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Analyses - 10 septembre 2007

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septembre 2007

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La forêt, un enjeu majeur pour l’industrie touristique – (Compte rendu de conférence)

Multiplicité des acteurs et des intérêts, harmonisation des usages, protection et conservation du territoire, développement durable, gouvernance et représentativité du volet récréatif occupent l’avant-plan des enjeux liés au territoire forestier québécois. L’intérêt grandissant pour la forêt suscite de nombreux débats où vision commune et dialogue s’imposent. Nous ne sommes pas sortis du bois!

Au 75e congrès de l’ACFAS (Association francophone pour le savoir) en mai 2007, le colloque intitulé «Tourisme et territoires forestiers: vers de nouvelles perspectives de mise en valeur» analysait, entre autres, les multiples enjeux de ce secteur. En voici quelques grandes lignes…

Quand tout le monde s’en mêle et s’emmêle

Plusieurs voix se font entendre: industrie forestière, villégiature, conservation et restauration, activités agricoles, minières, hydroélectriques, récréatives et de plein air. Tous, industriels, intervenants et adeptes, revendiquent leur droit à la forêt et chacun y joue du coude. En outre, l’industrie forestière vit une période très difficile et les intérêts divergents pour la ressource viennent compliquer la situation.

Voici quelques chiffres issus de la présentation du colloque:

  • forêts québécoises: 90% du domaine public;
  • secteur forestier: 150 000 emplois directs et indirects;
  • activités récréatives liées à la faune et à la flore: 15 600 emplois;
  • pratique d’activités de plein air dans la nature: 2,4 millions de Québécois;
  • baux de villégiature: 40 000 détenteurs;
  • conservation et restauration de sites naturels forestiers: 40 000 personnes.

Trop souvent, les usages économiques, sociaux et environnementaux cohabitent difficilement sur le même territoire. Et qui veut s’aventurer dans le dédale de la gouvernance du milieu forestier doit s’armer de patience et d’une bonne dose de compréhension pour remonter la filière.

Dans ce contexte, l’adoption d’une vision commune et l’harmonisation des usages ne peuvent que mener à un terrain d’entente. À ce titre, certaines pourvoiries à droits exclusifs localisées en territoire sous contrat d’aménagement et d’approvisionnement forestier (CAFF) constituent un exemple où tourisme en milieu naturel et exploitation forestière s’avèrent conciliables.

La petite histoire des activités de plein air

Bien que la pratique des activités de plein air en forêt soit en pleine croissance, la confusion règne toujours.

  • Instabilité du loisir de plein air au sein de la structure gouvernementale. À chaque changement de gouvernement, on se demande quel ministère en obtiendra la responsabilité.
  • Diversité des activités et manque de concertation. De façon éclatée, chacun (associations touristiques régionales [ATR], milieu associatif [camps de vacances, marche, canoë-kayak, motoneige, etc.], unités régionales de loisir et de sport [URLS], etc.) revendique ses besoins auprès des différents paliers gouvernementaux.
  • Secteur constitué d’un important contingent de bénévoles. Ces derniers démontrent des signes d’essoufflement.
  • Études quasi inexistantes sur la pratique des activités de plein air au Québec.
  • Manque de reconnaissance des retombées sociales et économiques.

L’intérêt pour les volets récréatif et touristique de la forêt croît constamment:

  • La forêt devient un antidote à l’activité urbaine et une réponse à la recherche d’authenticité;
  • les paysages constituent un des principaux critères dans le choix d’une destination;
  • la diversité des activités pratiquées en forêt s’accroît: véhicules tout terrain (VTT), vélo de montagne, traîneau à chiens, parcs d’hébertisme aérien, observation du ciel avec télescopes;
  • la clientèle familiale augmente dans les pourvoiries.

Au sein même des activités de plein air, il existe des conflits de cohabitation, notamment entre les motoneigistes et les adeptes du ski de fond. De plus, on remet souvent en question les activités motorisées (VTT, motoneige, embarcation à moteur) en territoire forestier.

L’accessibilité au territoire, la protection des paysages et la qualité du milieu naturel, ressource première des activités de plein air, constituent des enjeux fondamentaux. Malgré le nombre croissant d’adeptes et d’activités, l’absence de pouvoir central, de leadership et d’actions concertées affaiblit le poids de la représentativité de ce secteur ainsi que son impact dans les dossiers de la forêt.

Le développement durable et l’augmentation des aires protégées

Voulant combler son retard en matière d’aires protégées, le gouvernement québécois étudie présentement la création de plusieurs nouveaux parcs, presque tous situés dans le Nord du Québec.

D’un point de vue touristique, cette réalité nordique complique l’accessibilité, le déploiement des services, le financement des aménagements, de même que le positionnement international. En effet, le coût des prestations pourra difficilement concurrencer les destinations plus facilement accessibles et déjà engagées dans ce créneau. La participation des communautés autochtones et la rencontre des différentes cultures représentent d’autres défis à relever.

Évidemment, lorsqu’on parle de territoire forestier, le développement durable devient un impératif. Cependant, on soulignait que l’écotourisme devient trop souvent une panacée pour réhabiliter le développement durable en milieu forestier. De ce fait, il obtient une trop grande visibilité pour ce qu’il est réellement: un marché de niche avec une participation limitée du public et peu de retombées économiques. On constate une absence de gestion, de planification et de recherche dans ce secteur, de même qu’un manque de personnel qualifié.

L’éducation du public constitue un élément essentiel pour assurer la pérennité de la ressource.

Vers une gestion intégrée de la forêt

Depuis le dépôt du rapport Coulombe (rapport de la Commission d’étude sur la gestion de la forêt publique québécoise – 2004), le gouvernement du Québec s’affaire à moderniser l’ensemble de sa gestion forestière et à mettre en place des commissions régionales (CRRNT – Commission régionale sur les ressources naturelles et le territoire) dans le but de favoriser la gestion intégrée des ressources du territoire.

Voir la forêt comme un tout et adopter une vision commune du territoire deviennent des prémisses à la gestion de la multifonctionnalité du territoire forestier et à l’harmonisation des usages sous le chapeau du développement durable. Tout en tenant compte des particularités du territoire, il faut viser l’équilibre entre les fonctions économique, écologique et sociale. À ce chapitre, le secteur des activités de plein air doit faire le poids.

Sources:

– Téoros. «Dossier forêt», vol. 25, no 3, automne 2006.
– 75e Congrès de l’Acfas. Colloque «Tourisme et territoires forestiers: vers de nouvelles perspectives de mise en valeur», 8 et 9 mai 2007, Trois-Rivières.

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