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Analyses - 17 mai 2007

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mai 2007

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L’industrie hôtelière au Québec: où en est-on?

Le ministère du Tourisme s’est penché sur la question et a publié une étude sur la performance du secteur de l’hébergement. Cette étude dresse un topo de l’évolution de la situation de l’hébergement au Québec. Elle nous donne des pistes, nous aiguille. Elle soulève des réflexions, des questions et, à l’occasion, le besoin d’un deuxième «round», c’est-à-dire de pousser plus à fond les recherches. Une étude à consulter!

Nous n’avons pas voulu reprendre les faits saillants de l’étude (La performance du secteur de l’hébergement au Québec), préférant souligner des points qui nous apparaissaient importants, tenter de faire des liens et poser des questions.

Performance générale du Québec

De 1999 à 2006, l’offre d’hébergement au Québec a crû plus rapidement que la demande (10% contre 8,6%), ce qui a eu pour conséquence de faire fléchir le taux d’occupation. Après une année atypique en 2002, le taux d’occupation a repris lentement son ascension depuis 2004. L’hébergement de petite taille (4 à 39 unités) a subi le plus fort écart de variation alors que les unités disponibles augmentaient de 3,6% et que les unités occupées diminuaient de 2,7%.

Les établissements de taille moyenne (40 à 199 unités) ont eu le vent dans les voiles pendant cette période et ce, sur tous les plans: offre (+13,5%), demande (+11%), prix (+32%), taux d’occupation et revenu moyen par unité (+28,8%).

De 1999 à 2005, on observe, dans toutes les catégories d’établissements (du 4 unités au 200 unités et plus), une forte hausse des prix (26,3%), laquelle s’avère largement supérieure à l’inflation (14,4%). Un rattrapage s’imposait-il ou est-ce la conjoncture qui s’y prêtait? Cette augmentation a-t-elle influencé la demande?

Ce qui se profile à l’horizon et qui devient préoccupant pour l’hôtellerie traditionnelle (hôtels et motels), c’est la croissance soutenue des autres types d’hébergements auprès de la clientèle d’agrément: chalets loués, résidences secondaires, camping, hébergement chez les parents et les amis et autres. À ce titre, les nuitées dans les chalets loués ont crû de 45,3% de 1998 à 2004 et celles chez les amis et les parents de 98,8%. Les nuitées de la clientèle québécoise dans un chalet ou une maison de villégiature privée présentaient une hausse de 76,2% pendant la même période.

De 1999 à 2006, la demande pour le camping (+16%) a surpassé l’offre (+13%). Ce sont les campeurs de passage avec véhicule récréatif (VR) qui ont enregistré la plus importante croissance, soit 52%, tandis que les campeurs saisonniers affichaient une augmentation de 13%.

Les hôtels et les motels ne constituent pas le mode d’hébergement privilégié par la clientèle d’agrément car ils accaparent 28,1% seulement de toutes les nuitées et ce pourcentage diminue à 15,3% dans le cas de la clientèle québécoise.

Performance régionale du Québec

Les régions autres qu’urbaines et périurbaines présentent la plus faible croissance de l’offre (3,3%) et la plus importante croissance de la demande (7,8%), mais cela n’a pas été suffisant et leur taux d’occupation est resté le plus bas au Québec.

L’offre d’hébergement tend à se diversifier à Montréal alors que le nombre d’unités dans les petits établissements a augmenté de 33,8% de 1999 à 2005 et celui de catégorie moyenne de 28%.

À Montréal, les grands hôtels (200 chambres et +) constituaient la plus grande part l’offre en termes d’unités (52,8%) en 2005 tandis qu’à Québec c’était les établissements de catégorie moyenne (45,8%).

Quatre régions ont vu leur nombre d’unités occupées diminuer de 1999 et 2006: Cantons-de-l’Est (-2,4%), Saguenay-Lac-St-Jean (-2%), Centre-du-Québec (-1%) et Gaspésie (-1%). Est-ce attribuable à une baisse de la fréquentation touristique de la région et/ou à un mouvement vers d’autres types d’hébergement? En ce qui a trait aux Cantons-de-l’Est, les deux facteurs sont en cause: diminution de la clientèle américaine et engouement pour l’acquisition de résidence secondaire et pour la location de chalets.

De bonnes nouvelles en matière de classification… mais attention!

En ce qui concerne la classification, les statistiques sont encourageantes et la tendance est à l’amélioration. Mais il faut aussi regarder l’envers des statistiques

  • 72% de l’offre totale (nombre d’unités) au Québec est classée 3 étoiles et plus – 8 régions détiennent une moyenne d’au moins 3 étoilesQui dit classification ne dit pas nécessairement qualité à tous les points de vue, même si cela va de pair. La classification ne cote pas l’accueil, le sourire, le petit «plus» inattendu, la qualité de la table, etc.Il faut garder à l’esprit que cette offre est concentrée principalement à Montréal, à Québec et en périphérie, et que certaines régions peuvent présenter des lacunes. L’étude «Classification des établissements d’hébergement du Québec en 2006» publiée par le ministère du Tourisme permet de voir la répartition de la classification par région.Une région peut vouloir améliorer sa moyenne «étoilée», mais il faut souligner que les établissements 2 étoiles de bonne qualité ont leur place. Cela reste une question de demande et d’équilibre.

  • Qui dit amélioration de la classification dit amélioration de la performance (prix, taux d’occupation, revenu moyen par unité)Le facteur géographique influence grandement les résultats. L’amélioration de la performance s’explique en grande partie parce que la majorité des établissements classés 4 et 5 étoiles sont situés dans les régions de Montréal et de Québec et que les taux d’occupation y sont supérieurs au reste de la province.

Le phénomène de la saisonnalité s’atténue

La saisonnalité au Québec présente un caractère plus atypique qu’auparavant. Si l’on pouvait distinguer la clientèle d’agrément, d’affaires et de visites chez les parents et les amis, il serait plus facile d’expliquer les raisons de l’étalement de la demande. Si l’on regarde la moyenne de l’indice mensuel de saisonnalité (taux d’occupation d’un mois/taux d’occupation annuel moyen) de 1999-2006, on observe ce qui suit:

  • Terminée la suprématie du mois de juillet; le mois d’août l’a surpassée grâce à l’étalement des vacances.
  • L’automne gagne du galon; septembre et octobre dépassent la moyenne. Les congrès seraient-ils les coupables ou l’agrément exerce-t-il aussi un poids significatif avec les retraités qui fuient les périodes de pointe?
  • En hiver, février tire son épingle du jeu et se rapproche de la moyenne. On peut soupçonner les vacances scolaires.

Quant à la moyenne du nombre d’unités occupées de 2003 à 2006 par rapport à la période 1999 à 2002,

  • on observe une croissance au 1er trimestre (hiver) et au 4e trimestre (automne);
  • le 3e trimestre (été) a perdu du terrain et cette baisse est plus marquée que celle du 2e trimestre (printemps).

Les régions de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine, de Charlevoix et de Manicouagan présentent les plus fortes variations de leur taux d’occupation.

Enjeux et défis

Dans un contexte de forte compétitivité entre les destinations nationales et internationales, plusieurs enjeux interpellent le secteur de l’hébergement au Québec:

  • la concurrence significative des autres modes d’hébergement,
  • le défi de la qualité,
  • l’amélioration de la rentabilité,
  • la hausse marquée des prix au cours des dernières années,
  • l’adéquation entre la demande et l’offre,
  • la segmentation de marché, le besoin de se démarquer et de personnaliser son produit,
  • le clivage entre les milieux urbains et les régions,

  • l’e-marketing et la multiplication des canaux de distribution,
  • le poids des communautés virtuelles (Web 2.0) et leur influence sur l’information et les stratégies promotionnelles,
  • la pénurie de main-d’oeuvre, la rétention des employés et la relève,
  • l’engagement concret dans un processus de développement durable (ce qui va bien au-delà de la réutilisation des serviettes).

Pas de répit à l’horizon! L’avenir est à ceux qui sauront se démarquer et se positionner dans leur créneau de marché.

À suivre: Une performance comparée – Le Québec et Montréal tirent leur épingle du jeu!

Merci à Denis Dutilly, coordonnateur à la Direction de la recherche et de la prospective du ministère du Tourisme du Québec.

Michèle Laliberté

Sources:
– Ministère du Tourisme. «La performance du secteur de l’hébergement au Québec», mai 2007.
– Ministère du Tourisme. «Classification des établissements d’hébergement du Québec en 2006», 2007.

  • Pierre Bellerose

    Très bonne analyse.

    Le défi s’accentuera à Montréal avec l’ajout de 1500 chambres dans les 18 prochains mois.

    J’ajouterai toutefois que la dynamique hôtelière au Québec est un peu plus compliquée qu’un simple rapport urbain/régions. Au sein de la région métropolitaine par exemple, il y a plusieurs réalités sous-régionales si l’on veut (banlieue, centre-ville, zone de l’aéroport). Les régions Resort (ex. Tremblant) vivent aussi des réalités forts différentes.

    Merci

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