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Analyses - 27 octobre 2008

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Quel est l’impact des médias sur le tourisme gastronomique?

Les relations entre les acteurs du tourisme culinaire et les médias sont tout aussi complexes qu’essentielles. Divers enjeux liés à ce rapport ont soulevé des discussions lors du récent colloque Tourisme, gastronomie et médias, tenu à l’occasion des Entretiens Jacques-Cartier les 6 et 7 octobre 2008 à l’UQAM, entre les intervenants de la France et du Québec. Voici quelques-uns des questionnements abordés.

Entre l’utilité et le pouvoir prescripteur

Il est difficile pour un restaurant de se faire connaître par les consommateurs, en particulier par les touristes. Beaucoup de choix s’offrent à eux, et dénicher les bonnes adresses n’est pas simple. Dans le passé, l’apparence de l’établissement était très importante dans le choix d’un restaurant, ce qui n’est plus le cas de nos jours. C’est alors que les guides et critiques gastronomiques prennent toute leur utilité. Les émissions culinaires présentées à la télévision peuvent aussi avoir des impacts non négligeables sur la popularité des restaurants ou des producteurs agrotouristiques. Aujourd’hui, dans l’ère où l’information prime, on souhaite connaître la petite histoire du restaurant que l’on choisit, qui est son chef, quelles sont ses spécialités, comment se qualifie la cave à vin ainsi que tout autre petit détail croustillant.

Les critiques gastronomiques ont certes une influence sur les intervenants du tourisme gastronomique. Pour ce qui est des établissements de restauration, les grandes villes sont plus largement «couvertes» par les critiques gastronomiques que les régions. Au Québec, on peut lire des articles sur les établissements montréalais ou ceux de la région de Québec chaque semaine, mais les restaurants hors de ces centres bénéficient plus rarement d’une telle possibilité. Pour les régions, les guides gastronomiques ou de voyage ainsi que l’information disponible sur Internet s’avèrent donc de meilleurs médias que les critiques journalistiques.

Les médias participent aussi à la découverte des producteurs de produits du terroir et de l’agrotourisme. De nombreux articles ont été écrits sur la Route des vins des Cantons-de-l’Est, ou celle de fromages, par exemple, et ont contribué à leur notoriété.

Mais l’impact de ces critiques est difficile à évaluer parce que trop variable d’une fois à l’autre. Pour certains établissements, il provoque un changement durable sur la renommée, alors que pour d’autres l’effet est court et s’éteint une semaine après la parution de l’article. Il est rare d’ailleurs qu’une seule critique fasse la réputation d’un établissement et il en faut généralement plusieurs. L’impact des mentions dans les guides de voyage et guides gastronomiques est plus durable, tout comme la durée de vie du média. D’un autre côté, ces guides deviennent désuets après un an ou deux.

Pour les heureux détenteurs d’une à trois étoiles des Guides Michelin, il est estimé que l’achalandage augmente de 30 à 40% en moyenne. Cela amène également une plus grande régularité dans l’achalandage en remplissant les salles à manger autant en semaine qu’en période de pointe. Depuis que le restaurant l’Astrance à Paris a obtenu trois étoiles Michelin, il y a trois mois d’attente pour pouvoir faire une réservation!

Enfin, outre les critiques et les mentions, la qualité offerte par l’établissement est cruciale pour sa réputation. Elle ne doit pas seulement être constante, mais sans cesse renouvelée pour suivre les goûts qui changent.

Enjeux de crédibilité et de légitimité

Reconnaître l’influence des critiques gastronomiques et des guides soulève néanmoins la question de la crédibilité et de la légitimité de l’information. Quoique la plupart des participants à ce colloque semblaient s’entendre sur le fait que les critiques gastronomiques sont des journalistes suivant une éthique de travail stricte ou des rédacteurs de guide attentifs, on admet aussi que tous ne sont pas nécessairement sérieux et professionnels. N’importe qui peut s’improviser critique gastronomique ou rédacteur de chroniques culinaires. Il y a aussi lieu de s’interroger sur la façon dont les éditeurs de guides de voyage choisissent leurs auteurs ainsi que les établissements qui seront visités.

Dans un autre ordre d’idées, il est possible de «se payer» une renommée. Outre la vieille méthode du pot-de-vin – qui peut ici être comprise au sens littéral –, mentionnons aussi l’exemple de Las Vegas qui a fait venir les plus grands chefs pour se doter d’une réputation de destination culinaire. On peut cependant supposer que dans ce cas, ainsi que dans ceux dont les critiques ont été écrites par intérêt, l’impact est moindre ou éphémère parce que peu ancré dans une tradition.

Encore une fois, Internet bouleverse tout

La question du recul des guides gastronomiques au profit de l’Internet a été soulevée. Les amateurs de bonne cuisine rédigent d’intéressantes critiques sur le Web et sont généralement plus à jour. D’autres participants à la conférence demeuraient toutefois sceptiques quant à la validité des commentaires des clients qui foisonnent sur Internet.

On semble néanmoins arriver à un bel équilibre avec une formule mixte, comme celle du journal Voir. En effet, les critiques professionnelles, rédigées par des journalistes, donnent également la voix aux lecteurs qui peuvent inscrire leurs propres commentaires. Le lecteur peut donc lire différents avis sur un établissement de restauration et se faire sa propre idée.

Finalement, bien que l’on trouve de bonnes et de mauvaises informations sur le Web, c’est la masse critique qui peut générer la qualité. Comme d’autres domaines où l’ouverture du Web 2.0 permet à tout un chacun d’intervenir, on voit naître une intelligence collective.

Entre une couverture inégale du territoire et du type d’établissement, quelques doutes sur l’impartialité de certains auteurs et l’arrivée du Web participatif, la mesure de l’impact des médias sur le tourisme gastronomique est difficile. Mais en dehors de l’effet média, laissons la conclusion à M. Charles Lapointe, directeur de Tourisme Montréal, qui soulignait que «pour s’assurer un avenir prospère, il faut passer à l’excellence dans l’offre».

Source:
– Colloque Tourisme, gastronomie et médias, tenu à l’occasion des Entretiens Jacques-Cartier les 6 et 7 octobre 2008 à Montréal.

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