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Analyses - 7 juillet 2005

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juillet 2005

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Les changements climatiques vont-ils modifier nos habitudes de voyage?

Si la pluie et le mauvais temps ont des répercussions directes sur le tourisme, il en va de même de la chaleur accablante et de l’humidité suffocante. Les récentes canicules observées un peu partout sur la planète risquent-elles de modifier le choix des destinations touristiques?

D’ici quelques années, les fluctuations du climat forceront l’industrie touristique à se préparer aux conditions changeantes. Certaines destinations hivernales traditionnelles pourraient bien recevoir plus de pluie que de neige. Et les amateurs de sports de glisse dans des secteurs tels que les Alpes et la Scandinavie devront peut-être se déplacer vers des régions aux chutes de neige plus fiables.

Trois rapports alarmants

En un mois, trois rapports préoccupants tirent le signal d’alarme.

Tout d’abord, en juin dernier, des scientifiques de l’ONU prédisent une nouvelle envolée de la température mondiale de 1,4 à 5,8°C d’ici 2100. À ces élévations de température s’ajouterait aussi une augmentation du niveau de la mer de 9 à 88 cm, entre 1990 et 2100.

Quelques jours plus tard, c’est au tour de l’Observatoire français sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) de présenter les résultats d’un rapport intitulé «Un climat à la dérive, comment s’adapter?».

Ce rapport annonce l’arrivée désormais inéluctable de profonds changements, et ce, quels que soient les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui pourront être déployés. Ces modifications climatiques vont affecter de nombreux secteurs, comme l’agriculture, la pêche, l’aménagement du territoire, la protection des populations… et bien sûr, le tourisme!

Début juillet, même proclamation en provenance du WWF (World Wide Fund for Nature) qui démontre qu’un réchauffement planétaire de 2°C toucherait durement certaines régions du globe, dont la Méditerranée. Cette dernière pourrait voir ses périodes caniculaires (jours où la température excède 35°C) s’allonger de six semaines.

Au Québec, d’ici 2050, l’augmentation des gaz à effet de serre pourrait se traduire par un réchauffement de 1o à 6oC dans le sud et de 2o à 9oC dans le nord, selon les saisons. Les précipitations, de leur côté, sont susceptibles d’augmenter de 20% dans certaines régions, principalement en hiver.

On note aussi l’augmentation possible des phénomènes extrêmes en cas d’hivers plus doux, comme la tempête de verglas qui a dévasté les arbres du sud du Québec et du sud-est de l’Ontario, en janvier 1998.

Le malheur des uns…

Ces réchauffements climatiques, outre le fait qu’ils aggravent la sécheresse et l’incidence des feux de forêt, risquent également de perturber la venue de nombreux touristes, qui pourraient dorénavant opter pour des destinations plus fraîches. Parmi les différents impacts possibles, mentionnons ceux sur:

  • les modes de réservation: avec une augmentation des réservations et ventes de dernière minute (attention aux surfréquentations imprévues);
  • les destinations: avec une préférence pour des lieux plus frais comme le littoral, les espaces lacustres et autres parcs aquatiques, les régions montagneuses, etc.;
  • les services: qui devraient avantager les entreprises de location de bateaux, les visites de grottes ou de mines, les spas, les activités (sub)aquatiques, etc.;
  • les infrastructures: par exemple, le réchauffement et la baisse du niveau des eaux pourraient entraîner l’érosion des berges et forcer les riverains à construire des digues afin de protéger certaines plages.

Ces modifications dans le choix d’une destination touristique sont susceptibles d’affecter tant les séjours d’été que ceux d’hiver. L’été, une multiplication des «événements climatiques extrêmes» (fortes précipitations, cyclones, ouragans, etc.) obligerait certains lieux de villégiature à faire face à des risques de crues catastrophiques des rivières tandis que l’hiver, une diminution de l’enneigement entraînerait une obligation, pour les stations de ski, de s’équiper de canons à neige et de diversifier leurs activités (Lire aussi: Chaud devant! Le réchauffement climatique pourrait raccourcir la saison de ski).

… fait le bonheur des autres

Par contre, d’autres régions y verront là tout un avantage. Avec des étés plus chauds, plus secs et plus longs, elles pourront ainsi étendre la saison: une situation idéale pour des activités extérieures, comme le camping, la pêche, le tennis, etc.

Des étés plus chauds et plus secs favoriseront les séjours des habitants dans leur région, où ils profiteront du beau temps pour découvrir les beautés touristiques locales.

Selon l’IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change), le Canada bénéficierait réellement des hausses de température pour allonger sa saison touristique.

Une modification des pratiques

Les changements climatiques peuvent entraîner une modification des façons de faire des acteurs du tourisme.

Rappelons qu’en France, lors de la canicule qui a fait de nombreuses victimes à l’été 2003, bon nombre de restaurateurs ont vu leurs activités réduites, la clientèle recherchant une nourriture plus légère.

La forte demande en climatisation pourrait conduire les professionnels de l’hébergement, mais aussi de la restauration, à s’interroger sur la nécessité d’installer un système d’air climatisé.

Il va sans dire que ces changements vont survenir, petit à petit, dans les prochaines décennies. Ce qui laisse le temps aux intervenants touristiques de se préparer et de réfléchir à la formulation de stratégies nouvelles, et de commencer à se projeter dans un futur plus chaud.

Voir aussi

L’impact de la météo sur la fréquentation touristique
Rapport WWF
Rapport ONERC
Centre québécois d’actions sur les changements climatiques
Réseau canadien de recherche sur les impacts climatiques et l’adaptation

Sources:

– Blanchard, Marcel. «La canicule plombera-t-elle la fréquentation en France?», TourMag, 28 juin 2005.
– Gosline, Anna. «Will global warming impact tourism hotspots?», New Scientist, 22 mai 2005.
– Létard, Valérie; Hilaire Flandre et Serge Lepeltier. «La France et les Français face à la canicule: les leçons d’une crise», Document du Sénat, Rapport d’information n° 195 (2003-2004) fait au nom de la mission commune d’information, déposé le 3 février 2004.
– Témoignages. «Publication du rapport de l’ONERC sur «Un climat à la dérive, comment s’adapter?», 25 juin 2005.
– WWF. «Changement climatique en Méditerranée: 2 degrés de plus, 2 degrés de trop pour les touristes?», 5 juillet 2005.

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