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Analyse - 28 mars 2014

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mars 2014

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Aménagements urbains et plaisirs d’hiver

L’hiver revient à la mode! Au-delà des grands événements et des jeux de lumières hypnotisants, une ville d’hiver vivante et attrayante doit également être une vitrine sur un mode de vie nordique. Pour qu’il en soit ainsi, les espaces publics du quotidien doivent permettre aux résidents d’aller jouer dehors.

Il y a quelque chose de spécial dans le sentiment d’être heureux dans le froid, dans le moment précis où nous nous libérons du stress climatique pour apprécier la beauté subtile d’un paysage qui se cristallise. Pour créer cette impression et attirer les gens dehors, l’aménagement des espaces extérieurs doit toutefois remplir certaines conditions, dont voici quelques principes de base.

  1.  Limiter les inconforts: Disperser les vents, maximiser l’accès aux rayons du soleil, drainer la «sloche» hors des parcours piétons (y a-t-il un ingénieur civil dans la salle?). Créer des espaces qui incitent à la proximité physique, sont meublés de sources de chaleur, sont bien encadrés par des bâtiments, où l’interaction entre l’extérieur et l’intérieur est fluide et invitante dans les deux directions.
  2. Permettre des activités: Qui font bouger, mettent en valeur l’ambiance hivernale, mettent à profit ce nouvel environnement qui s’offre à nous. Les activités doivent être rendues possibles par des aménagements particuliers, il faut y penser! Par exemple, il est bel et bien possible d’aménager une piste de ski de fond en milieu urbain.
  3. Illuminer l’hiver: Miser sur l’esthétique particulière de cette saison froide et sombre.

Comment matérialiser ces principes en aménagements urbains concrets, et ainsi former des espaces publics hivernaux de qualité? Voici quelques apprentissages tirés d’études d’aménagement d’espaces publics hivernaux de villes scandinaves, offrant un regard différent sur un contexte similaire.

Le réseau blanc: l’hiver tentaculaire

À en juger par la popularité et la nature des activités pratiquées à l’extérieur, les meilleurs exemples d’espaces publics hivernaux observés en Scandinavie possèdent des caractéristiques communes : ils sont variés, proposent différentes activités et sont liés au sein d’un réseau qui met la saison en valeur. Cette mise en réseau des espaces hivernaux est primordiale : au Québec, nos villes et villages sont généralement dotés d’une pente pour glisser, d’une patinoire, de lumières dans le centre-ville, etc., mais il manque un lien entre ces espaces. Un milieu de vie, c’est bien plus que la somme de ses lieux, c’est aussi la manière dont nous transitons d’un espace à un autre. Une ville d’hiver, ce sont des parents qui vont à l’épicerie avec leur enfant dans un traîneau, une patinoire de 12 km, une rue piétonne parsemée de foyers… oui, une rue piétonne, même l’hiver, et oui, un foyer extérieur, en ville. Vous verrez, ça donne envie d’aller jouer dehors!

À travers ces études de cas, nous avons défini six types d’espaces publics aménagés pour accueillir des activités hivernales:

  • L’étendue d’eau est un point central d’activités hivernales et un lieu qui devient accessible lorsque la couche de glace est assez épaisse. Il faut toutefois penser à installer des structures coupe-vent, et pourquoi ne pas y aménager des tables de pique-nique avec un barbecue, comme à Luleå, en Suède? Plus près de chez nous, le village sur glace de Roberval est aussi un très bel exemple.

Activités: sports de patin, ski de fond, sauna et spa nordiques, ski cerf-volant, pêche sur glace, motoneige, traîneau à chiens, plage sur neige, kiosques d’animation et casse-croûtes.

  • Les forêts protègent du vent, constituent des réserves de neige presque inépuisables et sont parmi les plus beaux endroits qu’il est possible de fréquenter pendant l’hiver. Tellement simple, mais plus difficile à conserver dans le centre de nos villes que nous le croyons généralement.

Activités: raquette, promenade, appropriation non planifiée, construction de forts, de bonshommes de neige, ski de fond, glissades.

  • Tout le Québec connaît les joies d’une pente enneigée. Il suffit d’aménager dans ces pentes une glissade sécuritaire et excitante.

Activités: glissades, ski, planche à neige.

  • Le parc hivernal est un concept que nous connaissons bien au Québec. C’est là que des aménagements propices aux activités hivernales sont regroupés autour d’un chalet.

Activités: sculptures sur glace et sur neige, glissades, théâtre en plein air, illuminations interactives, patinoires, variantes du curling, feux à aire ouverte.

  • En Scandinavie, les places publiques dépassent rarement 30 m de longueur. Cela rend l’endroit plus intime et crée un microclimat, où l’interaction entre l’intérieur et l’extérieur est également facilitée. La place devient un endroit parfait où organiser des événements et installer des illuminations féeriques.

Activités: places de marché, terrasses hivernales, spectacles en plein air, illuminations interactives, rassemblements populaires, festivals, patinoires, activités commerciales extérieures.

  • Alors qu’une grande partie de la population ne voit toujours pas l’intérêt de piétonniser nos rues principales, le débat est clos depuis bien longtemps chez nos amis nordiques. À Luleå, ville qui s’apparente à Alma à bien des égards, la rue principale est piétonne. L’espace central, qui serait sinon réservé aux voitures, reste enneigé, permettant ainsi aux familles de circuler en traîneau. Assurant la mobilité de tous les usagers, l’eau bouillante rejetée par une industrie locale est réutilisée et canalisée sous les dalles des trottoirs pour faire fondre la glace. Le fait de gérer la neige d’une manière plus créative, de lui laisser une place en ville, et ce, dans une rue qui constitue l’épine dorsale du tissu urbain, permet aux différents types d’espaces hivernaux d’être unis par un lien où l’on transite en ski de fond ou en traîneau.

Activités: terrasses hivernales, illuminations, foyers extérieurs, extension des activités organisées sur la place publique, possibilité d’utiliser la neige de manière plus créative.

Créer un réseau hivernal, c’est identifier des lieux qui possèdent des caractéristiques favorables à la saison froide et y aménager les infrastructures nécessaires pour qu’ils soient confortables et que des activités puissent y être pratiquées. Il est optimal de lier ces lieux par des corridors de transport actif hivernal ou par leur mise en lumière. Pour que les frais d’entretien et d’installation soient limités, ces infrastructures doivent être empreintes de résilience saisonnière, c’est-à-dire s’adapter d’elles-mêmes aux changements saisonniers. C’est en mettant l’hiver au cœur de la réflexion sur la conception de nos espaces publics que nous pourrons créer des villes vivantes tout au long de l’année, où citoyens, touristes et commerçants auront la chance de remodeler leur cadre de vie après chaque tempête de neige.

Collaboration

Olivier Legault

Après des études de 1er cycle en géographie, où il s’est spécialisé en géographie urbaine et culturelle, Olivier Legault a poursuivi ses études de maîtrise en urbanisme. Le design urbain a alor[...]Lire pluss été le point de mire de ses études, notamment en allant étudier pendant un semestre à l’école d’architecture de L’Université de Lund en Suède. Il profita de cette expérience pour mener des recherches sur les formes urbaines et l’aménagement des espaces publics hivernaux dans 7 villes scandinaves. Il continue de poursuivre ses recherches sur les villes d’hiver par de nombreuses études de terrain et en participant à des colloques internationaux et travaille également dans le domaine de la revitalisation des noyaux villageois avec la Fondation Rues Principales.

Source(s)

- Village sur glace

- Études de cas réalisées à Copenhague (Danemark), à Malmö, Lund, Stockholm, Östersund et Luleå (Suède), ainsi qu’à Oslo et Bergen (Norvège), aux mois de février et mars 2012.

  • JF Pronovost

    IL serait intéressant que vous communiquiez avec les gens de Winnipeg. Choses très intéressantes pour valoriser l’hiver là-bas.

  • Christian Bouchard

    Dans l’ouest du Canada les exemples sont très nombreux et à des latitudes au delà du soixantième parallèles!!! Allez voir les sites web de Yellowknife (TNO ) et Whitehorse ( Yukon ) . Les hivers de 6 à 8 mois ont amené les habitants à domestiquer l’hiver et à en faire un produit touristique de calibre mondial en forte progression !!!

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