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Analyses - 6 juillet 2005

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juillet 2005

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Les moto-boomers sont-ils des touristes?

Chaque année, comme arrive le beau temps, c’est par milliers que les fanatiques de motos se réunissent pour faire vrombir leurs machines infernales de villes en villages. Mais qui sont ces fanatiques, des motards ou des touristes? Depuis quelques années, on constate que les «baby-boomers» s’avèrent de grands amateurs de mototourisme, au grand bonheur des restaurateurs, des hôteliers et des organisateurs de voyages.

 

Profil du motocycliste

Le profil type du motocycliste québécois (en majorité des hommes, bien que la clientèle féminine croisse d’année en année) dépend de la machine qu’il enfourche. Il y a:

  • l’amateur de moto custom, âgé entre 30 et 50 ans, désirant se balader sur les routes de campagne à guère plus de 90 km/h.
  • les moto-boomers. On en voit de plus en plus sur nos routes, de ces motocyclistes aux cheveux argentés passionnés de moto. Ils ont fini d’élever leurs enfants, disposent d’un revenu supérieur à la moyenne et souhaitent se faire plaisir. Beaucoup d’entre eux, dont la moyenne d’âge oscille entre 45 et 55 ans, font partie d’une association de motocyclistes.
  • les mordus de vitesse qui poussent leurs machines tonitruantes, défiant toutes les limitations imposées par le code de la route.

Ils parcourent les routes du Québec, du Canada et des États-Unis, en petits groupes ou pour de grands rassemblements.

Des retombées économiques intéressantes

L’industrie de la moto fait des affaires d’or. Au Québec seulement, on compte environ 6000 nouveaux adeptes chaque année. Et les baby-boomers possèdent 40% des motos enregistrées dans la province.

Tout d’abord, ce nouvel engouement des baby-boomers pour le mototourisme fait le bonheur des détaillants.

Au Canada, les ventes de motos ont presque triplé au cours des sept dernières années, mais c’est au Québec que la progression a été la plus spectaculaire (une augmentation de 39% pour la période du 1er septembre 2003 au 31 mars 2004 par rapport à l’année précédente, selon le Conseil de l’industrie de la motocyclette du Canada).

Aux États-Unis, selon le Motorcycle Industry Council, les ventes de motos sont en hausse depuis les 10 dernières années.

Le bonheur de l’industrie touristique

Mais il fait aussi le bonheur des restaurateurs et des hôteliers. En effet, selon un sondage effectué en 2004 par la firme DBSF pour Tourisme Outaouais:

  • une journée moyenne de route compte de 200 à 500 km. Mais cette distance varie beaucoup (le sondage démontre qu’en moyenne, et par deux ans, les motocyclistes effectuent 31 excursions d’une journée, 7 voyages de 1 à 2 jours et 4 voyages de 2 à 4 jours).
  • une journée typique comporte une pause à chaque heure ou heure et demie et un arrêt pour l’heure du lunch.
  • en moyenne, 18% des voyages sont réalisés en groupes, 33% entre amis, 32% en couple et 17% seul.
  • le budget moyen de dépenses est estimé à environ 150$ par jour incluant deux repas, deux pauses, une nuitée et une visite.
  • les excursions, mais plus encore les voyages, présentent généralement un but de visite. Les attraits touristiques sont variés, allant d’une route panoramique à un musée ou à un événement/rassemblement, en passant par un restaurant particulier. Grâce au bouche-à-oreille, certains établissements accueillants et appréciés peuvent rapidement devenir des «arrêts obligatoires».
  • côté hébergement, ils privilégient un bon rapport qualité/prix (campings, motels, etc.) plutôt qu’une expérience particulière. Lorsqu’ils se déplacent en groupe, la capacité d’accueil devient également un critère important.
  • le choix de l’établissement hôtelier, comme celui du restaurant, reste grandement influencé par le facteur de sécurité. Il est très important de leur offrir la possibilité de remiser leurs motos de façon sécuritaire.

Accueil ou écueil?

Cependant, à l’image des conflits qui ont éclaté cet hiver avec les motoneigistes (Lire aussi: La motoneige au Québec: un leader mondial en questionnement), certaines municipalités n’ont pas l’intention de leur ouvrir les bras. C’est le cas de Longueuil et de Granby qui ont voté une législation très stricte pour contrer les nuisances causées par les motos. Ou encore, l’île d’Orléans qui, elle, leur interdit purement et simplement l’accès. 

C’est le contraire à Huntingdon, cette petite ville située à 90 km au sud-ouest de Montréal, qui avait par ailleurs fait couler beaucoup d’encre lors de l’annonce, en décembre 2004, de la fermeture de ses six usines de textile. Le maire, Stéphane Gendron, a déclaré qu’il invitait les motocyclistes à venir visiter sa belle région en grand nombre.

Interrogé sur la question, il assure que ça «rapporte GROS», surtout aux restaurants et bars de la municipalité. L’été, les deux routes provinciales qui traversent la ville sont littéralement envahies par les motocyclistes.

Au Québec, le mototourisme constitue un marché de niche en croissance, qui gagnerait à être développé par la participation à des salons motocyclistes importants et par la création, par exemple:

  • de circuits touristiques thématiques adaptés aux motocyclistes et identifiés par un icône distinctif;
  • de forfaits particulièrement orientés vers cette clientèle;
  • de sessions d’information et de campagnes de sensibilisation auprès de la population (réalisation de sites Internet pourvus de forums d’échanges);
  • de comités organisateurs d’événements rassembleurs;
  • etc.

Mais il n’en reste pas moins que, de façon générale, certains préjugés envers les motocyclistes nuisent au bon développement de ce créneau.

D’aucuns diront d’eux qu’ils sont plutôt des pollueurs, d’autres, une source de revenus… Chacun voyant midi à sa porte!

Voir aussi

Fédération des motocyclistes du Québec
Location de motos

Sources:

– DBSF. «Étude de marché et pistes de développement du mototourisme pour la région de l’Outaouais», rapport final, juillet 2004.
– Ébacher, Jessica. «Le mototourisme gagne en popularité», Le Nouvelliste (Trois-Rivières), 19 juillet 2004, p. 5.
– Enjeux (Radio-Canada). «Les moto-boomers», (émission télévisée), mai 2004.
– Gélinas, Gabriel. «Ventes de motocyclettes: un printemps record», Les Affaires, 22 mai 2004, p. 44.
– MacDermid, Alan. «Boomers were born to be wild and won’t go quietly», The Herald (Glasgow), 12 juillet 2004, p. 3.
– SeniorPlanet. «Les touristes Seniors veulent plus d’aventures», 19 avril 2005.

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