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Compte-rendu de conférence - 2 mars 2006

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mars 2006

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Redonner le canal aux riverains et aux touristes: les cas de Lachine et de Willebroeck

À Lachine (arrondissement montréalais) comme à Bruxelles (capitale de la Belgique), une voie navigable a fait jadis les beaux jours du commerce. Abandonnées, inexploitées, délabrées et polluées, toutes deux tentent un imposant programme de revitalisation et de réaménagement. Voyez comment certains décideurs ont entrepris de jouer la carte récréotouristique, dans des projets de développement durable, à vocation tant sociale que résidentielle.

Le 1er mars dernier, lors de la conférence FORUM URBA 2015, tenue à l’UQAM, le Réseau de veille en Tourisme assistait à une présentation sur la «revitalisation du canal de Lachine et ses effets d’entraînement sur Montréal et la région métropolitaine».

Ouvert en 1825, le canal de Lachine, long de 14 km et parsemé d’écluses, traverse quatre arrondissements montréalais (Verdun, Sud-Ouest, Lachine et LaSalle) sur une dénivellation de 14 mètres.

Le canal connut une intense activité jusqu’en 1959 et fut le berceau de nombreuses industries qui, après cette date, fermèrent leurs portes les unes après les autres, transformant le canal en une zone délabrée et plutôt insalubre.

Ce n’est que dans les années 1970 que certains élus municipaux y ont vu le potentiel récréotouristique non négligeable et qu’ils ont décidé d’entreprendre sa revitalisation. Et il fallut attendre deux décennies, soit jusqu’en 1996, pour que le lancement du projet intermunicipal de développement nautique, connu sous le vo­cable du «Grand Montréal Bleu», voie le jour.

Depuis 2002, après un travail colossal de réaménagement des berges et des quais, d’assainissement des eaux, de réfection des écluses, etc., le canal est rouvert à la navigation. De nombreux randonneurs, cyclistes et amateurs de patins à roulettes parcourent désormais la piste cyclable qui longe ses berges.

Les Croisières canal de Lachine proposent, au départ du quai du marché Atwater et sur un parcours de près de 2 heures, une visite nautique guidée à la découverte des berges, des écluses, des bâtiments et des industries d’hier et d’aujourd’hui.

En 2005, le canal de Lachine fêtait son 180e anniversaire. À cette occasion, diverses manifestations culturelles s’y sont déroulées.

Grande similitude avec le canal de Willebroek

Cette conférence a attiré notre attention sur une réalisation fort semblable: celle du canal de Willebroeck, en Belgique. À bien des égards, le canal de Willebroek ressemble à celui de Lachine. C’est une voie navigable qui relie la capitale au port d’Anvers. Construit dans les années 1550 et en opération jusqu’en 1907, il servait à faciliter le commerce par voie terrestre, ce qui contribua largement à l’essor économique de la région.

Long de 28 kilomètres, ce canal est doté de quatre écluses avec une dénivellation identique à celle du canal de Lachine. Il débouche, outre dans le port de Bruxelles, sur de nombreux bassins destinés au déchargement de marchandises.

Cette voie navigable était bordée d’industries qui utilisaient l’eau comme matière première ou force motrice, comme des blanchisseries, des brasseries, des filatures de coton, des moulins à eau, etc.

Après avoir connu des hauts et des bas, la pollution industrielle, après avoir été recouvert à certains endroits pour faire place à de grands boulevards, la Ville de Bruxelles a décidé, dans un grand vent de revitalisation écologique, de faire revivre ses plans d’eaux. C’est ainsi qu’est né le projet du «maillage bleu».

Pour redonner vie aux berges et s’appuyant sur les Plans particuliers d’affectation du sol (PPAS), le conseil communal de Bruxelles-Ville a travaillé au développement et à l’aménagement de certaines zones portuaires. À de nombreux endroits, la ville a tenté, dès lors, de se réapproprier des terrains en friche pour l’aménagement d’ensembles mixtes: bureaux, logements résidentiels et sociaux, restaurants, espaces verts, etc., le tout relié par le réseau de transports en commun.

Si bien qu’aujourd’hui, en plein centre-ville, le canal dégage une atmosphère touristique spectaculaire. Ce nouvel attrait a séduit des commerces branchés qui s’y sont implantés rapidement (designers de mode, antiquaires, etc.). Et l’on ne compte plus les nombreuses activités, comme des ballades en bateau, la découverte de galeries d’art, l’éclosion de petits marchés typiques (marchés aux fleurs, aux poissons, aux puces, bouquinistes, etc.), qui ont fleuri le long de l’eau.

La Fonderie (Centre d’histoire économique et sociale de la Région bruxelloise) y organise des parcours touristiques, à pied ou en bateau, permettant la découverte des écluses, des ponts levants, de différents quais (dont certains sont toujours en activité), ainsi que du patrimoine architectural et industriel encore présent de nos jours. Y sont aussi proposées des croisières spécialisées, dont une pour les enfants de 6 à 12 ans, intitulée Les moussaillons lèvent l’ancre, qui raconte l’histoire du port et du canal en dessins et en photos.

Aussi, plusieurs appontements sur le canal permettent la pratique de sports nautiques. Le canal est également le lieu de régates en kayak.

Côté architectural, la rénovation de certains quartiers fort délabrés bordant les berges est encore à venir, mais, d’ores et déjà, la réfection des bâtiments va bon train, certains immeubles servant de modèles. Les projets immobiliers y poussent comme des champignons, que ce soit pour faire place à des logements sociaux ou à des édifices de luxe.

Importance du développement riverain au Québec

Le développement riverain est un sujetde préoccupations au Québec. À preuve, le 21 février dernier à Valleyfield, le tourisme nautique était au centre d’un important forum organisé par la Régie intermunicipale du canal Soulanges. Plus de 200 représentants d’organismes associés au tourisme nautique s’y sont réunis pour discuter d’une quinzaine de projets de développement riverains qui représenteraient des investissements de centaines de millions de dollars pour le Québec, dont ceux touchant le vieux canal de Beauharnois, le canal Soulanges, mais aussi le canal Galop de Cornwall, le Réseau bleu de Montréal, le développement Lakes to Locks Passage de l’État de New York, la Société du Havre, le port de plaisance de Lachine, le Vieux-Port de Montréal, le Yacht Club de Montréal et le projet portuaire de Sorel-Tracy.

Le tourisme nautique à Montréal

Le tourisme nautique, à Montréal comme partout ailleurs, s’insère globalement au sein de l’industrie récréotouristique. En effet, bien que les plaisanciers se déplacent selon un mode de transport spécifique, ils n’en demeurent pas moins intéressés par les attraits géographiques, historiques, culturels, gastronomiques, offerts tout au long des régions parcourues.

Cependant, quand on étudie la capacité de l’offre et de la demande en matière de clientèle nautique que l’on pourrait potentiellement attirer, il ne faut pas faire l’erreur, commise trop régulièrement, d’inclure une clientèle potentielle trop large.

En effet, en conférence, Paul-Émile Cadorette (Parcs Canada) affirmait que, selon certaines études et contre toutes attentes, la majorité des touristes nautiques de plaisance n’ont guère tendance à s’éloigner de leur marina de plus de 5 kilomètres! C’est un pensez-y bien!

Si le sujet vous intéresse, voir aussi:

Montréal, futur havre de plaisance pour les touristes, travailleurs et riverains
Tourisme nautique: la carte cachée des régions

Voir aussi

Le Port de Bruxelles
Le Canal de Lachine

Sources:

– Conférence FORUM URBA 2015. «La revitalisation du Canal Lachine et ses effets d’entraînement sur Montréal et la région métropolitaine», UQAM, 1er mars 2006.
– Lévesque, Solange. «La nouvelle vie du canal de Lachine», Le Devoir, 12 août 2005.
– Lhuillier, Vanessa. «Bruxelles l’industrielle se révèle au fil de l’eau», Le Soir, 20 août 2005.
– Pitre, Mario. «Le canal Soulanges, un élément-clé du développement riverain au Québec», Le Soleil de Valleyfield, 25 février 2006.
– Voogt, Fabrice. «Le Willebroeck poursuit sa mue», Le Soir, 23 novembre 2005.

  • dd

    Bonjour,
    Le sujet m’intéresse beaucoup mais je dois dire que votre analyse de Bruxelles est très optimiste et loin de la vérité.

    A croire que tout est mis en oeuvre pour empêcher la ville de se développer autour de son canal… Dommage, Bruxelles aurait tout à gagner en allant dans cette direction.

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