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Analyses - 1 septembre 2009

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septembre 2009

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Imprimer Perspectives, Ressources humaines,

Si la tendance se maintient… grave pénurie de main-d’œuvre dans les prochaines décennies

L’offre de la main-d’œuvre aura de plus en plus de difficulté à suivre le rythme de croissance de la demande. Les chiffres indiquent que la situation se détériorera et que la pénurie potentielle de main-d’œuvre dans le secteur touristique pourrait atteindre, en 2025, 256 700 postes au Canada et 55 400 au Québec. Le secteur de la restauration sera le plus fortement touché, et seuls les services de voyages échapperont à cette tendance. On doit agir sans tarder afin de déjouer les prévisions et de ne pas perdre des milliards de dollar$.

Le Conseil canadien des ressources humaines en tourisme (CCRHT), l’Institut canadien de recherche sur le tourisme et le Conference Board du Canada ont travaillé en partenariat afin de mesurer les répercussions des tendances démographiques et économiques à long terme sur l’offre et la demande de  main-d’œuvre dans le secteur du tourisme au Canada. Le récent rapport L’avenir du secteur du tourisme au Canada: reprise économique et retour des pénuries de main-d’œuvre fait état de ces données et met à jour l’étude L’avenir du secteur du tourisme au Canada: de grandes possibilités … un petit bassin de main-d’œuvre, publiée en juin 2008.

Une année de sursis avant que la pénurie de main-d’œuvre s’accentue

La croissance du secteur touristique nécessitera un plus large bassin de travailleurs et l’offre de la main-d’œuvre aura de la difficulté à répondre à cette demande pour les raisons suivantes:

  • départs massifs des baby-boomers à la retraite;
  • population vieillissante;
  • chute du taux de fécondité qui engendre une diminution du nombre de jeunes qui entrent sur le marché du travail;
  • immigration qui, malgré son augmentation, ne peut contrecarrer les effets négatifs de la pénurie annoncée et qui est principalement constituée de travailleurs hautement qualifiés;
  • concurrence d’autres secteurs de l’économie pour attirer les travailleurs.

Bien que les conditions économiques actuelles atténuent ce manque à gagner, le déséquilibre s’accentuera dès la reprise en raison de la croissance de la demande touristique, cette dernière étant stimulée, entre autres, par la retraite des baby-boomers.

Parmi les principales préoccupations des gestionnaires au cours des cinq prochaines années, les problèmes liés à la main-d’œuvre occupent le premier rang (65%). Le recrutement et le maintien en poste des travailleurs deviendront des enjeux cruciaux.

En 2025, dans l’industrie touristique canadienne…

  • On estime la demande potentielle de biens et services touristiques à 237 milliards de dollars, alors qu’elle était de 152 milliards de dollars en 2006. La plus forte augmentation devrait survenir entre 2010 et 2015.
  • La demande d’emploi pourrait passer de 1,71 million en 2006 à 2,21 millions en 2025, soit une hausse de 29%.

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N.B. La courbe de la demande du transport n’est pas visible, car elle chevauche la courbe de l’hébergement.

  • L’offre de main-d’œuvre étant inférieure à la demande de 11,6%, la pénurie d’emplois se traduit par 256 669 postes non comblés (graphique 2).
  • De façon générale, les provinces et les villes qui emploient le plus grand nombre de travailleurs sont celles qui connaissent les pénuries de main-d’œuvre les plus marquées.

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  • L’Alberta et Calgary affichent les taux de croissance de la demande de main-d’œuvre les plus élevés, avec respectivement  45% et 51%. La demande des travailleurs de la province devrait passer de 193 308 emplois en 2006 à 279 269 en 2025, et pour Calgary, de 71 720 à 108 323.
  • L’Ontario connaît la pénurie la plus sévère, ne pouvant pourvoir 97 903 postes (graphique 3).
  • Le Nouveau-Brunswick est aux prises avec le taux le plus élevé de pénurie d’emplois par rapport à la demande, soit 17,2%. À ce chapitre, les provinces de l’Atlantique occupent le haut du classement grâce à leurs taux allant de 13,2 à 17,2%.

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  • Les villes les plus touchées par le problème de pénurie d’emplois sont, dans l’ordre: Toronto (49 606), Montréal (30 491), Vancouver (27 134), Calgary (11 553), Edmonton (10 934).

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  • La restauration est le secteur d’activité qui connaît la plus grande croissance de la demande et qui est le plus touché par le manque de travailleurs, soit 172 258 (graphique 4). Ce secteur compte quatre des cinq professions qui font face à la plus grave pénurie: préposé au comptoir et aide-cuisinier (55  256 postes), préposé au service des mets et boissons (51 855 postes), cuisinier (18 964 postes), préposé au bar (10 880 postes) – (ces chiffres incluent les besoins de l’hébergement). Animateur et responsable de programmes de sports et loisirs constitue la cinquième fonction de travail, ayant 8635 postes non pourvus. Le secteur «loisir et divertissement» occupe le deuxième rang des secteurs les plus touchés par la pénurie.
  • En raison d’un surplus de 231 emplois, le secteur des services de voyages est celui qui s’en tire le mieux.

En 2025, dans l’industrie touristique québécoise…

  • On estime le besoin de main-d’œuvre à 438 167 emplois, tous secteurs confondus, soit une hausse de 17% par rapport à 2006 (374 912 emplois).
  • L’offre étant inférieure à la demande de 12,6%, on évalue le manque à gagner à 55 379 emplois, alors qu’il était de 4953 en 2006 (graphique 5).

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  • Tout comme au Canada, la restauration est le secteur le plus durement touché au Québec. Après un surplus en 2010, la pénurie de main-d’œuvre pourrait dépasser les 35 000 travailleurs en 2025 (graphique 6).
  • Les services de voyages représentent le seul secteur épargné. L’offre québécoise surpasse la demande de près de 300 travailleurs.

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Essayons de faire mentir les chiffres

Comment faire en sorte que ces prévisions catastrophiques ne se réalisent pas? Pas de baguette magique pour régler la situation!

Selon le rapport L’avenir du secteur du tourisme au Canada…, une augmentation des salaires ne saurait régler le problème. Les entreprises étant forcées de «refiler» la hausse des coûts d’exploitation aux clients, on estime que cette stratégie ferait fléchir la demande. En fait, elle augmenterait l’offre de 50 200 emplois et en contrepartie, la baisse de la demande engendrerait des pertes évaluées à 22,2 milliards de dollars en dépenses touristiques.

Accroître la productivité et l’offre de la main-d’œuvre demeure un défi réalisable si l’industrie, les gouvernements, les maisons d’enseignement travaillent de concert afin d’améliorer l’attractivité des emplois et de réduire les barrières qui entravent l’entrée aux travailleurs potentiels. Et… les entreprises ne doivent surtout pas négliger la gestion des ressources humaines au quotidien.

À consulter:
Vous pouvez consulter le rapport L’avenir du secteur du tourisme au Canada… afin d’obtenir plus de détails au sujet des données ainsi que des statistiques intéressantes en cliquant ici.

Sources:
– Conseil canadien des ressources humaines en tourisme. L’avenir du secteur du tourisme au Canada: reprise économique et retour des pénuries de main-d’œuvre, Institut canadien de recherche sur le tourisme et Conference Board du Canada, mars 2009.
– Conseil canadien des ressources humaines en tourisme. L’avenir du secteur du tourisme au Canada: reprise économique et retour des pénuries de main-d’œuvre – Québec 2009, Institut canadien de recherche sur le tourisme et Conference Board du Canada, 2009.
– Conseil canadien des ressources humaines en tourisme. L’avenir du secteur du tourisme au Canada: de grandes possibilités … un petit bassin de main-d’œuvre, Institut canadien de recherche sur le tourisme, Conference Board du Canada et The Bristol Group, juin 2008.
– The Conference Board of Canada. «Tourism Labour Shortages to Re-Emerge as the Economy Recovers», Travel Exclusive, juillet et août 2009.

  • Etienne Théroux

    Mais pourquoi personne ne pense au WHV pour contrer le phénomène et avoir un plus grand bassin de main-d’oeuvre?

    En plus, ces jeunes constituent une manne de touristes supplémentaires, ils restent longtemps et dépensent dans l’économie locale et amènent un énergie diversifiée et rafraîchissante.

    Et pour ceux qui croient qu’il s’agirait d’une fuite de capital, des études prouvent que les jeunes voyageant en WHV dépensent plus qu’ils n’en gagnent. Contactez-moi pour plus de détails.

    Je n’ai pas encore trouvé d’articles qui en parlent. Pourtant, ce n’est pas un phénomène inexistant au Canada, pourquoi ne considérons-nous pas cette option?

    • Michèle Laliberté

      Vous proposez une alternative intéressante: le work holiday visa. Dans un texte qui sera diffusé demain dans le Globe-Veilleur et sur notre site, des solutions sont proposées et certaines rejoignent votre suggestion.

  • Etienne Théroux

    En effet, j’ai bien apprécié lire ce texte!

  • Christophe Mengus

    Bonjour,

    Je suis surpris par cette analyse, car j’ai proposé ma candidature à plusieurs sociétés touristiques canadiennes et n’ai jamais reçu de réponse…j’ai donc pensé que vous aviez trop de professionnels dans le secteur du tourisme!
    Je suis guide de montagne, encadre depuis 10 ans des treks à l’étranger!
    A bientôt.
    Cordialement,

    Christophe Mengus

    • Michèle Laliberté

      Il m’est difficile de vous répondre. La morosité économique peut ralentir l’embauche ou peut-être est-ce un domaine où le manque de main-d’oeuvre est moins criant.

  • LAURIOT Serge

    Étant dans le secteur de la restauration il existe une solution à l’économie du personnel en cuisine avec la cuisson à basse température. Je peux vous donner des renseignements si vous le désirez…

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