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Analyses - 17 juillet 2012

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juillet 2012

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Le tourisme communautaire ajoute une couleur locale à la durabilité

Grâce à sa récente croissance, le tourisme durable s’est fait davantage connaître. Il a également permis à de nombreuses autres formes de tourisme centrées sur la durabilité sociale et environnementale de voir le jour. L’une de ces formes est le tourisme communautaire, que l’on décrit comme étant «local et géré par la communauté qui, par conséquent, reçoit une bonne partie des bénéfices» (Trejos et Chiang, 2009). Ce type de tourisme sert souvent à promouvoir la durabilité environnementale, surtout dans les zones protégées.

Idéalement, le tourisme communautaire vise l’amélioration des conditions de vie de la communauté par le biais des trois piliers de la durabilité: économique, social et environnemental. Notre étude récente sur le tourisme communautaire nous a permis de constater ses six éléments principaux:

  1. Participation et formation de la communauté
  2. Collaboration et partenariat avec l’industrie
  3. Gestion et autonomisation locales
  4. Objectifs environnementaux et communautaires
  5. Aide des secteurs public et privé
  6. Considérations financières pour une durabilité à long terme

Participation et formation de la communauté

Le succès du tourisme communautaire dépend beaucoup de la capacité de la communauté à travailler ensemble et à s’entendre sur un plan d’action pour sa stratégie touristique. Les membres de la communauté doivent pouvoir choisir des dirigeants et décideurs compétents afin que les divergences d’opinions ne nuisent pas constamment au processus décisionnel. Les dirigeants doivent également s’assurer que la communauté participe activement au projet; les communautés qui accueillent favorablement les touristes ont un meilleur taux de réussite que celles qui négligent ou méprisent les visiteurs.

La cohésion et l’attitude de la communauté déterminent sa réussite au même titre que ses aptitudes et ses connaissances. Étant donné que le niveau de scolarité de nombreuses communautés désirant faire du tourisme communautaire est généralement peu élevé, des cours de perfectionnement en anglais ou des cours en gestion du tourisme et de l’hôtellerie, en marketing, en communications, en finance et en gouvernance, ainsi qu’une formation pour les guides, sont cruciaux pour leur succès.

Collaboration et partenariat avec l’industrie

En plus d’obtenir la formation nécessaire, les destinations se livrant au tourisme communautaire, et surtout celles misant sur le tourisme rural, devraient collaborer avec l’industrie touristique afin de diminuer de façon considérable leur risque d’échec. Un partenariat avec les hôtels et les voyagistes permet à une destination d’accéder à un marché bien plus vaste grâce à une meilleure visibilité et à un marketing accru.

Gestion et autonomisation locales

Si la communauté locale gère son propre projet avec succès, cette autonomisation aura des retombées positives pour la région. Les membres de la communauté pourront améliorer leurs aptitudes et assurer davantage le bien-être des leurs, tout en faisant preuve d’une plus grande fierté locale et culturelle. Ces aptitudes et cette fierté inciteront davantage de touristes à visiter la région, se traduisant par une meilleure réussite du projet.

Cependant, il doit y avoir un équilibre entre cette autonomisation et la collaboration et les partenariats avec l’industrie; en effet, une intervention externe trop grande diminuera la participation communautaire, tandis que le contraire limitera la taille du marché que la communauté pourrait rejoindre.

Objectifs environnementaux et communautaires

Ces objectifs dénotent l’engagement d’une communauté face à la durabilité. En se fixant des objectifs environnementaux, la communauté évite de se concentrer uniquement sur les gains pécuniaires. Parmi les objectifs environnementaux communs, on compte les projets de conservation, l’agriculture biologique, le reboisement et la gestion des déchets, de l’eau et de l’énergie.

Puisque le tourisme communautaire vise l’amélioration des conditions de vie de la communauté, les objectifs sociaux sont tout aussi importants. Ils se traduisent souvent par la construction d’écoles, l’approvisionnement en eau des communautés ainsi que par la formation des résidents et leur embauche dans le cadre des attractions touristiques.

Aide des secteurs public et privé

Les projets de tourisme communautaire nécessitent généralement du financement; les organismes subventionnaires et les organismes non gouvernementaux sont souvent sollicités pour soutenir l’amélioration d’infrastructures, l’achat d’équipement et la formation.

De nombreux pays commencent également à établir des politiques nationales de mise en œuvre de projets de tourisme communautaire. Ces politiques couvrent, notamment, l’aide technique et financière pour la création de tels projets.

Considérations financières pour une durabilité à long terme

En raison d’un manque de connaissances, la stabilité financière à long terme est difficile à atteindre pour bon nombre de projets. Pour cette raison, on propose aux communautés de voir le tourisme comme une source supplémentaire de revenus, qui peut être greffée à leurs moyens habituels de subsistance. Par exemple, les caféiculteurs pourraient, en implantant le tourisme du café, offrir aux touristes une visite de leurs plantations.

Exemples d’ici et d’ailleurs

La communauté autochtone de Manawan, qui fait partie de la nation atikamekw au Québec, a mis sur pied un modèle de tourisme durable où les clients vivent une expérience authentique d’apprentissage, d’aventure et d’échanges culturels avec des guides locaux, terminant leur journée par une nuitée dans un tipi. L’élaboration d’activités touristiques par le chef du Conseil de bande a été soutenue par de nombreux membres de la communauté. Ils y ont vu l’occasion de créer des entreprises et des emplois en misant sur la beauté du cadre naturel et la richesse culturelle de leurs traditions, tout en partageant leurs habitations caractéristiques avec leurs hôtes.

 

Source: Tourisme Manawan

 

Situé à Montego Bay, en Jamaïque, The Rastafari Indigenous Village est un centre culturel qui porte sur le mode de vie des habitants de la région. Les touristes y découvrent le patrimoine naturel de la Jamaïque. Ils peuvent également y battre du tambour, danser, faire de l’artisanat, cuisiner ou travailler dans les jardins d’herbes biologiques et médicinales. Peuplé d’authentiques familles rastafari, le village est une entreprise communautaire qui croît lentement, mais qui réussit bien dans l’ensemble.

Source: Kipahulu ‘Ohana

La clé du succès

Somme toute, réussir un projet de tourisme communautaire peut être difficile; surmonter des obstacles tels que le manque d’aptitudes, de gestion, de marketing et de financement l’est tout autant. Toutefois, grâce à l’équilibre des pouvoirs, une communauté peut tirer profit d’un contexte où les aspects environnementaux, sociaux et financiers sont pris en compte.

 

Sources:

– Ping, W. “Community-Based Ecotourism and Development in Northern Thailand”.

– Trejos, B. & Chiang, L.-H. “Local economic linkages to community-based tourism in rural Cost Rica”, Singapore Journal of Tropical Geography vol 30, 2009, p 373.

 

Sites Internet:

Kipahulu ‘Ohana

Tourisme Manawan

 

Rachel Dodds, professeure, Ted Rogers School of Hospitality & Tourism Management, Ryerson University

Rachel Dodds est reconnue à travers le monde en tant qu’experte du tourisme durable. Elle est professeure à la Ted Rogers School of Hospitality and Tourism Management à l’Université de Ryerson et directrice de la firme de consultants Sustaining Tourism. Elle est l’auteure des livres “Power and Politics” et “Sustainable Tourism in Islands”. Ses champs d’expertise se concentrent sur le tourisme durable, les changements climatiques et la responsabilité sociale des entreprises. Elle est titulaire d’un Ph.D. de l’Université de Surrey en Angleterre et d’une Maîtrise en gestion du tourisme de l’université de Griffith en Australie. Elle est membre fondatrice de la Canada’s Icarus Foundation, participe au Sustainability Council for the Tourism Industry Association et est ex-membre de la Travel and Tourism Research Association of Canada. Elle a vécu et travaillé sur quatre continents et a voyagé dans plus de 75 pays.

Champs d’expertise:

  • Tourisme durable
  • Changements climatiques
  • Responsabilité sociale des entreprises

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