Retour

Retour
Analyses - 23 mars 2004

Filtres

Filtres

Type de contenu

Tous les types

Thématique

Toutes les thématiq...

Analyste

Tous les analystes

Chronologie

mars 2004

Recherche

L
Imprimer Enjeux, Gestion,

La fluctuation des taux de change

Est-ce le dollar canadien qui monte ou le dollar américain qui plonge ? Peu importe ! L’appréciation constante du dollar canadien menace la vigueur de la reprise envisagée pour 2004 et la fluctuation des taux de change avantage certaines destinations touristiques.

Au cours des six premiers mois de 2003, nous avons assisté à une hausse de 17 % du huard par rapport au dollar américain, pour atteindre 22 % à la fin de l’année. De nombreuses monnaies se sont appréciées par rapport à la devise américaine – 21 % pour l’euro, 16 % pour le yen, 28 % pour la livre sterling. Selon les spécialistes, la montée de l’euro et du dollar canadien face à la devise américaine s’inscrit comme une tendance lourde pour les mois à venir. Comment les variations du taux de change influenceront-elles les clientèles touristiques canadienne, américaine et européenne ? Quelles destinations bénéficieront du mouvement des devises ?

L’impact de la fluctuation des devises

Modification du revenu discrétionnaire
L’intention de voyager est davantage conditionnée par la performance de l’économie que par le taux de change. Les fluctuations de ce dernier entraîneront inévitablement la modification des conditions économiques, lesquelles se répercuteront sur l’emploi, le revenu disponible, de même que la confiance des consommateurs et des entreprises.
Augmentation de l’attrait pour une destination
L’appréciation d’une monnaie par rapport à une autre modifie le coût du voyage. Elle suscite la génération d’un effet psychologique – en avoir « plus » pour son argent. Ce facteur influence l’attractivité d’une destination pour le voyageur – une destination devient « abordable », alors qu’auparavant elle était perçue comme trop coûteuse.
Accentuation du phénomène de sensibilité
Le taux de change exerce un effet sur les intentions de voyage et certaines clientèles sont plus sensibles à ses variations. Historiquement, les Américains le sont beaucoup moins que les Canadiens. Selon une enquête menée en 1999, une augmentation de 10 % du dollar canadien par rapport à la devise américaine entraîne :

  • une hausse de 15,5 % des voyages à l’étranger (comportant au moins une nuitée) des Canadiens;
  • une baisse de 3,9 % des voyages en provenance des États-Unis.

L’augmentation des écarts entre les monnaies et l’attention médiatique accordée à ce phénomène peuvent accentuer la sensibilité des voyageurs et modifier les mesures établies antérieurement.

États-Unis 1 – Canada 0

La hausse du huard par rapport à la devise américaine fait en sorte que le secteur touristique canadien est perdant sur plusieurs fronts.

  • Le Canada devient moins attrayant pour les Américains.
  • Les Canadiens sont enclins à sortir du pays.
  • Le déficit du compte voyages (la différence entre les dépenses des Canadiens à l’étranger et celles des visiteurs étrangers au Canada) s’accentue.

Le déficit annuel de 2003 est le plus important depuis dix ans, passant de 1,9 milliard $ CA en 2002 à un montant estimé de 4,3 milliards en 2003. La guerre en Irak et le SRAS figurent parmi les causes de cette forte baisse des dépenses des voyageurs étrangers au Canada, alors que la hausse du huard a vraisemblablement contribué à l’augmentation des dépenses de voyages des Canadiens à l’étranger.

Un accroissement du nombre de visiteurs étrangers est attendu au Canada en 2004. Toutefois, la dépréciation supplémentaire du dollar américain minerait cette reprise et la destination américaine augmenterait son caractère d’attractivité. Alors que les Américains se détournent un peu des destinations européennes devenues plus coûteuses, les Européens se tournent vers les États-Unis, qui ont longtemps été onéreux pour eux. En raison de la force de l’euro et de la livre, les Européens traversant l’Atlantique dépensent beaucoup. La Chine, qui a fixé le cours de sa monnaie au pair avec le dollar américain, devient aussi plus attrayante auprès des Européens.

L’impact du taux de change sur la gestion des entreprises touristiques peut prendre différentes formes, comme la modification des politiques de prix, la baisse de la clientèle ou la diminution des coûts d’exploitation (ex. campagne de publicité moins coûteuse aux États-Unis).

Même si notre monnaie s’apprécie en 2004, les Américains débarqueront en plus grand nombre au Canada qu’en 2003 (tableau 1) en raison, notamment, de leur devise plus défavorable encore par rapport à d’autres destinations. Quant aux voyages des Canadiens aux États-Unis, ils augmenteront en raison de la sensibilité plus élevée de nos compatriotes au taux de change et creuseront davantage notre déficit annuel.

Lire aussi:
Un regard prospectif – un vent de reprise souffle

Sources :
– Commission canadienne du tourisme. « Taux de change : Les conséquences possibles d’un dollar canadien plus fort sur les voyages internationaux à destination et en provenance du Canada en 2004 – Sommaire », Conference Board du Canada – Institut canadien de recherche sur le tourisme, janvier 2004, 7 pages.
– Meis, Scott. « Le point de vue de la recherche – Hausse du dollar : une nouvelle essentiellement positive », Tourisme, Commission canadienne du tourisme, juillet-août 2003, p. 15.
– Picher, Claude. « Sombres perspectives touristiques », La Presse, 29 mai 2003, p. D5.
– Statistique Canada. « Comptes des voyages internationaux », Le Quotidien, 25 février 2004, p. 3.

Consultez notre Netiquette