Impact économique du mariage gai sur le secteur du tourisme
TTRA, Montréal, juin 2004 – Compte rendu de la conférence prononcée par John Walker, Doyen, Faculty of Hospitality & Tourism George Brown, Toronto City College et Marion Joppe, Directeur, School of Hospitality & Tourism Management, University of Guelph (Ontario).
Au cours de la dernière année, le mariage gai a fait couler beaucoup d’encre. Mais qu’en est-il de l’impact économique de ces mariages sur l’industrie du tourisme?
Profil de la clientèle gaie canadienne
Il existe déjà de nombreuses études sur le profil des gais, ce segment de marché en croissance. Au Canada, les trois plus grands pôles métropolitains sont Toronto (4,6 M d’habitants), Montréal (3,4 M) et Vancouver (1,9 M). Chacun de ces grands centres urbains possède une importante communauté gaie, présentant des caractéristiques propres et très différentes.
Selon une étude nationale américaine réalisée par Yankelovich (1994), l’on estime la population canadienne gaie à 5,7%, avec des concentrations aussi hautes que 9% dans les grands centres urbains et 4% dans les régions rurales. Les couples gais tendent à se mélanger à la population hétéro.
Dans le recensement de Statistique Canada (2001), les chiffres indiquent une proportion de 2,95% de couples homosexuels (mariés ou non). Et l’on prévoit que dans le prochain recensement de 2006, le Canada deviendra le premier pays du monde à comptabiliser les ménages mariés de même sexe.
Il est cependant très difficile d’obtenir ces statistiques, puisque que beaucoup d’individus et de couples gais souhaitent taire ce type d’information.
Après enquête, voici quelques données complémentaires pour définir le profil type de la clientèle gaie:
- 60% des gais interrogés ont énoncé qu’ils souhaiteraient se marier;
- leur revenu moyen est supérieur à la moyenne nationale;
- de ceux qui se marieraient, 60,9% utiliseraient les services d’un traiteur (les autres s’approvisionneraient eux-mêmes et/ou avec l’aide d’autres amis et/ou connaissances);
- environ deux tiers des gais interviewés comptent dépenser entre 5000 et 9999 $ pour la cérémonie;
- on compte une moyenne d’environ 49 invités par mariage;
- 55% des personnes consultées préfèrent une destination ouverte aux couples de même sexe pour leur lune de miel (45% de couples choisissent un environnement touristique «régulier»).
Une autre enquête, menée cette fois auprès des intervenants du secteur touristique, donne les renseignements suivants :
- les exploitants, en général, ne se sentent pas menacés par l’inclusion des couples gais;
- le marché gai est considéré comme un marché distinct, à un certain degré;
- certains des fournisseurs usent déjà d’une approche de marché différente pour rejoindre ce nouveau segment;
- la plupart des personnes interrogées ne croient pas qu’il soit nécessaire de présenter des symboles gais (tels que le triangle rose ou le drapeau arc-en-ciel) afin d’attirer la clientèle gaie.
Sur la base de ce profil, plusieurs scénarios ont été développés. Chacun de ces scénarios démontre un impact significatif des mariages gais sur l’économie, puisque chacun donne en général lieu à un déplacement et à des frais d’hébergement (2 nuits) et de restauration.
En conclusion, quoique coûtant considérablement moins cher que le mariage moyen hétéro, estimé à un coût moyen de 18 350$ (Sanati, 2003), le créneau des mariages gais représente un avantage économique important pour le tourisme. Afin de bénéficier de ce marché en croissance, les fournisseurs doivent bien sûr augmenter leurs connaissances de ce marché et revoir leurs approches marketing.
TTRA 2004 – Autres comptes rendus disponibles:
– L’expérience touristique, une réelle valeur économique
– Le pouvoir persuasif de la publicité et du reportage
– La saisonnalité dans les destinations de sports d’hiver: causes, conséquences et possibilités
– Perceptions de l’impact du tourisme sur la communauté
– Les femmes et le tourisme sportif: examen sociodémographique
– Voyages d’affaires: les femmes sont-elles moins prévisibles que les hommes?
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