Retour

Retour
Analyses - 25 juillet 2005

Filtres

Filtres

Type de contenu

Tous les types

Thématique

Toutes les thématiq...

Analyste

Tous les analystes

Chronologie

juillet 2005

Recherche

L
Imprimer Enjeux, Marketing,

Haro sur les titres alarmistes et sensationnalistes

Les médias se régalent: le prix de l’essence, les attentats de Londres, un sondage sur les intentions de vacances des Canadiens. Ils s’en donnent à coeur joie avec des titres percutants. Est-ce l’inertie de l’industrie touristique ou la recherche de sensationnalisme par les médias qui provoquent de tels libellés?

«Prix de l’essence et vacances: un faux débat»

«L’essence pourrait freiner les vacanciers» titre La Voix de l’Est du 23 juin. «La hausse du prix de l’essence risque de nuire à l’industrie touristique» renchérit Radio-Canada le 13 juillet. Du côté de la Canadian Travel Press, on laisse planer une incertitude en utilisant le conditionnel «Le prix de l’essence n’affecterait pas trop les projets de voyages en voiture».

Le 22 juin, sur le site Internet de Radio-Canada, la ministre Gauthier se fait rassurante dans l’article intitulé «La flambée des prix de l’essence aura-t-elle un impact sur la saison touristique?» en précisant que la hausse n’était pas très significative dans un budget de voyage (20$ pour un voyage de 2000 km). Mais il semble que son message n’ait pas eu l’effet escompté puisque les titres à sensation se sont poursuivis.

Ce ne sont ni des gens de l’industrie ni un journaliste qui ont remis les pendules à l’heure, mais bien un citoyen de Joliette qui a écrit dans la Cyberpresse du 28 juin que le prix de l’essence et les vacances constituaient un faux débat.

On y va d’un titre alarmiste et… on rectifie le tir à la fin de l’article

Dès le lendemain de la première attaque terroriste du 7 juillet dans le métro de Londres, nous pouvions lire dans La Presse: «L’industrie du tourisme craint le pire – Les transporteurs et les hôteliers affectés par les attentats».

Au début de l’article, on fait le lien avec le 11 septembre alléguant que l’industrie touristique mondiale (rien de moins) craint le pire. On y souligne aussi que les investisseurs ont eu un mouvement de panique à la Bourse faisant chuter le cours de l’action de grandes entreprises aériennes et hôtelières. Suivent quelques prévisions alarmistes de certains analystes.

Après ce sombre portrait, le titre ne tient plus la route, car on nous apprend, plus loin, que la majorité des analystes s’entendent pour dire que ces attentats ne produiront pas l’impact dévastateur du 11 septembre. On y souligne même que ceux de Madrid en 2004 ont eu des répercussions minimales sur l’industrie du voyage et que l’Espagne a affiché une hausse de touristes cette même année. Et Francesco Frangialli, secrétaire de l’Organisation mondiale du tourisme, de renchérir que «l’expérience passée montre que les attaques terroristes dans une grande ville qui ne sont pas directement liées au tourisme sont sans conséquence directe pour le secteur du tourisme» et que «les voyageurs ont depuis un certain temps intégré la menace terroriste».

Il est aussi important de préciser que la baisse des titres boursiers fut de très courte durée, que la panique des investisseurs n’entraîne pas forcément la même réaction chez les touristes et que ce sont les touristes qui voyagent.

Dès le lendemain du 7 juillet, le World Travel & Tourism Council Crisis Committee se faisait rassurant et estimait que l’impact sera limité. Quelques jours plus tard, on pouvait lire qu’il n’y avait pas eu de vagues d’annulation à destination du Royaume-Uni.  

Et que dire de…

Un article de la Canadian Travel Press portant sur une étude de la Banque Scotia titrait «Les Canadiens voyagent à crédit», lesquels (titre et article) ont été repris un peu partout. Il est mentionné que «plus de la moitié (58%) utiliseront leurs cartes de crédit pour payer ces vacances.» On y indique par ailleurs que «les chèques de voyage sont le mode de paiement le moins populaire (6%).»

Mais il existe une différence notable entre voyager à crédit et utiliser sa carte de crédit en vacances comme mode de paiement, d’autant plus que les gens qui veulent faire des réservations par Internet ou par téléphone doivent obligatoirement l’utiliser.

Que dire aussi d’«Un nouveau centre de foires… pour quoi faire?» du journal Le Devoir qui a soulevé l’ire de l’industrie touristique montréalaise. Cet article rapporte le point de vue d’un seul interlocuteur qui n’avait pas intérêt à donner son aval au projet et cite une étude qui suscite la controverse.

On ne communique jamais assez

Toronto a goûté à cette médecine lors du SRAS. Dans une conférence, tenue à Montréal en février 2004, Bruce MacMillan, président-directeur général, de la Toronto Convention & Visitors Association, citait certaines leçons qu’il avait retenues lors de la crise du SRAS dont, entre autres: les médias ont amplifié la crise en présentant la situation pire qu’elle ne l’était (70% des gens ont eu cette impression) et on ne communique jamais assez.

Les thèmes récurrents, comme le prix de l’essence, le taux de change du dollar canadien, les aléas de la météo, les sondages sur les intentions de vacances, les attentats terroristes (on s’en passerait, mais ils font désormais partie de la réalité) suscitent l’intérêt des journalistes. C’est donc à l’industrie qu’il incombe d’être proactive et de diffuser l’information auprès des médias sur les impacts prévisibles ou avérés de ces phénomènes qui font partie du paysage touristique depuis belle lurette.

Il faut se préparer, l’hiver s’en vient et les vents contraires aussi!

Sources:
– Bergeron, Maxime. «L’industrie du tourisme craint le pire», La Presse, 8 juillet 2005.
– Canadian Travel Press. «Les Canadiens voyagent à crédit», Commission canadienne du tourisme, 21 juillet 2005.
– Canadian Travel Press. «Le prix de l’essence n’affecterait pas trop les projets de voyages en voiture», Tourisme au quotidien, Commission canadienne du tourisme, 8 juillet 2005.
– DeGranpré, Hugo. «L’essence pourrait freiner les vacanciers», La Voie de l’Est, 23 juin 2005.
– Lavoie, Gilbert. «Prix de l’essence et vacances: un faux débat», Cyberpresse, 28 juin 2005.
– Radio-Canada. «La hausse du prix de l’essence risque de nuire à l’industrie touristique», 13 juillet 2005.
– Radio-Canada. «La flambée des prix de l’essence aura-t-elle un impact sur la saison touristique?», 22 juin 2005.
– Turcotte, Claude. «Un nouveau centre de foires… pour quoi faire?», Le Devoir, 5 juillet 2005, p. B1.
– World Travel & Tourism Council. «World Travel & Tourism Council Issues Estimate of London Bombing Impact», Londres, 8 juillet 2005, [www.wttc.org].

Consultez notre Netiquette