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Analyses - 2 mai 2008

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Tourisme et science, un rapprochement intelligent

De la sensibilisation à la découverte, de l’approfondissement à l’expérimentation et jusqu’à l’immersion, le tourisme scientifique est en plein essor. Les scientifiques se font guides et s’affichent dans les brochures de tourisme. Ce secteur déploie toute une panoplie d’expériences pour répondre au voyageur curieux qui aime comprendre «comment ça fonctionne» et au voyageur féru de biodiversité qui souhaite côtoyer des spécialistes et expérimenter sur le terrain.

Les plaisirs de la découverte, de la connaissance et des émotions

Quotidiennement, les gens côtoient le monde scientifique à travers les grands enjeux environnementaux, les phénomènes physiques, les problèmes humanitaires et autres. Progressivement, ils enrichissent leurs connaissances, veulent mieux comprendre, mieux juger, mieux s’impliquer et s’ouvrir à de nouveaux horizons.

Dans cette dynamique, l’engouement du public pour les sciences s’accélère et les spécialistes s’imposent de plus en plus naturellement. Étant plus informés, les voyageurs veulent comprendre les vrais enjeux et leurs questions vont bien souvent au-delà de l’expertise d’un guide amateur.

Le tourisme scientifique offre un croisement peu banal: découverte, aventure, plaisir, ludisme, connaissance, compréhension, émotion. Il permet au voyageur de pénétrer dans un monde étonnant qu’il ne connaît, habituellement, que par des reportages et de vivre des expériences touristiques authentiques et enrichissantes.

Tout un catalogue de scientifiques qui se font «GO»

Paléontologue, archéologue, écologue, volcanologue, anthropologue, glaciologue, océanographe, botaniste et plusieurs autres accompagnent des groupes d’amateurs et vulgarisent leur savoir scientifique. Le milieu de la recherche surfe sur l’engouement pour ce type de loisirs.

La diffusion du savoir faisant partie des missions de bon nombre d’organismes scientifiques, le maillage tourisme et science devient un important levier pour les scientifiques, et ce, pour de multiples raisons:

  • améliorer le contact avec le public,
  • permettre aux gens de se familiariser avec la démarche scientifique,
  • mettre en lumière leur travail,
  • diffuser le savoir scientifique tout en vulgarisant leurs travaux,
  • sensibiliser les gens à une cause,
  • éduquer les gens,
  • sauvegarder les espèces,
  • soutenir leurs recherches,
  • obtenir des sources de financement,
  • bénéficier de main-d’œuvre bénévole,
  • contribuer au débat science et société,
  • apporter matière à réflexion quant aux enjeux majeurs liés à l’environnement et au développement durable.

Les scientifiques américains ont, notamment, une longue tradition de collaboration avec le grand public, qui les seconde dans certains travaux de recensement. Le Muséum national d’histoire naturelle de France fait de plus en plus appel aux amateurs, par le biais de son programme Vigie-Nature pour inventorier la biodiversité, où une quarantaine de chercheurs ont accepté de coiffer la casquette de guide.

De la valeur ajoutée…

Le tourisme scientifique proprement dit représente certes un marché de niche, mais le volet scientifique, quant à lui, fait partie intégrante d’une multitude de prestations et constitue une valeur ajoutée à l’expérience touristique.

Visiter un zoo peut être à la fois ludique et instructif, mais visiter un zoo avec un biologiste constitue un plus dans l’expérience du visiteur. Visiter un musée avec un spécialiste de l’histoire de l’art transforme cette visite en expérience enrichissante. Découvrir des commerces en compagnie des architectes et des designers qui les ont conçus, faire une randonnée en forêt avec un expert en foresterie, faire une promenade dans un jardin avec un botaniste… voilà autant de valeur ajoutée à l’expérience touristique.

Centres de sciences, musées de toutes sortes, biodôme, insectarium, jardin botanique, planétarium, économusées, centres d’interprétation, parcs naturels, thématiques et animaliers, réserves, entreprises (industrielles et artisanales), barrages, observatoires et sites d’exploitation abordent tous à des niveaux différents les domaines scientifiques. Les initiatives pour développer ces volets et susciter l’intérêt du public se multiplient.

Certains centres de recherche ouvrent leurs laboratoires et leurs sites à la population pour des visites commentées, ce qui est le cas, notamment, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) d’Europe. En France, Nature & Découvertes recensait 3500 activités naturalistes en 2007, soit une augmentation de 25 % par rapport à l’année précédente.

Au Québec, Science pour tous regroupe les organismes œuvrant en culture scientifique et technique (CST) et en fait la promotion. La Toile scientifique a publié un guide répertoire de toutes les initiatives de tourisme scientifique et technologique offertes au public au Québec, ensemble qui s’est révélé impressionnant. Anciennement le Zoo de Saint-Félicien, le Centre de Conservation de la Biodiversité Boréale de Saint-Félicien s’est engagé résolument sur la voie du tourisme scientifique.

Pour les jeunes génies en herbe, les camps de vacances scientifiques offrent toute une diversité d’expériences. À ce chapitre, la France est très active. L’Association nationale et internationale de Culture Scientifique et Technique invite les jeunes de 7 à 18 ans à vivre une aventure scientifique à travers une quarantaine de séjours dans plusieurs pays, dont le Québec. Les colonies de vacances permettent de côtoyer les scientifiques et sont organisées en collaboration avec des centres de recherche qui participent à leur préparation pédagogique. Les séjours de vacances du réseau Planète Sciences font rimer sciences et loisirs et proposent aux jeunes de faire des choses sérieuses sans se prendre au sérieux. Le Mouvement International pour le Loisir Scientifique et Technique (MILSET) est une organisation qui vise à développer la culture scientifique chez les jeunes en organisant des programmes appropriés.

…à l’expérience extrême…

Que diriez-vous de vous rendre à la station scientifique des Nouragues au cœur de la forêt guyanaise à plusieurs heures de pirogue et de marche du premier village habité et de découvrir, avec un spécialiste de la biodiversité, les richesses de la réserve naturelle et un catalogue de 1200 espèces végétales, 435 espèces d’oiseaux, 112 espèces de reptiles et d’amphibiens et autant de mammifères, s’étendant sur un millier de kilomètres carrés inhabités depuis deux siècles? Inauguré en 1986, ce laboratoire, le plus inaccessible du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de France, s’apprête à accueillir ses premiers touristes grâce à l’agence de voyages Escursia, qui proposera cette année trois dates pour une douzaine de privilégiés.

Escursia fait école dans l’immersion du tourisme scientifique avec des partenariats de premier plan. Fondée en 2003, cette agence a dû convaincre à la fois les amateurs et les scientifiques de la pertinence d’un tel produit. Au fil des années, Escursia a su s’associer à des partenaires de marque: le Muséum national d’histoire naturelle de France, l’Office national des forêts (ONF), la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et le dernier en liste, le CNRS. À sa première saison, moins de 30 clients ont répondu à l’appel. En 2006, ils étaient 260 et, en 2007, 800 se sont embarqués pour l’un des quarante «sentiers de la connaissance» proposés.

D’autres agences, comme Saïga, offrent des programmes participatifs destinés à partager le quotidien d’une équipe de scientifiques et à comprendre sur le terrain les enjeux de la préservation.

…en passant par la responsabilité sociale

Le tourisme scientifique sert aussi à remettre les pendules à l’heure. En réponse à plusieurs débats qui occupent la place publique et aux gens qui réclament toujours plus de transparence, d’importantes compagnies se lancent dans un exercice de relations publiques. Par le biais des visites scientifiques, elles désirent promouvoir leur type d’activités, redorer leur blason, démontrer leur responsabilité sociale ou simplement faire découvrir un domaine qui fascine bien souvent les visiteurs.

En faisant visiter sa méga-usine, la plus importante des Amériques, Aluminerie Alouette souhaite répondre aux questions suivantes:

  • Quand et comment Aluminerie Alouette a-t-elle déployé ses installations à Pointe-Noire, dans la baie de Sept-Îles?
  • À quoi ressemble et comment fonctionne une usine de première fusion réputée mondialement?
  • Où vont ces tonnes de lingots et de gueuses d’aluminium qu’on y produit annuellement?
  • Quelles sont les retombées locales et régionales d’une telle industrie?
  • Comment y aborde-t-on les questions environnementales?

Tourisme scientifique et développement durable, un tandem indissociable

En 2007, le congrès annuel de l’Association des biologistes du Québec se concentrait sur la dynamique touristique: Tourisme, Nature, Biologie – Le biologiste, collaborateur essentiel au développement durable de l’industrie touristique.

Lors du colloque «Le tourisme scientifique: un instrument de médiation (ou de médiatisation) des sciences», Louis Jolin, professeur au Département des études urbaines et touristiques de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG-UQAM), soulignait que la jonction du tourisme scientifique (par la connaissance qu’il apporte des mécanismes de l’univers et par la conscientisation qu’il suscite) avec la notion de développement durable est une piste gagnante pour les prochaines années.

Lire aussi :
Éducation, environnement et tourisme: un ménage à trois prometteur
Le tourisme d’apprentissage fait ses classes dans une multitude de domaines
Le tourisme industriel, un volet du tourisme d’apprentissage

Sources :
– Association des biologistes du Québec. «Tourisme, Nature, Biologie – Le biologiste, collaborateur essentiel au développement durable de l’industrie touristique», 26 et 27 octobre 2007.
– de Malet, Caroline. «Le CNRS se lance dans le tourisme scientifique», [LeFigaro.fr], 25 février 2008.
-Frigout, Olivier. «Le tourisme scientifique sur orbite», Fréquence Terre, la Radio Nature, 30 janvier 2008.
– Jolin, Louis. «Le tourisme scientifique: un instrument de médiation (ou de médiatisation) des sciences», Science pour tous – colloque 2004, Montréal, novembre 2004.
– Molga, Paul. «Le tourisme scientifique en plein essor», [www.lesechos.fr], 5 mars 2008.
– Revue Espaces. «Centres de culture scientifique et technique – 1re et 2e parties», septembre et octobre 2006, nos 240 et 241.

Sites Internet:
Agence Saïga
Aluminerie Alouette
Association nationale et internationale de Culture Scientifique et Technique
Centre de Conservation de la Biodiversité Boréale de Saint-Félicien
Centre national de la recherche scientifique
Escursia
Institut national de la recherche agronomique
Mouvement International pour le Loisir Scientifique et Technique
Muséum national d’histoire naturelle de France – Vigie-Nature
Natures et découvertes
Planète Sciences
Portes Ouvertes Design Montréal 2008
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