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Analyses - 24 janvier 2008

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janvier 2008

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Mes chiffres sont plus gros que les tiens: démystifier l’évaluation de l’impact économique d’un événement

Les nombreux festivals et événements enrichissent l’offre touristique et participent au rayonnement domestique et international d’une destination. Quoiqu’ils génèrent souvent d’importantes retombées économiques, il s’avère souvent ardu de les évaluer. Par ailleurs, les résultats d’études d’impact économique ont souvent été critiqués ces dernières années, à tort ou à raison. La présente analyse se penche sur les considérations qui affectent ces évaluations.

Il s’agit de démystifier les grandes étapes et les principaux enjeux liés aux études d’impact économique.

Connaître les sources d’impact économique

  • La construction d’installations – si cela s’applique, il est essentiel d’obtenir un estimé réaliste de la portion des coûts de construction (professionnels, matériaux, sous-contrats, etc.) qui sont versés dans la communauté.
  • L’organisation et l’opération de l’événement – par exemple, les salaires, les fournitures, la publicité et toutes les dépenses associées aux activités quotidiennes relatives à l’événement.
  • Les dépenses de l’assistance – celles des spectateurs comme celles des participants, des artistes, des vendeurs, des exposants et des médias. Les dépenses incluent tous les frais de voyages et les autres achats motivés par l’assistance à l’événement.

Déterminer la région d’étude

Il s’agit d’une décision cruciale qui peut avoir des répercussions majeures sur les résultats de l’analyse. La prémisse est que la région devrait inclure tous les endroits où la plupart des dépenses associées à l’événement se produiront. Par exemple, dans le cas d’un événement qui serait tenu à Tadoussac, la région d’étude pourrait être la MRC (municipalité régionale de comté) de la Haute Côte-Nord et tous les visiteurs ne provenant pas de ce comté constitueraient la clientèle touristique. Pour un autre événement, une MRC hôte qui ne compterait pas suffisamment d’unités d’hébergement pourrait inclure les MRC environnantes dans sa zone d’étude. Dans un tel cas, si la zone d’étude se limitait à la MRC hôte, les impacts évalués seraient beaucoup moindres. Il n’y a donc pas de formule précise pour délimiter la région d’étude et c’est plutôt le «gros bon sens» qui est requis.

Effectuer la collecte de données

C’est généralement par la collecte de données qu’il est possible d’établir la provenance des visiteurs, leurs motivations et leurs dépenses. Interroger les visiteurs sur le site ou une fois qu’ils sont retournés chez eux sont les deux façons de récolter de l’information, chacune ayant ses forces et faiblesses. Alors qu’intercepter les visiteurs pendant leur visite signifie souvent qu’ils estimeront leurs dépenses, interroger ceux-ci après l’événement peut aussi comporter des lacunes puisque la justesse des réponses dépendra de leur mémoire. Demander aux visiteurs de tenir un registre de leurs dépenses peut éviter ces problèmes, mais repose sur la motivation du répondant à inscrire correctement ses frais et à retourner le formulaire une fois rentré chez lui.

Également, l’échantillon retenu doit être judicieusement sélectionné pour être le plus représentatif possible. Par exemple, les visiteurs en semaine n’ont peut-être pas le même comportement que ceux du week-end; même chose pour les participants aux activités de jours versus celles en soirée.

Estimer l’assistance à une manifestation touristique peut être très simple ou ardu, dépendant si des billets sont vendus pour l’entrée ou si celle-ci est libre. Ce deuxième cas peut soulever des débats quant à la méthode d’estimation. On peut avoir une bonne idée de la clientèle touristique en sondant quelques établissements hôteliers et en extrapolant à la capacité d’hébergement totale ou encore en comptant le nombre de personnes à chaque entrée du site pendant quelques minutes à chaque heure. Ce ne sont là que de brefs exemples et, selon les circonstances, différentes méthodes peuvent être utilisées ou élaborées.

Estimer les impacts économiques directs et indirects

L’impact économique total est composé de:

  • L’impact direct: l’argent nouveau, c’est-à-dire toutes les dépenses qui n’auraient pas eu lieu sans l’événement (les coûts d’exploitation et d’immobilisations de l’événement, les dépenses des visiteurs – provenant de plus de 40 km – ainsi que les taxes générées par ces frais).
  • L’impact indirect (et induit): les dépenses subséquentes générées par la dépense initiale dans l’économie.

L’estimation de l’impact direct est l’aspect le plus souvent critiqué. Toutes les considérations à prendre en compte ne seront pas expliquées ici et varient selon l’événement. Mentionnons toutefois l’importance de départager la clientèle touristique de la clientèle locale, ainsi que la motivation des visiteurs à participer à la manifestation. Ces renseignements déterminent s’il y a de l’argent nouveau qui est dépensé ou s’il s’agit d’un substitut à un autre divertissement. Dans ce dernier cas, l’effet sur l’économie devrait être nul. En ce qui concerne la clientèle touristique, si le visiteur s’est déplacé principalement pour assister à l’événement, ses dépenses devraient être incluses dans l’impact économique. Encore une fois, il n’y a pas de méthodologie unique, mais une compréhension des motifs de participation à l’événement est fondamentale.

L’estimation des impacts économiques indirects se fait à l’aide de modèles:

  • Les modèles multiplicateurs constituent la plus ancienne méthode de calcul, mais, malgré des lacunes, ils demeurent souvent une alternative simple d’utilisation.
  • Les modèles «entrées-sorties» ont l’avantage de produire des résultats par secteurs d’activité et sont les plus utilisés de nos jours.
  • Les matrices de comptabilité sociale (Social accounting matrices) et le modèle «Computable general equilibrium» sont des variantes plus élaborées des modèles entrées-sorties.

Lors du choix de la méthode de calcul des impacts économiques, il est important de considérer l’ampleur de l’événement, les perturbations économiques pouvant affecter les résultats et les préoccupations des décideurs.

Utiliser et interpréter les résultats

Il a été démontré qu’une évaluation de l’impact économique d’un événement, basée sur une méthodologie rigoureuse et des chiffres conservateurs, peut s’avérer un outil très utile pour les décideurs. Mais encore faut-il bien interpréter les résultats.

Pour les décideurs locaux, l’apport dans la localité est la donnée la plus intéressante et contrebalance les éventuels coûts associés à la tenue de l’événement. Les études d’impact économique servent aussi à décider, parmi quelques événements, lequel choisir ou lequel financer. D’ailleurs, le gouvernement québécois, comme plusieurs autres, augmente d’année en année sa participation au financement, mais instaure de nouvelles règles visant à recentrer l’aide vers les événements qui ont une réelle incidence touristique (dépenses de visiteurs non-québécois) et demande aux organisateurs de fournir différents renseignements.

Pour les organisateurs, l’impact économique est un argument marketing pour les éditions suivantes. De plus, l’utilisation d’un modèle entrées-sorties pour évaluer les impacts indirects permet d’identifier quels secteurs de l’économie sont favorisés, ce qui peut servir à identifier et à convaincre les commanditaires potentiels.

Quelques outils

Réaliser une étude d’impact économique pour un événement requiert donc du temps, des ressources et des connaissances. Ceux qui peuvent se le permettre font appel à des firmes spécialisées, mais la plupart des manifestations de petite envergure ne disposent ni du temps, ni des ressources, ni du budget pour mettre en œuvre des études sérieuses et aboutissent souvent à des résultats peu fiables.

Voici quelques outils pouvant aider les organisateurs à obtenir des données crédibles et cohérentes:

  • Tourism British Columbia propose six guides – personnalisés par type d’événement – sur les méthodes de sondage permettant d’évaluer l’impact du tourisme sur l’économie (http://www.tourism.bc.ca/template_list_research.asp?id=7147), dont deux sont traduits en français par Tourisme Ontario (http://www.tourism.gov.on.ca/french/research/resources/).
  • Tourisme Ontario propose également un Modèle de calcul des répercussions du tourisme sur l’économie régionale, présenté sous forme de questionnaire (http://www.tourism.gov.on.ca/french/research/treim/index.html).
  • Le Modèle d’évaluation économique du tourisme sportif (MEETS) de l’Alliance canadienne du tourisme sportif (pour ses membres seulement) (http://www.canadiansporttourism.com/frn_doc.cfm?DocID=20).
  • L’Office du tourisme de Québec met également un outil à la disposition de ses membres.
  • Le plus fréquemment utilisé est le modèle intersectoriel du Québec (http://www.stat.gouv.qc.ca/services/etudes.htm), qui s’appuie sur les tableaux d’entrées-sorties du Québec, ceux-ci comportant des données très détaillées relatives aux échanges de biens et services entre les agents économiques. Cet outil de l’Institut de la statistique du Québec permet de présenter les effets directs, indirects et totaux sur la main-d’œuvre, les salaires, la valeur ajoutée et les importations. Il fournit également une estimation des recettes fiscales et parafiscales découlant d’un projet de dépenses.

Enfin, les études d’impact économique ne représentent qu’une partie des bénéfices que peut retirer une localité. Il importe de considérer également la visibilité de la destination, l’attention des médias et l’amélioration ou la création de nouvelles infrastructures.

Lire aussi:
Comment mesurer les impacts économiques des événements sportifs sur les communautés hôtesses?
Quels impacts ont les grands événements sportifs sur le tourisme? (compte-rendu de conférence)

Sources:
– Hodur, M. Nancy et F. Larry Leistritz. «Estimating the Economic Impact of Event Tourism: A Review of Issues and Methods», Journal of Convention & Event Tourism, vol. 8, no 4, 2006.
– Ministère du tourisme. «Aide aux festivals et aux événements touristiques – Québec dévoile un programme révisé pour 2008-2009», communiqué de presse, 25 octobre 2007.
– Alliance canadienne du tourisme sportif. «FIFA U-20 World Cup Canada 2007», Economic Impact Assessment, octobre 2007.

Sur le Web:
Alliance canadienne du tourisme sportif
Institut de la statistique du Québec
Ministère du Tourisme de lOntario
Tourism British Colombia

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