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Analyses - 7 juillet 2005

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juillet 2005

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Les multiples facettes touristiques du train

De nos jours, la variété et la qualité des prestations offertes par le train brisent souvent de vieux stéréotypes. Un simple coup d’oeil à la panoplie des produits et services disponibles permet de constater à quel point le train est devenu bien plus qu’un mode de transport coûteux avec un piètre service. Qu’il adopte la cadence du «slow travel» ou la vitesse d’un avion, le transport ferroviaire s’est raffiné et, plus que jamais, il appartient au paysage touristique.

Adaptation du train

Du début du XXe siècle jusqu’aux années cinquante, le train constitue le fleuron des modes de transport au pays et Montréal agit comme plaque tournante du continent. L’arrivée de l’automobile, combinée au développement des autoroutes et du transport aérien, a sonné le glas de l’époque ferroviaire. Mais, aujourd’hui, le tourisme donne une nouvelle vie à ce moyen de transport.

Plusieurs destinations ont adapté leur service régulier de train de manière à ce que la tarification convienne davantage à la clientèle touristique. La passe européenne Eurail, qui permet aux voyageurs de parcourir plusieurs pays en utilisant le train de façon illimitée durant un certain laps de temps, constitue un exemple bien connu. On trouve le même concept avec la Carte Amérique du Nord, valide pour trente jours et offerte conjointement par Via Rail et Amtrak.

L’utilisation du train à des fins touristiques s’organise de plusieurs façons. L’une d’elles consiste à offrir de longs trajets ferroviaires qui recréent les voyages épiques. Via Rail, par exemple, mise sur cette approche classique pour découvrir le Canada, grâce à un forfait de trois jours permettant de franchir la distance entre Toronto et Vancouver. Le transporteur a même développé, en collaboration avec des partenaires touristiques, un portail spécifique où les voyageurs peuvent sélectionner des escapades en train parmi les thématiques proposées.

Trains de luxe

Par ailleurs, quelques entreprises misent sur un produit ferroviaire de luxe. Le groupe Orient-Express, par exemple, exploite des trains touristiques très haut de gamme en offrant un service hors pair. Les trains Venice Simplon-Orient-Express (Europe), Eastern & Oriental Express (Bangkok-Singapour), Northern Belle et Hiram Bingham (Pérou) font partie de ce créneau. Le segment Venice Simplon-Orient-Express est membre honorifique des Relais & Châteaux depuis 1968. À titre indicatif, la tarification d’un forfait de 9 jours/8 nuits sur le Northern Belle, en occupation double, coûte 5425 euros par personne. 

La compagnie Royal Scotsman gère un train du même nom en Écosse. Considéré par plusieurs comme le plus luxueux du monde (photo), il offre un service attentionné grâce à un ratio d’un employé pour deux passagers et le nombre de voyageurs se limite à 36 par circuit afin de maximiser l’espace disponible et de privilégier l’intimité.

Rovos Rail, Palace On Wheels, Rocky Mountaineer et le Trans-Siberian Express figurent parmi les autres transporteurs qui proposent des produits de luxe en train. La réponse du marché semble bonne puisque plusieurs projets d’expansion sont à l’agenda des entreprises qui oeuvrent dans ce créneau.

Petits trains touristiques

Les petits trains touristiques s’inscrivent plus comme un attrait que comme un mode de déplacement. Par exemple, le train à vapeur Hull-Chelsea-Wakefield propose une excursion d’une demi-journée dans l’Outaouais visant à faire revivre une époque révolue. Les Trains touristiques de Chaudière-Appalaches et le Train touristique du Haut-Saint-François offrent également ce type de produit.

Plus près de Montréal, l’Agence métropolitaine de transport prend également un virage touristique. L’organisme a publié un dépliant dédié à la promotion d’escapades thématiques en train dans la grande région métropolitaine. Ces excursions d’une journée comprennent des volets de découvertes (visites de vignobles, de fermes, de sites historiques, de centres d’interprétation, etc.) et des sorties à caractère plus ludique (parc aquatique, rallye, croisière, canot, etc.). 

En France, de 3 à 4 millions de touristes empruntent les petits trains qui sillonnent le pays. Le train jaune s’avère le plus populaire alors qu’il accueille à lui seul plus de 500 000 visiteurs. C’est le caractère hautement pittoresque du trajet parcouru à une vitesse de croisière de 30 km/h, sur une liaison ferroviaire aux allures de montagne russe, qui le rend si populaire. Comme ces petits trains français offrent des trajets trop limités, on les jumelle habituellement avec des circuits d’autocaristes ou de tours-opérateurs spécialisés.

Le train touristique convient parfaitement aux familles, même avec de très jeunes enfants. Les adeptes de l’histoire et de la mécanique ainsi que les nostalgiques d’une certaine époque peuvent également s’intéresser à ce type d’expérience. Ce produit s’adapte évidemment très bien aux groupes ainsi qu’aux réunions d’affaires. 

En Ontario, une initiative originale

Certaines destinations vont encore plus loin dans l’intégration du train comme composante touristique. Cochrane, petite municipalité située dans le nord-est de l’Ontario, à 700 kilomètres de Toronto, jouit d’une excellente réputation auprès des marchés du sud de la province et auprès de plusieurs Américains comme destination de motoneige. Afin de faciliter l’accès aux motoneigistes et d’intéresser d’importants marchés éloignés tels que le Michigan, la destination a mis sur pied le service «Tracks to Trails – Snowmobile Excursions» adapté au transport des motoneiges en train (photo).

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L’initiative s’est avérée un succès: une importante proportion des motoneigistes utilisent leur automobile jusqu’à la région de Sault-Sainte-Marie et montent ensuite à bord d’un train (Algoma Central Railway) pour atteindre la région de Cochrane. Cette formule a fait l’objet d’une dynamique campagne de promotion et a rapporté d’intéressants résultats. La quasi-totalité de la clientèle qui utilise ce service appartient à la catégorie des motoneigistes expérimentés.  

Quelques perspectives

Bien qu’il n’occupe plus l’avant-scène en Amérique du Nord, le train ne ralentit certainement pas ailleurs dans le monde. Les projets visant l’amélioration des réseaux ferroviaires se multiplient et comprennent souvent d’imposants ponts et tunnels dans le but de faciliter les déplacements internationaux des voyageurs en reliant certains pays entre eux. Voici quelques exemples:

  • Un tunnel de 40 kilomètres connectera l’Espagne au Maroc (2008).
  • Un pont ou tunnel sera construit entre l’Allemagne et le Danemark (2015).
  • Un tunnel de 53 kilomètres reliera Lyon et Turin.
  • Un tunnel de 136 kilomètres permettra de passer de la Tunisie à la Sicile.
  • Un tunnel de 120 kilomètres reliera le Japon à la Corée du Sud.
  • Un passage de 125 kilomètres rejoindra Taiwan à partir de la Chine.

Par ailleurs, les préoccupations liées à l’environnement constituent un autre facteur qui contribuera à accroître la popularité de ce mode de transport. La majorité des trains, lorsque comparés sur une base équivalente, s’avèrent beaucoup moins dommageables pour l’environnement en termes d’émission de dioxyde de carbone que l’automobile et l’avion. Calculé en kilomètres par passager, le taux de pollution du train équivaut à 27% de celui des vols court-courriers, à 45% de celui des autos et à 64% de celui des autobus. 

En outre, d’importantes percées dans l’ingénierie améliorent sans cesse l’efficacité du transport ferroviaire. Les autorités chinoises ont mis à profit la nouvelle technologie MAGLEV qui consiste à utiliser la lévitation magnétique. Une première mondiale, le Maglev Transrapid (photo), inauguré le 31 décembre 2004, relie le centre-ville de Shanghai à l’aéroport international. Ce train, dont la vitesse de pointe atteint 430 km/h, parcourt une trentaine de kilomètres en 7 minutes et 20 secondes. Le coût de cette innovation: 1,2 milliard $US. Les Pays-Bas, l’Allemagne, le Royaume-Uni (avec un train qui atteindra 500 km/h) et les États-Unis étudient la faisabilité de projets similaires. Avec de telles avancées, on doit se demander si le train ne représentera pas un concurrent sérieux à l’avion.

Peut-on se permettre de rêver à un train Maglev pour Dorval (ou Mirabel) un jour?

Voir aussi

Forfaits Via
Escapades en train de l’AMT
Train à vapeur Hull-Chelsea-Wakefield
Trains touristiques de Chaudière-Appalaches inc.
Algoma Central Railway

Sources :
– China Daily/The Guardian. «Shanghai Maglev Train May Fly on London Line», Chinadaily.com.cn [www.chinadaily.com.cn], 6 juillet 2005.
– De Gueldere, Alexis. «Le Québec par d’autres voies – Au rythme du rail», Au Québec, 2005.
– Noyer, Olivier. «Les petits trains qui visitent la France», L’Écho Touristique, 22 avril 2005.
– Paquet, Stéphane «Le p’tit train des Alpes», La Presse, 11 juin 2005.
– Mintel. «Worldwide Rail Tourism – International», Travel & Tourism Analyst, no. 2, février 2005.

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