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Compte-rendu de conférence - 9 décembre 2011

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décembre 2011

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Quand le paysage s’anime pour être raconté aux visiteurs

Lorsque les gens connaissent l’histoire qui se cache derrière le paysage, ils sont beaucoup plus susceptibles de vouloir le protéger, de partager les récits qui le concernent et de ressentir une fierté à son égard. Pour sensibiliser la population à la richesse de son milieu, un organisme de la Belgique met de l’avant une initiative inspirante d’analyse du paysage. Le succès de cette démarche réside surtout dans l’implication de la population locale. Les résidents se sont, d’une certaine façon, réapproprié leur région. Voilà une touche distinctive qui constitue un bel atout pour une destination touristique.

Ce projet a été présenté à l’occasion de la conférence annuelle Atlas 2011, en Lettonie, qui portait sur le paysage et sa relation avec le tourisme.

L’histoire

Sur la majorité du territoire de l’Europe occidentale, la nature, la culture et l’humain sont intimement reliés. Plusieurs actions humaines sont responsables des changements du paysage: les méthodes de culture de la terre, l’extraction de ressources naturelles, la déviation de cours d’eau, le patrimoine bâti, etc.

Dans la vallée de la rivière Démer, la majorité de la population locale, surtout les plus jeunes, ignorait l’histoire qui sous-tend le paysage actuel de la région. Les transformations apportées effacent habituellement les traces des utilisations passées, et les signes encore visibles de changement de vocation ne suscitent pas nécessairement d’intérêt. Pourtant, l’analyse des différentes époques d’un paysage permet de découvrir une partie de l’héritage culturel d’une région.

À partir de cette problématique, l’organisme belge Regionaal Landschap Noord-Hageland a mis en place une démarche d’analyse du paysage de cette région afin:

  • de colliger et conserver les informations sur l’utilisation du territoire au fil des décennies avant qu’elles ne soient perdues ou oubliées;
  • de faire prendre conscience aux résidents des transformations apportées par l’homme et des histoires qui y sont reliées;
  • de faire un exercice de remue-méninges avec les habitants de la région, pour mieux cerner l’identité du lieu;
  • de susciter une prise de conscience régionale, de faire voir le paysage comme un élément identitaire et comme un atout touristique;
  • d’amener la population locale à s’engager dans la transmission des connaissances relatives au paysage et dans l’évolution de la région en général.

La démarche

La démarche étant inspirée d’une initiative du Royaume-Uni (ABC Reading your locality), l’un des objectifs était de concevoir un petit dictionnaire reflétant l’identité de la vallée du Démer. Ce document devait s’adresser aux résidents de longue date comme aux nouveaux arrivants, aux touristes ainsi qu’aux guides-interprètes. Voici comment l’organisme a procédé pour recueillir l’information qui, soulignons-le, n’est pas toujours documentée.

  • Création d’un comité directeur, de groupes de travail et apport important du regroupement local pour l’histoire de la région.
  • Appel général auprès de la population pour identifier les éléments typiques du secteur.
  • Entrevues auprès d’aînés (25) concernant les utilisations du territoire de même que les activités et les habitudes des gens de la région dans le passé.
  • Création d’une liste de thèmes basée sur les témoignages historiques oraux, les archives, les anciennes photos, les connaissances géographiques, la botanique, l’histoire, bref sur l’ensemble des informations recueillies lors du processus.
  • Compilation d’affiches, de cartes postales, de photos et de brochures dépeignant la région au fil du temps.
  • Définition des termes retenus pour le montage du document «L’ABC de la vallée du Démer» (traduction libre du néerlandais: Het ABC van de Demervallei).

Ce processus a permis à la population de prendre conscience de l’évolution du paysage depuis les 100 dernières années. Autrefois un environnement de travail, où le paysage dévoilait l’exploitation de la terre par la culture et l’extraction des ressources naturelles, ce paysage rural n’a plus cette vocation. Aujourd’hui, c’est un lieu de contemplation de la nature, avec quelques cultures d’une moins grande ampleur qu’au début du 20e siècle. En effet, on y trouvait des tourbières et des champs de foin à vaches. On y a aussi fait l’extraction de fer et de grès – les bâtiments en témoignent –, deux composantes importantes de l’identité de la région. Les paysages ouverts, dégagés ont laissé la place à des scènes plus chargées avec des arbres et des arbustes, qui ont poussé à la suite de l’abandon de certaines de ces activités. Les gens s’adonnaient régulièrement à la baignade et à la pêche jusqu’à une certaine époque, mais la pollution des cours d’eau a mis fin à la pratique de ces loisirs dans la région.

 

La transmission des connaissances

Les résultats de cette démarche ont été intégrés au document «L’ABC de la vallée du Démer», publié seulement en néerlandais pour l’instant. Cet «alphabet» invite à l’analyse du paysage. Des formations et du matériel pour les guides naturalistes et touristiques ont aussi été développés. L’histoire écologique et l’utilisation du territoire font également partie des tours guidés culturels. Les résidents participent aux soirées causeries «ABC» pendant lesquelles on peut entendre des experts et des témoins parler des utilisations passées du territoire. Le public est ensuite invité à partager ses connaissances liées au thème de la soirée. Enfin, ce projet a permis de libérer les mémoires et de documenter le paysage.

 

Source:

– Wouters, Katty. «Reading landscapes – the example of a river valley alphabet in Flanders», Atlas annual conference 2011 – «Landscape and Tourism: The dualistic Relationship», Valmiera en Lettonie, 21 septembre 2011.

Site Web:

Regionaal Landschap Noord-Hageland

  • QUACCHIA Eric

    Bonjour,

    Magnifique illustration de storytelling touristique avec implication de la population locale…

  • Momokana Augustin Roger

    Très louable initiative. Elle permet de mieux connaître le territoire, et d’en constituer la mémoire historique. En plus, les guides-interprètes ont plus d’arguments pour donner satisfaction aux touristes.
    Merci pour cette initiative qui va inspirer plusieurs organisations de par le monde.

  • ecasau

    Belle démonstration! Des démarches d’analyse similaires sont présentes au Québec, notamment au travers des processus de planification des lieux historiques et parcs nationaux : consultations publiques, partenariats avec les communautés locales et autochtones, etc. Plusieurs projets de mise en valeur de ces lieux voient également le jour grâce à de belles collaborations avec des populations locales ou groupes de personnes concernées (ex. ”Je me rappelle encore …” au Canal Lachine, ”Ces gaspésiens du bout du monde” au Parc national Forillon). Le concept de l’ABC est intéressant, peut-être une belle façon de présenter les résulats d’analyse de manière plus accessible et pertinente pour tous.

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