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Analyse - 24 septembre 2015

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septembre 2015

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Le mycotourisme émerge au Québec

Attirer les touristes avec des forfaits mettant en vedette les champignons est encore un créneau largement sous-exploité, mais ô combien prometteur au Québec, avec la demande qui semble en pleine expansion. Les entreprises se ruent sur cette opportunité saisonnière en proposant des excursions de cueillette et de dégustation des champignons, une activité à saveur très locale.

Le mycotourisme est une activité du secteur de l’écotourisme ou du récréotourisme, qui repose sur l’exploitation de la ressource fongique forestière. Au cours des dix dernières années, un pas de géant a été franchi dans la mise en valeur des champignons forestiers comestibles. Il s’agit d’une tendance très forte en Europe; l’activité se révèle fort lucrative. En Espagne, dans la seule région de Castilla y Léon, la cueillette de champignons sauvages et le mycotourisme représentent une filière de plus de 60 millions d’euros annuellement. Aujourd’hui, 54 % des hébergements de la région affirment accueillir des mycotouristes, tandis que 52 % des restaurants des alentours mettent ce produit à l’honneur dans leurs menus.

De la balade épicurienne à l’assiette : le vrai goût du terroir

Il s’agit d’une tendance très forte en Europe; l’activité se révèle fort lucrative

Cette activité champêtre par excellence se décline en d’aussi simples plaisirs que ceux d’être en forêt, d’identifier les champignons, mais aussi les arbres et les fleurs, de les toucher puis de les sentir. Ces nouvelles découvertes favorisent la convivialité et la bonne entente entre les participants, et la fierté d’avoir cueilli ses propres champignons pour les déguster le soir même semble émaner de chaque sortie. « Luxe, calme et volupté » illustrent d’ailleurs parfaitement l’expérience haut de gamme que le Four Seasons Resort à Vail, dans le Colorado, propose à ses clients lors de cette sortie sensorielle tout-terrain. La balade est guidée par un expert en mycologie; la pause casse-croûte prend la forme d’un vin, fromage et prosciutto, et la journée se termine par un cours de cuisine avant de se rendre au restaurant gastronomique de l’hôtel.

Four season Vail

Source : news.yahoo.com

Produits à la fois populaires mais surtout très raffinés depuis quelques années, les champignons sont en vogue dans les plus grands restaurants. Les touristes à la recherche d’une activité éducative et de plaisirs gourmands trouveront leur bonheur à l’Hotel Palazzo Di Valli à Sienne, au Long Beach Lodge Resort à Tofino ou encore au restaurant étoilé Xesc Fonda dans les Pyrénées espagnoles (voir la vidéo du chef Francesc Rovira, ainsi que les photos ci-dessous).

Chef Francesc

Source : theplanetd.com

Une activité à fort potentiel pour les zones rurales

La promotion de la cueillette locale de champignons comestibles s’avère prometteuse pour les retombées économiques et la valorisation du territoire. D’ailleurs, le tourisme mycologique est maintenant considéré comme une source incontournable de revenu et d’emploi dans le milieu rural espagnol. Un portail Web est même entièrement dédié aux amateurs. N’en déplaise aux passionnés qui gardent souvent jalousement leurs informations, ici tout est public : lieux de bonnes récoltes, espèces, conditions météorologiques des derniers jours, restaurants et hébergements recommandés, marchés locaux, etc.

Micocyl

Micocyl2

Source : micocyl.es

Chaque municipalité est à même d’offrir un produit unique en fonction de ses atouts. Que cette activité soit gastronomique, d’interprétation, d’éducation ou de découverte, celle-ci peut bonifier l’offre existante et stimuler l’achalandage touristique. Kamouraska, au Québec, s’est inscrit dans cette optique de valorisation de la ressource mycologique.

De belles randonnées en forêt, dégustation à la clé, sont offertes au public, et un premier festival a même été organisé du 4 au 6 septembre dernier (voir vidéo).

À quelles clientèles s’adresser?

La cueillette de champignons peut être jumelée à d’autres activités de plein air telles que le camping, la randonnée ou le vélo. Elle est pratiquée en famille, en groupe ou en solitaire, avec ou sans guide et s’adresse aux visiteurs de courte ou de longue durée, de même qu’à la population locale.

Panneaux interpretation Kamouraska

Source : leplacoteux.com

 Structurer son offre

En s’appuyant sur des infrastructures locales existantes comme des restaurants et des lieux d’hébergement, des excursions peuvent être organisées et s’intégrer à une offre de forfait incluant le coucher, la cueillette et la dégustation. Si l’activité exige peu de matériel, elle nécessite en revanche d’être encadrée par un spécialiste qui apprendra aux clients à reconnaître les espèces comestibles.

Les destinations comme le Grand Domaine Bagnoles de l’Orne, la Lozère ou l’Ontario offrent différentes expériences dans un même forfait. L’Ontario combine par exemple l’observation des étoiles, la chasse aux champignons, des découvertes pittoresques et une descente nocturne en tyrolienne.

Ontario_Bagnolles

Sources : Bagnoles de l’Orne et Ontario

Pour les férus de mycologie, l’entreprise mycoTours offre des expéditions sur mesure dans les Rocheuses du Colorado, tandis que l’agence de voyages On The Road Experience propose de parcourir en une semaine la région du Yunnan, en Chine.

Québec : des trésors dans nos forêts

le Québec prend doucement conscience de son eldorado et de son potentiel touristique

Activité aussi naturelle que pêcher ou chasser en Amérique du Nord, ramasser des champignons sauvages fait partie des habitudes ancrées dans la culture comme en Russie, en Chine ou en France. Avec un territoire aussi grand, le Québec prend doucement conscience de son eldorado et de son potentiel touristique. André Fortin, mycologue, prédit que « d’ici une dizaine d’années, l’impact économique des champignons forestiers pourrait atteindre 100 millions de dollars au Québec, avec toutes les retombées qui découlent de l’industrie du tourisme et de la restauration ». Marie-France Gévry, spécialiste en foresterie, estime de son côté que « faire une cueillette de champignons avec 20 personnes qui paient chacune 50 $ pour vivre cette expérience peut être beaucoup plus payant que les champignons eux-mêmes ». Un créneau que certains ont flairé depuis longtemps comme MycoSylva, la Seigneurie du Triton, la Mycoboutique et le parc régional Massif du Sud, alors que la Mauricie en fait depuis peu la promotion.

Mauricie

Source : mycomauricie.com

Chanterelle, morille, champignon homard, pied-de-mouton, bolet, armillaire ventrue, marasme des oréades, retenez bien ces noms, ils attirent beaucoup les Européens, sans oublier le matsutake, dont la clientèle asiatique raffole. Il y a un immense potentiel à développer, alors exit la mycophobie, et place au mycotourisme!

Source(s)

−      Biopterre. « Le mycotourisme comme moteur de développement rural », Centre de développement des bioproduits, 2013.

−      Diotte, Simon. « À la chasse aux champignons », lapresse.ca, 9 septembre 2009.

−      Gallo Férez, José María. «Mycovaldorba – Development and Implementation of an Integrated System for the Sustainable Management of Wild Fungus-Producing Forest Ecosystems in Valdorva, Navarra »,

−     Martinez Pena, Fernando. « Sustainable management approach for wild edible mushrooms in Castilla y León (Spain) », researchgate.net, 29 novembre 2014.

−      Meigs, Doug. « Where the world’s wild mushrooms grow », cnn.com, 13 juillet 2011.

−      Ménard, Martin. « La Mauricie : future mecque des champignons sauvages », laterre.ca, 11 août 2015.

−     Roy, Guillaume. « Mycotourisme : la fièvre des champignons », espaces.ca, septembre 2012.

−      Roy, Guillaume. « La ruée vers la morille », jobboom.com, 4 octobre 2011.

−     Sharma, Akhil. « If you are normal, you search for mushrooms », nytimes.com, 3 octobre 2013.

−     Suraniti, Sophie. « Les champignons forestiers », hrimag.com, 22 février 2012.

−     Vora, Shivani. « Digging in Colorado (but not for gold) », nytimes.com, 9 septembre 2011.

  • Hubert Lambert Hinse

    Merci Nadège pour cet article,

    Quand je lis ça, je me dis que voilà une nouvelle façon de faire découvrir notre territoire et particulièrement d’innover en matière de tourisme régionale. Le mycotourisme devient une nouvelle occasion d’offrir une expérience touristique autant aux québécois que pour les visiteurs hors Québec. Marcher en forêt est une chose, marché en forêt, cueillir cette matière première et finir le tout autour d’un table en compagnie d’un chef cuisinier pousse l’expérience à un second niveau !

    J’ajouterais parmi les acteurs locaux, de ne pas hésitez à travailler conjointement avec les associations/clubs locales de mycologie.

    Voici un autre bel exemple du potentiel qu’un organisme touristique peut tirer du mycotourisme : http://www.parcmarievictorin.com/evenements/le-rendez-vous-de-la-mycologie

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