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Analyses - 11 janvier 2007

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janvier 2007

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Si le climat vous intéresse!

Un peu comme un échantillon que l’on reçoit par la poste, le Québec a eu l’occasion d’expérimenter le produit très médiatisé «facteurs climatiques». Comble de malchance, l’essai s’est effectué durant la période des Fêtes, moment faste pour la pratique des sports d’hiver. Pas de panique à bord, ce n’est qu’un échantillon! Les experts le confirment: les conditions météo qui ont prévalu jusqu’au début de janvier ne sont pas la nouvelle norme, mais plutôt un avant-goût de ce qui nous attend dans quelques décennies. Même si la neige s’est enfin décidée à tomber, cette expérience nous force à réfléchir sérieusement.

Action – réaction!

Pour garder l’intérêt des skieurs au moment où la neige se faisait rare, la station de ski américaine Jay Peak a lancé une offensive promotionnelle invitant les adeptes à consulter le site Jay2pour1.com. Les prochains centimètres de neige tombés détermineront le rabais auquel les skieurs inscrits auront droit sur les remontées mécaniques, l’hébergement, le Passeport Jay Peak, etc.

Tourisme Outaouais a modifié sa campagne publicitaire «Et si on partait en Outaouais» en y ajoutant «Avec ou sans neige».

Certitudes et incertitudes

Il faut tout de même habiter une autre planète pour ne pas être au courant du branle-bas autour des changements climatiques et de leurs conséquences. Oui, mais… on en parlait pour dans 30, 40 ou 50 ans!

Une certitude: l’ordre mondial climatique est bouleversé. Une autre certitude: les météorologues soulignent que les conditions connues jusqu’au début de janvier ne seront pas la norme à court terme et qu’il y aura encore des hivers au Québec.

Le bouleversement du climat entraînera principalement l’augmentation des températures, la hausse du niveau des océans et la fréquence accrue des dérèglements climatiques (inondation, sécheresse, ouragan, pluie diluvienne, canicule, etc.).

Après le terrorisme, un autre impondérable avec lequel il faudra composer maintenant: le climat. Mais il est encore difficile de prévoir où, quand et comment il frappera, de même que l’ampleur de ses effets. Pour l’instant, le ski et le golf ne font pas encore bon ménage en décembre.

Le ski et le golf au Québec sous la loupe des chercheurs

Au Québec, le consortium Ouranos a pour mission de surveiller les changements climatiques et leurs impacts afin d’informer et de conseiller les décideurs sur l’évolution du climat et d’élaborer des stratégies d’adaptation locales et régionales. Ce groupe a déjà réalisé une imposante étude pour l’industrie touristique: «Impacts et adaptations aux changements climatiques pour les activités de ski et de golf et l’industrie touristique: le cas du Québec».

Des hivers plus doux et des saisons de ski plus courtes s’annoncent. On souligne, entre autres, l’enjeu crucial que constitue la capacité d’investir dans la fabrication de la neige pour les stations de ski au cours des prochaines années. Effet contraire pour le golf, alors que les saisons s’allongeront. Toutefois, des journées très chaudes et une hausse des précipitations perturberont la pratique.

Le tourisme, à la fois coupable et victime

Même si l’industrie touristique subit les frasques de la météo, il faut aussi souligner qu’elle est pointée du doigt dans les dérèglements de dame Nature, le transport étant le principal secteur au banc des accusés. (Lire aussi: Vers un bilan «carbone neutre» – Le voyage prend le virage écologique.)

Si le virage du développement durable n’est pas amorcé par l’industrie touristique, les facteurs climatiques pourraient l’imposer et peut-être de façon peu élégante. Des actions à court, moyen et long terme s’imposent.

1- Comprendre le phénomène et enrayer les facteurs qui perturbent le climat

À l’échelle mondiale, l’Organisation mondiale du tourisme tape sur ce clou depuis quelques années. De sa première «Conférence internationale sur le changement climatique et le tourisme» en Tunisie en avril 2003 est issue La Déclaration de Djerba sur le tourisme et le changement climatique. Cette déclaration devrait constituer les premières pistes d’actions (adhésion au Protocole de Kyoto, études des effets réciproques du tourisme et du changement climatique, application de mesures d’adaptation et d’atténuation pour contrecarrer les effets négatifs, etc.).

Bien qu’il soit difficile de renverser la vapeur, adopter un comportement responsable devient le mot d’ordre pour, à tout le moins, ne pas aggraver la situation.

  • Utiliser des moyens de transport moins polluants et énergivores.
  • Évaluer les retombées de toutes nouvelles infrastructures sur l’environnement.
  • Sensibiliser les touristes à adopter un comportement responsable.
  • Promouvoir les entreprises qui agissent de façon responsable.
  • Encourager le développement de produits respectant les prémisses du développement durable.

2- Saisir les impacts sur l’industrie touristique

Même si les études qui traitent des impacts du climat sur le tourisme ne sont pas légion, certaines perturbations sont à prévoir.

  • Transformation radicale de la nature selon les endroits (absence de neige, érosion des berges, assèchement de plans d’eau, détérioration de la végétation, etc.).
  • Perturbation des activités extérieures.
  • Modification du rythme saisonnier des voyages – les grandes chaleurs estivales déplaceront l’exercice de certaines activités vers le printemps et l’automne (visite de centres urbains, golf, etc.).
  • Changement des flux touristiques – le jeu de la concurrence entre les destinations sera modifié et le déplacement de la demande s’effectuera du Sud vers le Nord. Les chaleurs estivales pourraient faire fuir les touristes des grands centres urbains situés plus au sud. Le temps doux hivernal, compromettant les conditions d’enneigement pour certaines stations de ski, pourrait donner un nouvel essor à d’autres stations bénéficiant de meilleures conditions et ce, malgré une saison hivernale écourtée. En hiver, les destinations du Sud pourraient présenter moins d’attrait en raison des risques de maladies tropicales accrus, de la chaleur accablante, de l’érosion des rives et de la pression sur les ressources naturelles et les écosystèmes.

3- Envisager des mesures alternatives et des activités de remplacement

Si un horizon de vingt ou trente ans peut paraître loin, envisager des solutions de rechange impliquera sûrement des changements majeurs et des investissements financiers importants. Dans cette optique, c’est maintenant qu’il faut y réfléchir.

  • Opter pour des activités de remplacement – ex. quad (véhicule tout-terrain) en remplacement de la motoneige.
  • Diversifier les activités – ex. vélo de montagne quand les conditions ne se prêtent pas au ski alpin.
  • Construire des installations artificielles – ex. patinoire intérieure; domaine skiable intérieur (skidôme).
  • Développer de nouveaux produits – ex. mountainboarding.
  • Modifier le produit – ex. plongée d’exploration d’épaves plutôt que d’observation des coraux.
  • Se tourner vers un autre marché – ex. randonneurs plutôt que skieurs; pour une destination soleil, voyage de noces plutôt que plongeurs.
  • Adopter une nouvelle stratégie promotionnelle – ex. mettre en valeur l’offre des intersaisons (printemps et automne); créer des événements dans les saisons intermédiaires.

Ce qui pourrait aussi arriver

L’effet météo sur les touristes ne date pas d’hier. Il conditionne les déplacements et, immanquablement, un été pluvieux au Québec exerce un effet désastreux sur les retombées touristiques. Quelles conséquences dame Nature pourrait-elle avoir sur le touriste?

  • Décisions de dernière minute – elles pourraient être accentuées par ce phénomène.
  • Coûts supplémentaires – facteur polluant, le transport pourrait écoper de surtaxes et entraîner une hausse significative des coûts de déplacement.
  • Diminution des déplacements – dans le but de minimiser les impacts négatifs liés aux transports, les gens se déplaceraient moins souvent, mais peut-être pour plus longtemps. Les voyageurs d’affaires pourraient rationaliser leurs déplacements et se tourner résolument vers des solutions de rechange comme la vidéoconférence et d’autres moyens de télécommunication.

Voici, en complément d’information, certains textes qui ont été publiés par le Réseau de veille en tourisme sur le sujet :

Sources:
– Consortium Ouranos. «Impacts et adaptations aux changements climatiques pour les activités de ski et de golf et l’industrie touristique: le cas du Québec», mai 2006, [www.ouranos.ca/doc/produit_f.html].
– Journal of Sustainable Tourism. «Special Issue – Tourism and its Interactions with Climate Change», vol. 14, no 4, 2006.
– Organisation mondiale du tourisme. «Changement climatique et tourisme», Actes de la 1re Conférence internationale sur le changement climatique et le tourisme, Djerba, Tunisie, 9-11 avril 2003.
– Yeoman, Ian et Una MacMahon-Beattie. «Understanding the Impact of Climate Change on Scottish Tourism», Journal of Vacation Marketing, vol. 12, no 4, 2006, p. 371-379.

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