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Analyses - 4 mai 2009

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Portrait du tourisme durable au Québec en 2009

La nécessité de créer un tourisme fondé sur des principes du développement durable fait partie du cadre de la politique touristique générale depuis 2005 (1). La plupart des sous-secteurs touristiques, dont la Fédération des clubs de motoneigistes(2), se sont également fixé des objectifs globaux basés sur ces principes. Bien que la durabilité soit acceptée dans le secteur touristique québécois, en pratique, elle n’en fait pas partie intégrante, et ce, même si beaucoup d’entreprises et d’organismes ont pris de nombreuses mesures pour améliorer leur rendement. Dans ce contexte, ces gestes semblent isolés.

Efforts de collaboration

Jusqu’à maintenant, aucune des 21 régions touristiques ne s’est dotée d’une stratégie globale de développement durable, comprenant un énoncé de vision clair, un ensemble d’objectifs réalisables à court et à long terme ainsi que des outils d’évaluation des progrès. Pourtant, le tourisme est une activité économique importante au Québec; dans 12 régions, il génère directement au moins 3 % des revenus (3). Le tourisme a la possibilité d’être bien plus durable, étant donné que la plupart des régions possèdent d’abondantes ressources naturelles et culturelles de même que des économies diversifiées. Bien que l’exploitation des ressources naturelles constitue le fondement de bon nombre des régions du Québec, il existe un potentiel encore inexploité d’expansion touristique dans ces régions, qui faciliterait une plus vaste intégration économique. Un potentiel demeure également inexploité en matière de conservation de la biodiversité et de développement touristique sur des territoires publics et privés situés en dehors des réseaux de zones protégées gérés par la Sépaq et Parcs Canada.

Dans certaines régions, comme les Laurentides, des mesures concrètes ont été prises afin d’intégrer le tourisme de façon stratégique dans l’économie régionale par le biais du projet ACCORD du gouvernement provincial (4). Dans d’autres régions, des parties prenantes collaborent entre elles de plus en plus grâce à la création de différentes coopératives. Parmi celles-ci, on compte la réserve mondiale de la biosphère du Lac-Saint-Pierre (5), L’échappée bleue (6), le Parc Aventures Cap Jaseux (7) et la Coopérative de solidarité V.E.R.T.E. (8). Il existe certainement de nombreux autres projets locaux, mais ils n’ont pas fait l’objet d’études permettant de connaître leur valeur socioéconomique ou leur importance globale.

Il existe également 23 zones territoriales au Québec qui se sont dotées d’une stratégie Agenda 21e siècle local (A21L) (9), et l’un des meilleurs exemples de municipalité ayant une forte orientation touristique est celle de Baie-Saint-Paul. Là-bas, un processus A21L ainsi que la volonté et le leadership de certaines parties prenantes favorisent une concertation accrue de la part de la communauté en vue du développement du centre de villégiature Le Massif (10).

Changements opérationnels en vue d’améliorer le rendement

Certains exploitants touristiques fonctionnent depuis longtemps selon des idéaux de développement durable, tels que l’auberge Le Baluchon (11) et les zoos de Granby et de Saint-Félicien (12, 13). Cependant, très peu d’entreprises adoptent une stratégie transparente en matière de responsabilité sociale, comme celles qui ont été publiées par le Zoo de Granby et Transat A.T. (14). De nombreuses entreprises touristiques ont réduit leur consommation d’eau et d’énergie ainsi que la quantité de déchets éliminés grâce à différents moyens, mais leur effet global n’a pas été évalué. Les hôtels du Québec semblent faire des progrès manifestes, surtout depuis que l’Association des hôteliers du Québec a lancé son propre programme de reconnaissance, RéserVert (15). La Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ) a récemment modifié son système d’évaluation afin d’y inclure des facteurs environnementaux et effectue, au nom de l’Association des hôtels du Canada, des vérifications des établissements membres du programme Clé verte (16). Depuis quelques années, de nombreux événements, dont les congrès et les festivals comme le Festival International de Jazz de Montréal (17), deviennent de plus en plus écologiquement et socialement responsables. Un bon nombre d’autres exploitants touristiques ont également une politique de gestion de la chaîne logistique et achètent des produits locaux ou fabriqués de façon responsable. L’association touristique de l’Abitibi-Témiscamingue est la première à avoir été nommée «verte» par Recyc-Québec pour avoir récupéré plus de 80% des déchets de ses bureaux (18).

En plus de leurs efforts environnementaux, certaines entreprises touristiques contribuent à l’amélioration des relations Nord-Sud. Par exemple, L’Auberge l’Autre Jardin (19) verse des fonds directement aux pays en voie de développement par son soutien à Carrefour Tiers-Monde. Pour sa part, le Parc Safari vend des produits équitables provenant de ces pays (20). L’information sur les petites et moyennes entreprises (PME) québécoises et le développement durable est assez rare, ce qui laisse croire que les progrès sont minces. Étant donné que les PME composent la majorité de l’industrie touristique (21), une analyse de leurs progrès et des problèmes auxquels elles font face serait utile; elles pourraient ainsi se munir des outils adéquats pour effectuer les changements nécessaires au développement durable.

L’industrie touristique québécoise comprend un vaste choix de produits pour l’aider à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, comme le grand réseau de pistes cyclables conçu par Vélo-Québec (22), les vélos Bixi à Montréal (23) et les biobus dans le Vieux-Québec et à Montréal (24). Quelques entreprises et événements sont carboneutres, mais leur nombre et leur profil n’ont pas encore été répertoriés. Par exemple, Karavaniers du monde est le premier voyagiste du Québec à inclure le coût de la compensation d’émission de gaz à effet de serre dans ses prix (25). Les changements climatiques ne semblent pas préoccuper le secteur du tourisme québécois, malgré la vulnérabilité de certains produits, dont le ski, la motoneige et diverses autres activités extérieures (26).

Certains sous-secteurs du Québec, par exemple Aventure Écotourisme Québec, incitent depuis longtemps les entreprises et les touristes à être écoresponsables(27). On ne sait pas combien de touristes du Québec et d’ailleurs voyagent de façon écologique dans cette province. Sans aucun doute, les voyageurs québécois sont de plus en plus conscients de l’environnement et de la société qui les entourent. Étant donné que 88% des touristes au Québec sont d’origine québécoise, ceux-ci ont besoin de plus d’informations sur les progrès de l’industrie locale afin qu’ils puissent faire des choix judicieux (28).

Que réserve l’avenir?

Divers changements opérationnels se font à toutes les échelles afin d’améliorer le rendement environnemental et social du secteur touristique, mais en l’absence d’outils d’évaluation, impossible de connaître ses progrès réels. Le Québec n’est ni en avance, ni en retard sur les autres provinces canadiennes, bien qu’au Canada on ne fasse pas non plus d’étude nationale qui permettrait de comparer les progrès de chacune des provinces. Le secteur touristique du Québec commence à peine à développer le tourisme durable, et les exemples cités plus haut soulignent le besoin d’un plan d’action provincial jumelé à un ensemble d’outils d’évaluation efficaces.

Les outils de soutien et le réseau de connaissances permettant d’appliquer les principes du tourisme durable s’accroissent partout au Québec, et de nombreux établissements offrent des formations particulières en vue d’améliorer les aptitudes liées au domaine du tourisme des professionnels du développement durable en ressources humaines(29).

Il existe également un nombre accru d’outils et de mécanismes efficaces disponibles à l’extérieur du Québec qui permettent d’effectuer rapidement des changements et de maintenir un secteur viable et responsable. Toutefois, les dirigeants locaux restent l’élément essentiel à l’exécution d’un plan d’action. Le gouvernement doit aider davantage les sous-secteurs fragmentés à aller de l’avant et coordonner l’ensemble du processus au Québec. Les outils sont variés et bon nombre d’entre eux n’ont pas encore été mis à l’épreuve, dont l’incitation financière et les mesures volontaires.

Sources:

  1. Ministère du Tourisme du Québec (2005), Vers un tourisme durable. Politique touristique du Québec, Gouvernement du Québec, Québec, 37 p.
  2. La Fédération des clubs de motoneigistes du Québec (2008), Plan d’action quinquennal pour l’environnement de la FCMQ, La Fédération des clubs de motoneigistes du Québec (FCMQ), Montréal,8 p.
  3. Sauvé, R., La reconnaissance de l’industrie touristique dans l’économie locale et régionale, Présentation au Symposium international sur le développement durable du tourisme. Du 17 au 19 mars 2009, Québec, Canada. [http://www.bonjourquebec.com/mto/activites/symposium-developpement-durable/fr/programme-mercredi.html].
  4. Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation, Projet ACCORD [http://www.mdeie.gouv.qc.ca/index.php?id=2467] (page consultée le 14 avril 2009).
  5. La réserve mondiale de la biosphère du Lac-Saint-Pierre, Coopérative de solidarité de la réserve mondiale de la biosphère du Lac-Saint-Pierre. [http://www.biospherelac-st-pierre.qc.ca/content/cooperative.html] (page consultée le 14 avril 2009).
  6. L’échappée bleue, L’échappée bleue. Coopérative de Tourisme durable. [http://www.lechappeebleue.com] (page consultée le 14 avril 2009).
  7. Parc Aventures Cap Jaseux, Qui sommes-nous. [http://www.capjaseux.com/-Qui-sommes-nous-.html] (page consultée le 14 avril 2009).
  8. La Coop V.E.R.T.E., Qui nous sommes? [http://www.coopverte.com/coopverte/index.php?option=com_content&task=blogcategory&id=19&Itemid=37] (page consultée le 14 avril 2009).
  9. Gagnon, C. et E. Arth, Guide pour des Agendas 21e siècle locaux. Les Agendas 21e siècle locaux québécois. [http://www.a21l.qc.ca/9544_fr.html] (page consultée le 14 avril 2009).
  10. Le Massif, Territoire Le Massif. Le projet de développement. [http://www.lemassif.com/fr/territoire_le_massif/le_projet_de_developpement.php] (page consultée le 14 avril 2009).
  11. Le Baluchon, À propos du Baluchon. [http://www.baluchon.com/auberge-mauricie/index.cfm] (page consultée le 14 avril 2009).
  12. Zoo de Granby (2006), Réalisations en responsabilité sociale et environnementale, Zoo de Granby, Granby, 24 p.
  13. Zoo sauvage de Saint-Félicien, Au sujet du CCBB/Zoo sauvage. [http://www.borealie.org/page.php/fr/1/4.html] (page consultée le 14 avril 2009).
  14. Transat A.T. (2008), Transat pour un tourisme durable. Rapport de responsabilité sociale 2008, Transat A.T. Inc., Montréal, Québec, 44 p.
  15. L’Association des hôteliers du Québec, RéserVert, le Programme de reconnaissance en développement durable. [http://www.reservert.com/fr/page.php?label=r%E9servertleprogramme] (page consultée le 14 avril 2009).
  16. Corporation de l’industrie touristique du Québec, La CITQ est mandatée par l’Association des hôtels du Canada pour effectuer les visites Clé verte. [http://www.citq.info/classification] (page consultée le 14 avril 2009).
  17. Festival International de Jazz de Montréal, Une édition 2008 carboneutre. [http://www.montrealjazzfest.com/Fijm2008/planetAir_fr.aspx] (page consultée le 14 avril 2009).
  18. Bisson, K., Là où commence un tourisme plus vert. [http://lafrontiere.canoe.ca/webapp/sitepages/content.asp?contentid=87930&id=836&classif=] (page consultée le 16 avril 2009).
  19. L’Auberge l’Autre Jardin, Mission et historique. [http://www.autrejardin.com/auberge.php] (page consultée le 15 avril 2009).
  20. Ranger, J.-P., Tourisme durable. Parc Safari, Présentation au Symposium international sur le développement durable du tourisme. Du 17 au 19 mars 2009, Québec, Canada. [http://www.bonjourquebec.com/mto/activites/symposium-developpement-durable/fr/programme-mercredi.html].
  21. Ministère du Tourisme du Québec, Programmes et services aux entreprises touristiques.  [http://www.bonjourquebec.com/mto/ministere/index.asp] (page consultée le 15 avril 2009).
  22. Lareau, S., Tourisme durable et vélo. Présentation au Symposium international sur le développement durable du tourisme, Du 17 au 19 mars 2009, Québec, Canada. [http://www.bonjourquebec.com/mto/activites/symposium-developpement-durable/fr/programme-mardi.html].
  23. Tourisme Montréal. BIXI: Le vélo libre-service à Montréal. [http://www.tourisme-montreal.org/Presse/A-la-une/En-manchettes/bixi-le-velo-libre-service-a-montreal] (page consultée le 15 avril 2009).
  24. Société de transport de Montréal, Pendant un an, 155 autobus de la STM rouleront au biodiésel au centre-ville de Montréal (communiqué de presse). [http://www.stm.info/info/biobus.htm] (page consultée le 15 avril 2009).
  25. Karavaniers du monde, Cuba. Mère des Caraïbes. Informations techniques. [http://www.karavaniers.com/voyages/calendrier/?voyage_depart=134] (page consultée le 15 avril 2009).
  26. Singh, B. et C. Bryant (2006), Impact et adaptation aux changements climatiques pour les activités de ski et de golf et l’industrie touristique: le cas du Québec, Rapport préparé pour Ouranos Inc., Département de géographie, Université de Montréal, Montréal, 404 p.
  27. Aventure Écotourisme Québec, Programme Sans trace. [http://www.aventure-ecotourisme.qc.ca/content/templates/content_fr.asp?articleid=4&zoneid=2] (page consultée le 15 avril 2009).
  28. Tourisme Québec (2009), Le tourisme au Québec en bref – 2007, Ministère du Tourisme du Québec, Québec, 16 p.
  29. Villeneuve, C., Chaire en éco-conseil. [http://www.uqac.ca/recherche/organismes/chaire_ecoconseil.php] (page consultée le 15 avril 2009).
  • Aziz FASKAOUNE

    Bonjour,
    Je vous écris aux noms des membres de l’association Sciences de l’Environnement, de la Vie et de l’Education (SEVE), c’est une association qui a été créée en 2009 et a débuté ses interventions dans la vile de Safi en partenariat avec les associations des quartiers et avec l’association franco-marocaine Le Partenariat-Maroc dont le siège est à Lille.
    L’association intervient actuellement dans le milieu rural dont les besoins sont très remarquables menant des activités dans les domaines de l’éducation, de l’accès à l’eau et aux infrastructures de base, de la sensibilisation aux notions de l’écologie et de développement durable ainsi que le soutien à d’autres associations locales (via la préparation et la mise en place de projets communs ou non).
    Ex. De projets réalisés :

    • Eau-sanitaires-environnement en milieu scolaire
    • Accès a l’eau pour un développement agricole durable
    • Sensibilisation et Education à l’Environnement et au Développement Durable en milieu scolaire SEEDD
    • Gestion concertée et éco-respectueuse de la ressource en eau dans la province de Safi
    • Environnement, Eau et Assainissement en Milieu Scolaire » (E.E.A.M.S.)
    • Pépinière communautaire
    ….
    Aujourd’hui on veut développer un autre aspect de projet, c’est l’écotourisme solidaire, mais on n’a pas de structure qui travaille dans ce domaine surtout dans la province de Safi malgré les richesses naturelles, culturelle et paysagères disponibles.

    Nous souhaiterions donc savoir si vous avaiez déjà des projets dans le Maroc ou si vous connaissez des association qui seraient susceptible de soutenir ce projet.

    Pour plus d’informations, je vous enverrai l’idée de ce projet dès votre réponse.

    Je vous remercie par avance de votre attention,

    Meilleures salutations,

    Aziz FASKAOUNE
    Président de SEVE
    GSM :06 75 49 14 31
    naturaliste.ma@yahoo.fr / ass.seve@gmail.com
    Centre social Laârissa
    Quartier Laârissa -46000
    Safi-Maroc

    • Maïthé Levasseur

      Bonjour,
      Nous ne travaillons pas à ce type de projet. Le Réseau de veille fait partie d’une unité de recherche de l’Université du Québec à Montréal et a pour mission la diffusion d’informations stratégiques. Nous ne connaissons pas les structures ou organisations marocaines. Je publie néanmoins votre commentaire, peut-être interpellera-t-il nos lecteurs.
      Cordialement,

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