– eMarketer. «North America E-Commerce: B2B & B2C », mai 2003 (237 pages).
– Economist Intelligence Unit (EIU). «The 2004 e-readiness rankings» (white paper), 2004.
– U.S. Department of Commerce. «A Nation Online: Entering the Broadband Age», Economics and Statistics Administration, National Telecommunications and Information Administration, septembre 2004.
– Horrigan, John B. et Lee Rainie. «How online Americans’s behavior changes with high-speed Internet connections at home », Pew Internet & American Life Project, 30 mai 2004.
– Statistique Canada. «Enquête sur le commerce électronique et la technologie 2003», 16 avril 2004.
– CNW Telbec. «Un sondage Expedia.ca/Ipsos-Reid indique que la majorité des Québécois voyageront durant les Fêtes – 25 % des Québécois ont fait des réservations en ligne», 25 novembre 2004.
– Désiront, André. «Les Québécois réservent davantage sur Internet», La Presse, 8 décembre 2004.

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