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Analyses - 13 mai 2008

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mai 2008

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Apprivoisons le Tigre indien

Une croissance des voyages internationaux de plus de 10% annuellement, une classe moyenne qui se multiplie, une population qui devrait dépasser celle de la Chine dans 20 ans et une explosion du tourisme en ligne. Encore timide au Québec, le marché indien suit néanmoins une courbe de croissance qui en surpasse plus d’un.

La classe moyenne: pas du tout en voie d’extinction!

L’Inde, un des quatre pays du BRIC, jouit actuellement d’une économie forte, avec un PIB (produit intérieur brut) qui augmente d’environ 8% par année. (À propos du BRIC, c’est-à-dire les pays émergents que sont le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, lire: Le marché brésilien: une puissance montante.) Sa population s’élève à plus de 1,1 milliard de personnes et les Nations Unies prévoient qu’elle surpassera celle de la Chine en 2030.

Cette situation engendre une croissance de la classe moyenne: le premier facteur favorisant les voyages des Indiens. Environ 300 millions de ménages indiens gagnent plus de 2000 USD par année et 58 millions plus de 4400 USD. Bien que de tels revenus situent ceux-ci dans la classe moyenne, en raison du faible coût de la vie dans le pays, ils sont encore insuffisants pour leur permettre de faire des voyages internationaux.

La Pacific Asia Travel Association (PATA) rapporte que les individus dont le revenu est de 3000 à 5500 USD sont en mesure d’économiser pour s’offrir des biens et des expériences de voyages et qu’ils représentent 22% de la population. Ils devraient compter pour 33% en 2015. Le groupe dont le revenu dépasse 5500 USD équivaut actuellement à 10% des ménages et cette part augmentera à 15% en 2015. Pour être en mesure de faire un voyage long-courrier, par exemple vers le Canada, les revenus doivent être encore plus élevés. Ils le sont d’ailleurs dans les régions urbaines de Chandigarh, de Goa et de New Delhi.

Le pays présente néanmoins d’importantes disparités salariales. Certaines régions s’enrichissent, notamment dans le sud du pays, alors que les très peuplés États du centre et du nord-est de l’Inde demeurent parmi les plus pauvres du monde. Environ 400 millions de personnes y vivent avec moins de un dollar par jour.

La faune voyageuse actuelle et potentielle

Le potentiel du marché indien a souvent été comparé à celui de la Chine. (Lire aussi: L’Inde, un marché à surveiller.) Contrairement à cette dernière, l’Inde permet à sa population de voyager librement, sans contraintes gouvernementales. (Lire: Mettre les pendules à l’heure… de la Chine.) De plus, les Indiens ont davantage d’expérience en matière de voyages et parlent plus couramment l’anglais. C’est, en fait, un des marchés touristiques émetteurs qui enregistre la croissance la plus rapide du monde.

Les campagnes agressives de promotion auprès du marché indien (de plus en plus d’organismes nationaux de promotion touristique ont reconnu le potentiel de l’Inde et envahissent le pays) et l’avancée des transporteurs low cost, avec leurs tarifs abordables, sont d’autres éléments qui ont contribué au désir des Indiens de voyager à l’étranger. Le tourisme expéditif demeure toutefois plutôt désorganisé, avec plus de 20 000 agents de voyages disséminés dans tout le pays.

Les habitants de l’Inde ont fait près de 8,3 millions de voyages internationaux en 2006, comparé à 6,2 millions en 2004 et à 4,4 millions en 2000, soit une augmentation moyenne de plus de 10%. Les dépenses touristiques suivent un rythme encore plus déroutant.

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Les destinations de voyages des Indiens varient considérablement selon les sources d’information. En ordre d’importance, on trouve d’abord l’Asie et le Moyen-Orient, l’Europe, les Amériques, la région de l’Australie et du Pacifique et, finalement, l’Afrique.

Le Canada gagne en popularité et les visites suivent un taux de croissance annuel moyen de 15% depuis 2004 (graphique 1).

MtL_2008-05_tifre_indien_grphq1

La part du Québec était d’environ 16% en 2005, avec 13 100 touristes. Parmi eux, 5600 (43%) étaient entrés directement par le Québec (7600 en 2007). À titre comparatif, l’Ontario a enregistré 54 000 entrées directes en provenance de l’Inde en 2007. Les vols directs ainsi que l’importante communauté indienne favorisent grandement Toronto. Pour le Québec, l’Inde se situait au 14e rang des visiteurs outre-mer en 2005 et au 13e rang pour le Canada, derrière Hong Kong mais devant l’Italie et la Suisse.

Comportement de voyage

Comme c’est le cas pour les destinations, l’information concernant les buts de voyages varie selon les sources. La PATA présente les données d’ACNielsen, qui suggère que le tourisme d’affaires domine les autres motifs primaires (tableau 2). En effet, bien que ce type de déplacement soit stimulé par l’économie effervescente de l’Inde, ces voyageurs ont peut-être aussi fait des visites touristiques ou du magasinage comme second but de voyage.

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Les voyageurs d’agrément deviennent de plus en plus sophistiqués et exigeants. D’ailleurs, selon un sondage de l’agence Thomas Cook, les voyages d’aventure gagnent en popularité, tout comme les activités nautiques et sportives.

Une enquête réalisée par la Commission canadienne du tourisme (CCT) en 2007 auprès d’Indiens ayant voyagé au Canada au cours des trois dernières années nous éclaire sur leur profil et leur comportement de voyage:

  • La population de l’Inde est jeune: 50% a moins de 35 ans; ceux qui voyagent au Canada le sont aussi: les voyageurs indiens au Canada ont de 18 à 49 ans et, de ce groupe, 41% ont 29 ans ou moins.
  • La durée moyenne des séjours est de 9 nuits, certains pouvant durer jusqu’à 21 nuits.
  • La majorité des voyages se font de mars à juin, pour éviter la période la plus chaude en Inde.
  • La plupart sont des voyageurs indépendants (67%).
  • Les principales motivations de voyage sont la visite des points d’intérêts et la détente, alors que d’autres visitent des amis ou des parents (20%).
  • Seulement 21% séjournent chez des parents ou des amis, 54% préférant des hôtels à prix moyen ou modique et 18% choisissant des lieux de villégiature. Parmi les Indiens interrogés par la (CCT) qui ont voyagé au Canada, 89% étaient des professionnels ou des cadres instruits et 82% gagnaient de 6360 CAD à 19 080 CAD, ce qui correspond à des revenus très élevés pour ce pays.
  • Les répondants ont d’ailleurs dépensé en moyenne 6500 CAD par voyage, par groupe, soit plus que ce que gagne un Indien de classe moyenne en une année complète.

Le Tigre est de plus en plus branché!

Alors que seulement 39 millions d’Indiens avaient accès à Internet en 2005, l’Internet & Mobile Association of India prédit que ce nombre s’élèvera à 120 millions en 2010. Internet permet aux Indiens d’être plus au fait des opportunités touristiques et facilite les réservations en ligne. Il y avait 60 millions de téléphones cellulaires en circulation en 2006 et 5 millions s’y ajoutent à chaque mois.

Selon PhoCusWright, le marché indien du tourisme en ligne devrait connaître une croissance retentissante au cours des prochaines années. La propagation d’Internet auprès d’une classe moyenne montante, l’augmentation de la demande pour des voyages, la présence de plus en plus d’entreprises touristiques sur la toile indienne (notamment des low cost) et le développement de plateformes transactionnelles virtuelles sont les principaux facteurs expliquant cette explosion.

PhoCusWright estimait que le marché du tourisme en ligne en Inde, évalué à 295 millions USD en 2005, devrait atteindre 2 milliards USD en 2008. Euromonitor va dans le même sens et prévoit que la vente de voyages par Internet aura augmenté de 272% de 2005 à 2010.

Les entreprises qui souhaitent rejoindre le marché indien par le biais du Web se doivent d’adapter leur mode de paiement aux systèmes de cartes prépayées, très populaires dans le pays. Les cartes de crédit sont encore peu utilisées par les Indiens, traditionnellement économes, quoique la croissance soit forte en cette matière. Les cartes prépayées permettent aux consommateurs de mieux gérer leurs dépenses et peuvent être compatibles avec le paiement en ligne.

En définitive, comme les renseignements statistiques sur l’Inde manquent encore de fiabilité, il est difficile de bien comprendre ce marché et de l’approcher de façon appropriée. Néanmoins, il ne fait aucun doute qu’il continuera de croître à un rythme rapide. Serons-nous dans la course?

Lire aussi:
Le marché brésilien: une puissance montante
L’Inde, un marché à surveiller
Mettre les pendules à l’heure… de la Chine

Sources:
– Commission canadienne du tourisme. «Étude sur les consommateurs et l’industrie touristique de l’Inde», décembre 2007.
– PhoCusWright. «The Emerging Online Travel Market Place in India», 2006.
– Pacific Asia Travel Association. «Total Tourism India», 2006.
– Statistique Canada. «Enquête sur les voyages internationaux», 2007.

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