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Analyses - 4 décembre 2005

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Grippe aviaire: pandémie d’influenza… ou de rumeurs alarmistes?

Depuis plusieurs mois, l’Asie du Sud-Est, la Russie, la Chine et maintenant l’Europe sont confrontées à une épidémie de grippe aviaire. Les médias claironnent à qui veut l’entendre que la pandémie de grippe aviaire est inévitable. Aussi, les différents gouvernements se veulent rassurants et affirment haut et fort qu’ils sont prêts; voyons comment.

Nous sommes prêts!

À la grandeur de la planète, les gouvernements se veulent rassurants. Conscients des dégâts causés par le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2002-2003, ils stockent des antiviraux en quantité industrielle. Chaque pays rédige sa politique et son plan de crise (quelques exemples ci-dessous), principalement axés sur le plan sanitaire. Certains mettent en place ou renforcent les moyens de détection, d’autres pratiquent des exercices de simulation de crise, tandis que d’autres encore constituent des cellules de veille.

En France, où l’on semble prendre la chose très au sérieux, l’on a créé une cellule de crise interministérielle. Celle-ci a les yeux rivés sur l’Asie et surveille les lieux de passage et de repos des oiseaux migrateurs. Elle réfléchit également à de nombreux scénarios catastrophes.

Du côté du ministère délégué au Tourisme, le site Web permet aux visiteurs de s’informer sur les dangers de la grippe aviaire grâce à un lien Internet dirigé vers le site du ministère de la Santé. Fin octobre, l’ensemble des voyagistes français ont été conviés par les ministères de la Santé et du Tourisme pour examiner la mise en place de précautions supplémentaires à prendre concernant la grippe aviaire.

Au Québec, selon Patrice Guyard, coordonnateur en sécurité civile au ministère de la Santé du Québec, un plan d’urgence est actuellement en rédaction. Suivront les plans régionaux et locaux. Des centres de quarantaine sont déjà identifiés – ou le seront prochainement – pour réduire les risques de propagation du virus.

Tourisme: la résistance s’installe aussi

L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) met en garde contre une répétition du scénario du SRAS et prévient que tout alarmisme inutile est susceptible de causer des dégâts irréparables aux économies régionales. Par ailleurs, elle a tenu une table ronde sur la gestion de crise, incluant les scénarios d’action en ce qui concerne la grippe aviaire, lors de la dernière session de son Assemblée générale des membres à Dakar, au Sénégal. À la suite de cette rencontre, les participants ont convenu de mettre sur pied un groupe de travail pour analyser les actions à prendre.

Quant aux compagnies aériennes, elles sont sur le pied de guerre et envisagent des mesures de protection, tout en se défendant bien de céder à la panique. L’Association internationale du transport aérien (AITA), qui regroupe 265 compagnies représentant 94% du trafic mondial, surveille l’évolution, tout en élaborant un guide des pratiques à adopter en cas de crise.

Dans les aéroports français, des brochures sont distribuées aux passagers en provenance ou à destination des pays comme le Cambodge, le Vietnam ou la Thaïlande. Par ailleurs, Thai Airways a annoncé la mise en place de filtres destinés à empêcher la circulation du virus en cabine, tandis que British Airways prévoit fournir des équipements de protection (masques, lunettes) à bord des avions.

Certains grands aéroports se préparent à installer des zones de quarantaine pour les passagers contaminés et ont donné aux équipages des consignes pour évacuer les passagers malades. Et si d’aucuns mènent des réflexions internes, d’autres s’en remettent aux plans de protection nationaux.

Une bonne leçon?

Au Canada et au Québec, la question se pose: qu’avons-nous appris de l’expérience du SRAS à Toronto? Travaille-t-on déjà sur un plan de communication? Une cellule de crise est-elle déjà formée? (Lire aussi: La gestion du tourisme en temps de crise: Toronto, un an après le SRAS. Quelles leçons retenir?

Services Québec (organisme qui a pour mission d’offrir aux citoyens et aux entreprises du Québec un guichet unique multiservices afin de leur permettre un accès simplifié aux services publics) met à la disposition des citoyens des lignes téléphoniques sans frais qui diffusent l’information nécessaire. Ils travaillent également aux relations de presse, sur la base des renseignements en provenance:

  • de Santé Canada puisque le problème est plutôt d’ordre vétérinaire;
  • et de l’Organisation de la sécurité civile au Québec – qui réunit les coordonnateurs en sécurité civile de chaque ministère et organisme gouvernementaux concernés (présence d’un Centre national de veille de la sécurité publique, qui effectue une surveillance en continu des menaces générales possibles).

Quand le besoin s’en fera sentir (aucune situation d’urgence actuellement), Services Québec alertera le public et ses partenaires par voie de communiqués de presse ou par l’entremise de son site Internet.

La Commission canadienne de tourisme (CCT), se joindra au groupe de travail formé par l’Organisation mondiale du tourisme.

Du côté de l’Association de l’industrie touristique du Canada (AITC), on espère qu’un plan stratégique sera formulé pour la fin de janvier 2006. Mais, d’ores et déjà, Margot Booth (directrice, Communications et Relations publiques) soulève que, comme inscrit dans le plan d’activités 2005-2008, l’AITC surveille la possibilité d’une pandémie de la grippe, parmi d’autres enjeux reliés à la santé publique, et travaille de concert avec le gouvernement afin de s’assurer que tant les Canadiens que les visiteurs internationaux reçoivent de l’information opportune et précise.

Chez Tourisme Québec (TQ), on prépare une stratégie de communication, bien que l’on s’en remette essentiellement à Services Québec.

Chez Tourisme Montréal, par contre, l’on a mis en place un mécanisme de gestion de crise. Celui-ci se base sur les procédures implantées lors des attentats terroristes du 11 septembre et de la crise du SRAS. Un plan de communication a été rédigé à l’interne et celui-ci est prêt à être envoyé aux membres, en cas de nécessité.

Beaucoup de bruit pour rien

En Europe de l’Est, à la suite de la récente découverte de quelques oiseaux infectés, l’industrie du tourisme a rapidement constaté une baisse catastrophique de son achalandage. En Roumanie, à Snagov, la réserve ornithologique a immédiatement été désertée. Faute de réservations, hôtels et restaurants ferment les uns après les autres et l’attitude alarmiste du gouvernement n’arrange rien.

Il ne reste qu’à espérer que les journalistes sauront rester lucides et pragmatiques face à la situation et ne se laisseront pas emporter par la course aux cotes d’écoute et aux ventes d’imprimés (lire aussi: Haro sur les titres alarmistes et sensationnalistes).

Notons que l’Observatoire français des médias (OFM) a lancé un nouveau groupe de travail qui se donne pour objectif d’étudier la médiatisation, en France, d’une éventuelle pandémie de grippe aviaire. Ce groupe virtuel de travail tente de comprendre comment et pourquoi une information locale trouve un écho mondial.

Voir aussi
Plan canadien de lutte contre la pandémie d’influenza
Trust for America’s Health
Australian Management Plan for Pandemic Influenza
UK Influenza Pandemic Contingency Plan
Pour consulter l’étude de BMO Nesbitt Burns
Sources:- Benoît, Daphné. «Le transport aérien sur ses gardes face à la menace de grippe aviaire», Agence France Presse, 14 octobre 2005.
– François, Normand. «La grippe aviaire pourrait coûter 18 G$ à l’économie canadienne», Les Affaires, 22 octobre 2005, p. 11.
– Hotel News Resource. «Avian Flu: Over-Reaction Could Damage Tourism Industry Says WTO», 19 octobre 2005.
– TageBlatt. «Grippe aviaire: l’industrie du tourisme asiatique mieux préparée», 27 octobre 2005.
– TageBlatt. «Risque de pandémie de grippe: le monde du tourisme se prépare», 31 octobre 2005.

Pour consulter l’étude de BMO Nesbitt Burns.

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