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Analyses - 5 mai 2004

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mai 2004

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L’ouverture de l’UE vers les pays de l’Est constitue-t-elle une menace ?

Le 1er mai 2004, l’Union européenne a intégré 10 nouveaux pays. C’est le plus grand élargissement de son histoire. Cette ouverture n’aura bien sûr guère d’incidence sur le tourisme et le touriste québécois, mais qu’en est-il de la concurrence des touristes européens ?

La majorité de ces pays sont d’anciens pays d’Europe de l’Est, soit : l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Pologne, la Slovénie, Chypre et Malte. La Bulgarie et la Roumanie, elles, seront accueillies en 2007.

Si tant est que l’attrait de la nouveauté fait partie des raisons principales pour lesquelles les touristes choisissent une destination plutôt qu’une autre, ceux-ci ne seront-ils pas attirés vers ses nouveaux paysages ? D’autant plus que ceux-ci, situés à courte distance de Bruxelles, de Paris ou de Berlin, offrent la possibilité de se faire découvrir, en voiture, pour de courts séjours ?

Outre la distance, les principaux avantages qu’ont les Européens à visiter ces nouvelles destinations sont :

  • les destinations peu coûteuses;
  • l’attrait de la nouveauté;
  • une certaine nostalgie envers l’ancien régime (Ostalgie, voir plus loin);
  • l’utilisation d’une monnaie identique : l’Euro (avantage à venir);
  • l’absence de paperasseries administratives de type visa ou passeport (libre circulation des biens et des personnes), puisque ces pays font partie de la Communauté européenne (avantage à venir).

Tous membres de l’OMT sauf un

Les pays qui ont rejoint l’Union Européenne le 1er mai sont tous membres de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), à l’exception de la Lettonie, qui y adhérera en 2005 et de l’Estonie.

La Commission européenne estime que le tourisme représente directement 5 % du PIB total de l’UE, 2,2 millions d’entreprises et 7,7 millions d’emplois.

La Pologne, hôte d’honneur à Bruxelles

Cette année, la Pologne était l’hôte d’honneur du 48e salon des vacances de Bruxelles (Belgique). On y a donc fait la promotion intensive de ses villes culturelles historiques, de ses 23 parcs nationaux, de ses chaînes de montagnes, de ses 2 000 lacs et ses vastes forêts, etc.

La Pologne est largement identifiée comme une destination importante pour le tourisme global. Elle se classe actuellement au 12e rang mondial des pays les plus visités. En effet, la croissance du tourisme en Pologne a maintenant dépassé la croissance de destinations touristiques traditionnelles comme la Grèce ou la Suisse. En 2000, ce ne sont pas moins de 84.5 millions d’étrangers qui ont visité le pays, soit cinq fois plus qu’en 1990.

Le développement du tourisme a favorablement déteint sur le développement de l’infrastructure hôtelière, puisqu’en 2000, le nombre d’hôtels avait atteint un total de 924. Cependant, cette infrastructure hôtelière nécessite encore de gros investissements. Mais le développement des activités touristiques y est déjà bien développé et les dispositifs géographiques bien diversifiés (montagne, bord de mer, lac et campagne).

Attractivité touristique ?

Globalement, l’attractivité touristique des nouveaux adhérents est encore à la traîne comparée à celle de l’Europe des 15. Mais selon certains experts réunis dernièrement au 38e Salon mondial du tourisme de Berlin (ITB), elle devrait décoller rapidement dans les prochaines années.

En 2001, la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Slovénie, la Pologne et les trois États baltes (Estonie, Lituanie et Lettonie) comptaient tous au plus deux nuitées par habitant, selon Eurostat, l’Office des statistiques de la Commission européenne. A titre de comparaison, l’Espagne en dénombrait six par habitant.

Mais ces pays de l’Europe de l’Est devront cependant faire de gros efforts. En effet, la faiblesse des infrastructures, un système de transports encore sous-développé, des régions parfois peu accessibles, une qualité inégale de l’hôtellerie et de la gastronomie, associé à faiblesses notoires dans la promotion et la mise en marché font d’eux des novices en la matière.

De plus, l’absence de vision stratégique en matière de politique touristique risque de ralentir l’activité de ce domaine.

Les capitaux étrangers au rendez-vous

Les investissements privés sont cependant au rendez-vous : de nombreux pays participent déjà à l’aide financière : les pays de l’UE des 15, les États-Unis et dans une moindre mesure, le Japon.

La répartition est cependant inégale d’un pays à l’autre : la Pologne, la République tchèque et la Hongrie ont ouvert leurs frontières plus radicalement à la privatisation et aux capitaux étrangers. Mais la République tchèque et la Roumanie ont également la mauvaise réputation de faire la part belle à la corruption.

Les autorités de certains pays (Hongrie, République tchèque) ont mené des politiques visant à attirer les investissements étrangers, sous forme d’incitations fiscales et d’avantages attribués au cas par cas.

Au programme : ski, montagne et eaux thermales

Selon certains analystes, l’entrée de ces pays dans l’UE devrait doper l’économie en général (construction de nouvelles routes, modernisation des ports sur la Mer Baltique, etc.) et le tourisme en particulier. Beaucoup de pays d’Europe de l’Est misent – outre sur leur riche patrimoine culturel – sur le tourisme thermal, le ski et la montagne.

En effet, l’Europe centrale est connue et reconnue pour les bienfaits de ses eaux thermales. La Hongrie présente une forte concentration de centres de thalassothérapie avec des consultations par des médecins attachés à l’établissement, des cures, des massages, des bains de boue, etc. À Budapest même, l’on dénombre plus de 120 sources d’eaux chaudes thermales. Et chaque source présente des qualités curatives propres.

En plus des établissements thermaux publics, certains hôtels proposent des cures dans des piscines d’eau thermale, accompagnés des services d’un médecin. Et de gros investissements dans ce domaine sont attendus sous peu, puisqu’une grande partie des fonds structurels européens distribués par Bruxelles pour développer des régions économiquement faibles, devrait être employée à cet effet.

La région est également riche en terrains montagneux et permet la pratique du tourisme d’aventure : ski alpin, ski de fond, escalade, entre autres.

Plusieurs montagnes dépassent 1500 mètres d’altitude. Les amateurs d’escalade et de spéléologie y trouveront des parois et grottes intéressantes. Les amateurs de ballades à vélo pourront profiter d’un réseau de pistes cyclables qui s’élargit peu à peu (la Bohème du Sud, par exemple, est une région bien adaptée pour cette activité). Pour les sports nautiques, on trouve également de nombreux lacs naturels ou artificiels.

Ostalgie, ostalgie

Quinze ans après la chute du mur de Berlin (1989), une réelle nostalgie de la RDA (l’ancienne Allemagne de l’Est) envahit peu à peu l’Allemagne. Passion pour les anciennes voitures de marque Trabant, engouement pour les marques made in RDA, on parle ici d’une nouvelle mode : l’ostalgie !

Illustrer de belle façon dans le film de Wolfgang Becker, « Good Bye Lenin ! », l’Ostalgie (de Osten, Est en allemand) est avant tout une vague littéraire et culturelle.

Et Berlin a décidé de profiter du mouvement pour mousser sa campagne touristique 2004 puisque d’ores et déjà, l’office du tourisme propose un tour « Ostalgia ». Après la visite du quartier général de l’ex-Stasi, la promenade s’étend aux boutiques spécialisées en reliques de l’Est, permet d’admirer les massifs exemples d’architecture réaliste-socialiste de la Karl-Marx Allee et se termine sur les ruines et vestiges du Mur.

Voir aussi

Eurostat

Sources :
– « Élargissement : « décollage » annoncé pour 10 nouveaux pays. Les nouveaux membres de l’UE devraient doper le tourisme », TourMag, 16 mars 2004.
– « Le secteur du tourisme relève la tête », La Libre Belgique, 17 mars 2004.
– « Tourism Market: Poland », US&FCS Market Research Reports, 11 février 2004.
– « Back in RDA », Lonely Planet.
– Picciotto, Bérénice. « L’investissement direct vers les nouveaux adhérents d’Europe centrale et orientale : ce que l’élargissement pourrait changer », Notre Europe, mai 2003.

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