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Analyses - 29 août 2007

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août 2007

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Le tourisme et l’éveil culinaire québécois: une recette appétissante!

Fleur de sel, huiles raffinées, épices du monde et fruits exotiques; les cuisines québécoises se raffinent et se diversifient. En fait, les Québécois ont élargi leurs horizons culinaires au cours des dernières années. Les repas composés d’aliments frais et santé sont sur la table à tous les jours. Cette volonté de mieux manger n’est donc plus réservée aux grandes occasions, elle s’immisce dans le quotidien des gens, les rendant plus sensibles à l’égard de chacun de leurs repas. Considérant que les découvertes culinaires font partie intégrante d’une bonne expérience touristique, est-ce que les industries hôtelière et de la restauration sont bien au fait du niveau d’éveil de la clientèle?

Une tendance paradoxale

Comme ailleurs, le paysage agroalimentaire québécois s’est développé de façon paradoxale. Bien sûr, tout le monde n’est pas fin gourmet et même les plus grands gastronomes consomment des plats précuits ou fréquentent un restaurant-minute à l’occasion. Dans son étude sur les habitudes alimentaires des Canadiens, Statistique Canada nous apprend que 19% des Québécois fréquentent quotidiennement les établissements de restauration rapide (26% pour l’ensemble du Canada). Par ailleurs, 89% des Canadiens reconnaissent le lien entre l’alimentation et la santé à long terme, selon une étude du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec réalisée en 2004.

Si l’alimentation rapide a grandement influencé notre nutrition, un tout autre un pan de notre alimentation s’est aussi développé vers un idéal gastronomique ou de santé. Ainsi, nous observons l’effervescence des produits du terroir, de la filière biologique, des vins, des mets exotiques, des restaurants santé. Bref, au Québec, la gastronomie ne s’est jamais aussi bien portée. Même les supermarchés présentent à l’année des étals de fruits et de légumes frais, de viandes, de poissons et de produits fins.

Indice de l’éveil culinaire: la popularité des émissions de télévision, des livres de recettes et des magazines spécialisés

Les émissions dédiées à la cuisine sont très populaires: À la di Stasio attire environ 500 000 téléspectateurs chaque semaine, Ricardo Larrivée est sur les ondes partout au Canada et le Britannique très branché Jamie Oliver, LA star internationale. Les chaînes spécialisées suivent le courant: Food Network, Canal vie et Canal Évasion, Tout le monde à table, Bouffe en cavale et Nos restos chouchous. Ces émissions intéressent maintenant un public de gourmets beaucoup plus large qu’il y a dix ans où elles visaient une clientèle de femmes au foyer. Aujourd’hui, elles sont ouvertes sur le monde, proposent des recettes exotiques et sont d’ailleurs souvent diffusées à partir de divers coins du globe. En outre, la programmation incite à jumeler voyages et expériences culinaires. Les magazines de cuisine et les livres de recettes ont également la cote. Les gens ne voient plus la «popote» comme une corvée, mais comme un art de vivre. Selon le Print Measurement Bureau, 12% de la population québécoise a cuisiné un mets gastronomique à quelques reprises au cours de l’année 2006.

Autre indice: la multiplication des produits du terroir, des produits naturels ou biologiques

Ce marché en pleine croissance répond à un réel besoin des consommateurs de trouver un plaisir associé à la consommation d’un produit authentique ou lié au savoir-faire patrimonial. Pour un bref aperçu de la tendance au raffinement et à l’authenticité, pensons à la multiplication des fromages artisanaux québécois. Les gens portent de plus en plus attention à leurs achats, soit entre autres, pour encourager l’économie locale, pour goûter les produits québécois ou éviter les produits chimiques ou modifiés. De nombreux restaurants servent des produits régionaux ou biologiques, et ce, depuis plusieurs années. D’ailleurs, les chaînes comprennent cette tendance. À titre d’exemple, Fairmont s’engage à utiliser, autant que possible, des produits locaux, biologiques et équitables dans ses services de restauration.

Encore un indice: la fréquentation des boutiques spécialisées et des marchés publics

Certes, la majorité des achats des Québécois se font en supermarché, mais il semble qu’un pourcentage croissant des produits soient achetés dans les boutiques spécialisées et les marchés publics. Ces derniers, disparus depuis le milieu du XXe siècle, réapparaissent dans plusieurs villes du Québec. Par leur diversité, ces marchés conviennent aux consommateurs qui cherchent l’efficacité, mais aussi la fraîcheur, les saveurs et l’authenticité.

La forte fréquentation des restaurants

Cette conscientisation et cet intérêt pour une alimentation saine et savoureuse affectent directement l’industrie de la restauration, mais également les services alimentaires des établissements d’hébergement. Dans leur vie quotidienne, les Québécois fréquentent souvent les restaurants: en 2006, selon les données de la Canadian Restaurant and Foodservices Association (CRFA), les Québécois ont visité les restaurants 8,7 fois sur une période de deux semaines (7,9 en 2005), et la moyenne des Canadiens, 11,7 fois, incluant les repas du midi.

De plus, de 1997 à 2005, les dépenses annuelles des foyers québécois au restaurant ont augmenté et représentent maintenant 21,6% des dépenses en nourriture (19,8% en 1997). Cette hausse peut être due au revenu personnel plus élevé et au rythme de vie accéléré. Enfin, les restaurants gastronomiques semblent populaires, selon le Print Measurement Bureau. Ainsi, 30% des Québécois ont fréquenté ces établissements au cours des 30 jours précédant l’enquête et 8%, plus de trois fois au cours de la même période.

Pour des raisons évidentes, les Québécois mangent encore plus souvent au restaurant lorsqu’ils sont en voyage. Selon Statistique Canada, ils consacrent 20,5% de leurs dépenses touristiques à la restauration lors de leurs voyages dans la province (agrément – 19%, affaires – 24% et visite de parents et d’amis – 21%) en 2004.

Les voyageurs: de fines bouches!

Le tourisme culinaire est un phénomène répandu et reconnu par la Commission canadienne du tourisme qui encourage les entreprises à développer des produits et des forfaits. L’émergence de circuits touristiques culinaires comme la Route des vins ou la Route des saveurs en est une autre démonstration.

Les gens voyagent de plus en plus et découvrent des cuisines et des aliments variés. Ils exigent désormais un choix beaucoup plus vaste de mets santé et espèrent qu’on leur servira une assiette saine et équilibrée comportant protéines, fibres et légumes.

Nos grandes villes débordent maintenant d’épiceries fines, de restaurants raffinés et les régions du Québec emboîtent le pas, chacune à sa façon et à son rythme. On trouve de grandes tables partout dans la province et les produits locaux y sont très bien mis en valeur. Mais c’est à tous les repas que l’on veut bien manger et, à cet égard, il y a encore place à la diversification et à la recherche d’authenticité. On ne parle pas toujours de haute gastronomie, mais également de bistrots bon marché, de restaurants de tapas et de cafés sympathiques.

En définitive, la population s’est sensibilisée à la bonne chaire, à la santé et aux cuisines du monde. Sans retour en arrière probable, toute destination touristique se doit maintenant d’être très sensible aux besoins de la clientèle et à ses intérêts en matière d’alimentation.

Retenez les mots clés: fraîcheur, diversité et authenticité!

Sources:

– Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). «L’activité bioalimentaire au Québec – bilan 2006», 2006.
– Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). «L’alimentation santé: quand trois acteurs se rencontrent», Bioclips +, vol. 8, no 3, avril 2005.
– Association des restaurateurs du Québec. Communiqués de presse du 16 février 2007 et du 31 juillet 2007, [www.restaurateurs.ca].
– Statistique Canada. «Les habitudes alimentaires des Canadiens», Rapports sur la santé, vol. 18, mai 2007.
– Bérubé, Stéphane. «Du nouveau dans l’assiette», La Presse, 7 mai 2006.
– Vallée, Pierre. «Les Québécois et l’alimentation – Au pays de la malbouffe», [Le Devoir.com], 16 mars 2005.
– Olivier Riopel. «Comment mange-t-on au Québec?», juin 2005.
– Communiqué de presse. «From the Farm to the Fork: Fairmont Offers a Fresh New Take on Menus», [www.fairmont.com], 27 août 2007.

  • Martine Lizotte

    Effectivement, l’intérêt des québécois pour la gastronomie est indéniable. Touristiquement parlant, de plus en plus de gens, entre autres des Québécois, effectuent des séjours de découvertes culinaires, en Italie par exemple. Au Québec, ce produit de ‘learning-travel gastronomique’ est-il disponible? Les hôteliers/restaurateurs saisissent-ils cette opportunité et profitent-ils de cette tendance? Il y a des exemples à citer?

  • Pierre Boivin

    Bonjour,

    Bravo à Mme Levasseur pour son analyse fort pertinente sur l’éveil culinaire des gens d’ici.

    Pour faire suite au questionnement de Mme Lizotte j’offre les commentaires que voici:

    Beaucoup d’efforts sont actuellement en cours dans plusieurs régions du Québec afin de finaliser les bases d’une solide infrastructure gastronomique pour le tourisme d’ici et d’ailleurs.

    Par exemple, ici à Grondines nous sommes très
    actifs à développer des produits de base pour la création de nouvelles recettes intégrants les arômes de nos plantes aromatiques agroalimentaires indigènes du Québec. On parle ici de comptonie voyageuse, peuplier baumier, thé du labrador, graines de carrotte sauvage, de myrique baumier,etc…Ces plantes renferme des chaines aromatiques extrèmement complexe comme exemple: aliant le carvi au céleri, à la menthe, aux citrus, ou le thym à la fouchère fraîche, ou la vanille à l’odeur printanière, ou la sauge et le laurier à la résine de conifère etc…

    Sans vouloir faire de l’esprit de clocher, nous pouvons affirmer qu’avec ce type d’initiative et tout ce qui se prépare dans nos régions nous sommes à bâtir rapidement le noyau précurseur qui devrait donner naissance à cet univers culinaire identitaire dont Mme Lizotte questionne l’existence avec candeur et pertinence.

    J’aimerais conclure avec le témoignage personnel suivant: en novembre 2006, nous avons présentés une nouvelle gamme de produit aromatique pour la gastronomie de notre terroir au célèbre Salon du Goût de Turin organisé sous l’égide de Slow Food International. Pour la première fois, 3 entreprises du Québec présentaient des produits à cet événement. Après être venu et avoir vu, nous croyons que nous pouvons vaincre, dans ce sens que nous sommes arrivés au Québec à dépasser le folklore ancestral culinaire (sans l’oublier ni le nier) pour actuellement mettre en place avec les gens des métiers de bouche, les producteurs, les transformateurs la base d’une culture gastronomique distincte et de qualibre international.

    En toute objectivité, le Québec a présenté à Turin des produits exceptionnels par leur originalité, leur qualité, et leur grande valeur de terroir et leur lien avec la tradition du lieu dépassant grandement l’europérisation de l’Amérique et bien plus. Un de nos rares manques étant dans la tradition ancestrale du met préparé. C’est justement sur cette dernière étape que plusieurs de nous y travaillons actuellement.

    Le plus beau est à venir et plutôt que l’on pourrait le penser. Plusieurs petites entreprises comme ALIKSIR.COM sont à sortir du garde-robe de la timidité légendaire de la campagne pour prendre la vache par les cornes et communiquer son savoir être à tous ceux qui veulent créer et innover dans des produits hautement identitaires et de calibre exceptionnel. De plus, nous sommes à terminer la conceptualisation d’une technique nommée la parfumerie gastronomique qui allie les huiles et les eaux essentielles dans une technique de création d’arômes gastronomique pour chaque recette de son choix avec une facilité déconcertante.

    Bon je m’arrête ici pour ne pas vous ennuyer plus car le sujet comme vous pouvez le présentir me passionne grandement

    Excusez-la
    Vos commentaires sont les bienvenus
    Pierre Boivin

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