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Analyses - 21 novembre 2008

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novembre 2008

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Explications et réflexions sur le patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO

Le patrimoine culturel ne se limite pas aux monuments et aux lieux qui ont été préservés à travers le temps. Il embrasse à la fois les expressions vivantes et les traditions que d’innombrables communautés du monde entier ont apprises de leurs ancêtres et qu’elles transmettent à leurs descendants, souvent oralement. Saviez-vous que l’UNESCO a récemment officialisé une liste de chefs-d’œuvre du patrimoine vivant? Apprenez-en un peu plus…

Définition

Lors de sa 32e Conférence générale, en octobre 2003, l’UNESCO adoptait la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Celle-ci définit le patrimoine culturel immatériel comme étant «les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artéfacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes et les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel».

Pour être protégé par la Convention, il est également nécessaire de répondre à ces éléments de définition:

  • transmis de génération en génération;
  • recréé en permanence par les communautés et les groupes, en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire;
  • procure aux communautés et aux groupes un sentiment d’identité et de continuité;
  • contribue à promouvoir le respect de la diversité culturelle et de la créativité humaine;
  • conforme aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme; conforme aux exigences de respect mutuel entre les communautés et de développement durable.

Le patrimoine immatériel ou le patrimoine vivant se manifeste, entre autres, dans les domaines suivants:

  • les traditions et expressions orales (mythes, chansons, jeux, etc.);
  • les arts du spectacle;
  • les pratiques sociales, rituels et événements festifs;
  • les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers;
  • les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel.

Le patrimoine culturel immatériel est mis en péril par une uniformisation culturelle attribuable entre autres à la mondialisation, aux migrations des populations, au tourisme ainsi que par le manque de moyens, d’appréciation et de compréhension qui fragilisent ces éléments et qui peuvent entraîner le désintérêt des jeunes générations. D’où l’importance d’un cadre de sauvegarde.

Quelques exemples

En 2001, 2003 et 2005, l’UNESCO a proclamé 90 chefs-d’œuvre répartis dans près de 70 pays à travers le monde. Toutefois, la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité est «officiellement» née le 4 novembre 2008.

Vingt-six de ces éléments culturels appartiennent à l’Asie et au Pacifique, 20 à l’Europe, 19 à l’Amérique latine et aux Caraïbes, 18 à l’Afrique, 7 aux États arabes. Neuf d’entre eux touchent plus d’un pays.

Parmi quelques exemples de ce patrimoine, on trouve:

MtL_2008-11_UNESCO_immtrl_img1

La samba de Roda de Recôncavo de Bahia (Brésil) qui tire son origine des danses et traditions des esclaves de la région et qui a influencé la samba actuelle, un symbole essentiel de l’identité nationale brésilienne.

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Le Carnaval de Binche, en Belgique, qui remonte au Moyen Âge.

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La fabrication de tissus d’écorce, en Ouganda, une technique préhistorique antérieure à l’invention du tissage.

Ou encore :

  • les traditions et expressions orales des Pygmées Aka (République centrafricaine) ou des Ifugao aux Philippines (récits hudhud);
  • le Ballet royal du Cambodge;
  • les fêtes indigènes dédiées aux morts au Mexique;
  • les dessins de sable du Vanuatu;
  • l’art du travail du bois des Zafimaniry, forme traditionnelle d’artisanat;
  • les espaces culturels de Jemaa el-Fna au Maroc ou du district de Boysun en Ouzbékistan.

Consultez la liste complète à l’adresse suivante: http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?pg=00173.

Enfin, mentionnons que la Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel vise en quelque sorte à rétablir un équilibre entre les pays occidentaux et ceux de l’Afrique, de l’Asie ainsi que des Amériques Centrale et du Sud qui sont plus riches en traditions populaires et en rituels qu’en patrimoine matériel.

Fonctions de sauvegarde et de promotion

Il existe en fait deux listes internationales issues de cette convention:

  1. La liste représentative mentionnée précédemment s’inspire de la Liste du patrimoine mondial que nous connaissons et qui comporte 878 biens ou lieux. Cette liste a plus d’un rôle:
    –    procurer une meilleure visibilité;
    –    sensibiliser à l’importance de ce patrimoine;
    –    encourager le dialogue dans le respect de la diversité culturelle.
  2. La Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.

Le fait d’être inscrit sur l’une ou l’autre de ces listes peut aider à la sauvegarde ou à la promotion d’un élément du patrimoine vivant et à recevoir des appuis. Par exemple, la division chinoise de BMW a récemment apporté un soutien financier au China Intangible Cultural Heritage Protection Center.

Projets en demande

La liste s’allongera en 2009, puisque l’UNESCO a reçu un total de 112 candidatures émanant de 35 États. Selon le directeur général de l’organisme, le nombre élevé de candidatures présentées «démontre l’intérêt que suscite la sauvegarde du patrimoine vivant au sein de la communauté internationale». D’autres candidatures pourront être déposées chaque année.

Parmi les projets soumis, mentionnons la calligraphie chinoise. Celle-ci existe depuis plus de 3000 ans et malgré son caractère symbolique, sa pratique se déprécie et son existence «artistique» est en danger.

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Le 23 février dernier, Nicolas Sarkozy annonçait son audacieuse volonté d’inscrire la gastronomie française à la liste de l’UNESCO. La cuisine pourrait être classée dans la catégorie «pratiques sociales, rituels et événements festifs» ou «savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel». Le principal défi de la France est de cerner un angle d’approche pertinent qui permettra de circonscrire le «chef-d’œuvre». Pour l’instant, aucune gastronomie ne figure encore au patrimoine immatériel de l’humanité.

À propos du Québec et du Canada

À l’heure actuelle, aucun élément du patrimoine vivant des États-Unis et du Canada n’est reconnu par l’UNESCO. Mais le Canada héberge certaines richesses culturelles immatérielles qui mériteraient peut-être une sauvegarde et une promotion. Ne pensez-vous pas que l’art de la sculpture inuit ou certains rituels amérindiens s’inscrivent bien dans la philosophie de la Convention et qu’une forme de protection à leur égard s’impose? Quels autres éléments de notre folklore ou événements rejoindraient les valeurs de la Liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO?

Avec la mondialisation qui tend à uniformiser beaucoup de nos pratiques, chacun est aujourd’hui de plus en plus conscient que le patrimoine immatériel joue un rôle essentiel dans notre vie culturelle et sociale, qu’il nous enrichit par sa diversité et qu’il importe de le préserver.

Sources:

– Agence France Presse. «La gastronomie française, marque ou monument?», Journal de la culture France 24, 10 juillet 2008.
–  ChinaCSR. «BMW Aids China’s Intangible Cultural Heritage», [ChinaCSR.com], 9 octobre 2008.
–  Organisation des nations unies. «Naissance de la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité», Centre d’actualité de l’ONU, 4 novembre 2008.
–  Show China. «Calligraphie en train de devenir le patrimoine immatériel», [www.showchina.org], 2 octobre 2008.

Sur le Web:

Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel
–  Patrimoine immatériel

  • Mélodie Lachance

    Bonjour !

    J’ai lu le texte et la section sur le Québec et le Canada m’intéresse particulièrement…

    Je sais qu’il existe maintenant au Québec un organisme dédié à la sauvegarde du patrimoine immatériel que sont les témoignages et récits de vie. C’est le Musée de la mémoire vivante situé à Saint-Jean-Port-Joli dans la région de la Chaudière-Appalaches.

    Ce tout nouveau musée est super intéressant, car il rassemble les souvenirs des gens sous forme audio, visuelle ou écrite. La beauté de ce concept, c’est que le visiteur peut lui aussi y laisser sa trace en partageant ses souvenirs. Les expositions là-bas sont en constante évolution. Bref, c’est un musée à voir et revoir. Il y a un vidéo là-dessus sur le site du projet web-télé d’Estenouest de TV5 : http://www.destenouest.tv5.ca/. Allez-y pour voir !

    De plus, je vous laisse le site Internet du musée : http://www.memoirevivante.org.

    Merci Maïthé !

  • Mehdi Medjdoub

    Bonjour,

    Je tenais à préciser qu’il existe depuis 2004 un musée virtuel sis à Montréal qui se consacre aux histoires de vie.

    Fondé en 2004, le Musée de la Personne – Montréal est né à l’initiative du Centre d’histoire de Montréal.
    Il s’agit d’un musée virtuel qui collectionne des histoires de vie. À l’intérieur du site (museedelapersonne.ca), vous découvrez des témoignages, des images, des extraits vidéo et audio.

    L’idée originale du Musée de la Personne naît dans la ville de São Paulo au Brésil en 1991. Sa mission est de garantir à tous et chacun d’avoir son histoire de vie préservée. Afin d’étendre son action, le Museu da Pessoa encourage la mise en place de nouveaux musées à l’échelle mondiale. En 1999, l’Université de Minho au Portugal devient le premier partenaire. En 2002, l’Université de l’Indiana se joint au réseau. C’est dans cette foulée que le Musée de la Personne – Montréal voit le jour en 2004.

    Le Musée de la Personne est voué à la collecte d’histoires de vie. Sa mission est de permettre à tous de voir son histoire enregistrée, préservée et diffusée. L’approche du musée favorise la valorisation des individus et des communautés en proposant une réflexion sur l’identité.

    Ses objectifs sont:

    • Valoriser les histoires de vies
    • Encourager les individus et les communautés à devenir des acteurs de l’histoire
    • Créer une mosaïque de témoignages d’individus afin d’encourager le respect de la diversité culturelle, sociale, sexuelle, politique, ethnique et religieuse des divers groupes et communautés
    • Collaborer au rapprochement entre les générations, les groupes et les communautés
    • Garantir un accès libre et gratuit à la préservation et diffusion des histoires de vie.
    • Participer avec ses partenaires locaux et internationaux à l’élaboration d’un réseau virtuel d’histoires de vie.

    Voici quelques articles consacrés au musée:

    http://www2.canoe.com/voyages/sechapper/archives/2007/10/20071016-113407.html

    http://www.radiocanada.ca/artsspectacles/PlusArts/2006/11/24/008-musee_de_la_personne.asp

    http://www.musees.quebec.museum/publicsspec/actualites/creport/comptesrendus/fiches.phtml?RECNO=11503248

    Je tiens aussi à préciser qu’il existe aussi un autre acteur incontournable de l’histoire orale à Montréal c’est le Centre d’histoire orale et de récits numérisés de l’Université Concordia. Il s’agit d’un centre de recherche dans la discipline de l’histoire orale. Le CHORD porte une attention particulière au récits de vie. http://storytelling.concordia.ca/

    Merci

  • FALL Mandiaye

    Je prépare un master1 sur le patrimoine culturel immatériel.
    Est qu’il y’a des gens qui ont deja travaillé sur le sujet?

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