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Analyses - 22 juillet 2004

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juillet 2004

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Tourisme nouveau genre en Inde

L’Inde s’inscrit peu à peu, au côté de la Thaïlande, Singapour et d’autres pays asiatiques, comme destination de «tourisme médical». Selon un rapport publié en 2002 par le cabinet-conseil McKinsey et la Confédération de l’industrie indienne, les retombées de ce tourisme nouveau genre s’élèveront à 1 milliard $US d’ici à 2012.

L’Inde n’attire pas seulement les contrats informatiques de nos firmes de technologie. Elle tente également de séduire nos malades ou nos baby-boomers en quête d’une chirurgie esthétique, non remboursée par notre système de santé.

En effet, les listes d’attente pour une chirurgie sont parfois si longues et les prix tellement élevés, les couvertures d’assurance-maladie se réduisant de plus en plus, qu’un nombre croissant de personnes décident de partir se faire opérer dans des pays où les actes médicaux coûtent beaucoup moins. Comme en Inde, par exemple, où une chirurgie cardiaque est jusqu’à 10 fois moins coûteuse qu’aux États-Unis.

Bien sûr, au prix de la chirurgie s’ajoute également le prix du billet d’avion et de l’hébergement (pour la convalescence sur les plages de Goa ou du Kerala). Mais globalement, la facture reste bien en deçà du prix pratiqué dans certains pays.

À grands coups de réformes économiques, l’Inde est bien décidée à sauter à pieds joints dans l’ère de la mondialisation et s’affiche déjà comme la future troisième économie mondiale avant 2050, après les États-Unis et la Chine.

Depuis les années 1970, le gouvernement indien encourage fortement le développement des hôpitaux privés par la concession de terres, d’avantages fiscaux, de réduction de taxes, sans oublier l’exemption de taxes sur les importations. L’industrie pharmaceutique privée bénéficie également d’un patronage considérable de l’État, grâce à des lois sur les brevets, des subventions pour l’achat en gros de médicaments auprès d’entreprises publiques et la protection de corporations multinationales.

Renommée et technologie

Les établissements de santé privés y ressemblent plus à des hôtels 5 étoiles qu’à des hôpitaux.

L’Apollo Group, qui compte 38 établissements répartis en Asie, soit 6300 lits, possède du matériel médical dernier cri et emploie plus de 3000 médecins diplômés des meilleures universités indiennes et étrangères. Il propose des chambres allant de conventionnelles à des suites luxueuses (avec salle de bain distincte pour les personnes accompagnant le malade) et un service de limousine entre l’aéroport et l’hôpital.

Autres adresses populaires: l’Escort Hospitals à Delhi, qui a vu le nombre de ses patients étrangers doubler, passant de 675 en 2000 à presque 1200 en 2003) et le Jaslok Hospitals à Bombay. Tous ont acquis, depuis quelques années, une solide réputation internationale.

Ils combinent soins professionnels, confort, services de grande qualité et haute technologie. De plus, certains hôpitaux proposent même aux patients une consultation par vidéo, avant même leur arrivée. Ils ont tous pignon sur Internet, et ont conclu des accords avec des compagnies aériennes et des agences de voyages bien connues.

Des chiffres en croissance

En 2002, les hôpitaux privés thaïlandais ont traité plus de 308 000 patients étrangers. Un marché qui a généré pas moins de 280 millions $US de chiffre d’affaires, selon les dires de l’Association thaïlandaise des hôpitaux privés. Singapour a attiré 200 000 patients étrangers en 2002 et prévoit en traiter 1 million par an d’ici 2010.

En Inde, l’an dernier, ce sont environ 10 000 patients internationaux qui sont venus subir des opérations aussi variées que des réductions de hernie ou de la chirurgie cardiaque. De plus, l’Inde tente parallèlement de se positionner dans le domaine de la médecine alternative. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime le commerce des plantes médicinales en Inde à environ 125 millions $US par an.

Des chiffres qui sont en forte croissance, malgré les craintes que suscitent le SRAS ou la grippe aviaire.

Grogne et mécontentement

Conscients de cette opportunité (ou menace, selon le côté de la barrière où l’on se situe), certains hôpitaux occidentaux souhaitent mettre fin à ce tourisme médical. Ils réclament des actions concertées entre le gouvernement, les compagnies aériennes, les agences de voyages, les compagnies d’assurances, le secteur du tourisme et les professionnels de la santé.

De l’autre côté, en réponse aux pressions des pays développés et histoire d’asseoir confortablement leur réputation, les établissements de soins de santé indiens cherchent à se faire accréditer par des associations professionnelles reconnues en Occident, comme le British Standards en Grande-Bretagne ou la Joint Commission on Accreditation of Healthcare Organizations aux États-Unis.

Sources:
Robic, Erwan. Bulletin électronique d’Inde, Service de coopération et d’action culturelle à New Delhi, no 5, 16 juillet 2004.
– Le Point. «Hôpitaux – Le tourisme de la santé», février 2004.
– Challenges. «Un système de santé toujours à deux vitesses», mars 2004.
– The Indu. «India set to record high growth in medical tourism», 25 juin 2003.

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