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Analyses - 12 mai 2006

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Développer une culture sportive pour assurer le renouvellement des clientèles: le cas de la Norvège

En Norvège, la popularité du ski de fond existe depuis longtemps et repose sur de vieilles traditions. Quoiqu’il en soit, ce pays s’est doté des moyens nécessaires pour entretenir l’intérêt envers cette activité et, surtout, pour s’approprier son hiver, grâce au développement d’une culture sportive qui débute dès les premiers pas des enfants. Et si cette approche inspirante se voulait une solution pour stimuler le renouvellement des clientèles de loisir et de tourisme et freiner le phénomène de sédentarisation qui sévit de plus en plus dans notre société contemporaine?

Un milieu urbain dédié au ski de fond

Les résidants d’Oslo et des 20 municipalités environnantes bénéficient d’un réseau de pistes de ski de fond très élaboré. On y trouve 2600 kilomètres de pistes tracées, dont 2000 sont entretenus mécaniquement. Puisqu’en Scandinavie la noirceur tombe dès 15 heures pendant une bonne partie de l’hiver, la capitale norvégienne s’est également dotée de plus de 200 kilomètres de sentiers éclairés pour permettre les sorties de fin de journée.

Les terres utilisées pour l’ensemble du réseau appartiennent à plus de 2000 propriétaires différents. L’Association de ski de fond obtient les droits d’accès auprès de chacun de ceux-ci. Il n’existe aucune forme de compensation pour ce type de consentement. L’entretien des pistes est assuré par l’Association qui obtient son financement de ses quelque 50 000 membres. Les résidants ont le choix de s’enregistrer pour la saison ou… pour la vie. Les municipalités complètent le financement pour couvrir les frais d’entretien du réseau.

Former la relève dans les écoles

La clé du succès d’un tel réseau de pistes de ski de fond dans la grande région d’Oslo repose sur le maintien de la tradition nationale de cette activité. Depuis les années 1980, c’est-à-dire depuis le début de l’entretien mécanique des pistes, le nombre annuel de membres demeure relativement stable, ne fluctuant qu’en fonction de la qualité des hivers.

 

Mais d’où vient cette culture de la pratique des sports d’hiver et comment a-t-elle été entretenue?

Pour trouver une explication, il faut regarder du côté des programmes scolaires. Chaque année, plus de 10 000 enfants participent à l’école de ski de l’Association, par l’entremise des programmes des garderies et des écoles. Dès l’âge de 3 ans, les enfants sont initiés à cette activité. Cette école contribue ainsi à perpétuer le cycle de la tradition du ski de fond.

Par ailleurs, on constate que les enfants, qu’ils aient fréquenté l’école de ski de fond ou non, ont tendance à abandonner la pratique lorsqu’ils atteignent l’adolescence afin d’expérimenter la planche à neige ou le ski alpin. Néanmoins, lorsqu’ils fondent eux-mêmes leur famille, ils reviennent au ski de fond, deviennent membres de l’Association et inscrivent leurs propres enfants à l’école de ski. Rappelons que la Norvège est un pays qui abrite environ 4,5 millions d’âmes, dont un peu plus de un demi-million habitent la région d’Oslo.

Un engagement bien senti du secteur privé

Il n’y a pas que les individus qui se sentent interpellés par les loisirs d’hiver, la communauté des affaires l’est également. Plusieurs entreprises oeuvrant dans les sports d’hiver proposent aux membres de l’Association d’intéressants rabais sur une sélection de produits et services. Certaines, même, soucieuses de  démontrer leur engagement social, s’associent aux activités de plein air et apportent un soutien financier à l’Association.

Dans la même foulée, la culture sportive du pays se transpose également par la tenue de plusieurs compétitions internationales de ski de fond qui réunissent tant les professionnels que les amateurs. Les deux événements les plus courus après les Coupes du monde sont le Holmenkollen Ski Marathon (photo) et la Birkebeiner Rennet, où 11 000 personnes participent annuellement à cette épreuve de 56 kilomètres.

Source d’inspiration pour le Québec?

Dans le dernier budget Harper, le gouvernement reconnaissait que l’activité régulière comporte de nombreux effets positifs chez les enfants. En même temps, l’accroissement des coûts attribuables à la pratique d’activités sportives devient source de préoccupation pour de nombreux parents. Déjà le gouvernement s’est engagé à mettre sur pied un groupe d’experts en santé et en condition physique chargé de fournir des conseils sur les programmes d’activité physique qui deviendront admissibles au crédit d’impôt. Le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec y va également de son effort, ayant déposé le 10 mai dernier un projet de loi instituant le Fonds pour le développement du sport et de l’activité physique.

L’occasion pourrait être propice pour introduire certaines activités de loisir traditionnellement moins accessibles, ou simplement moins populaires, auprès des enfants en bas âge.

Une conférence pancanadienne tenue à Magog en mars 2001 s’est d’ailleurs penchée sur la question. L’une des trois principales recommandations issues du sommet sur les enjeux de la participation sportive au Canada était la suivante:

    «Favoriser la pratique du sport et de l’activité physique à l’école grâce à un cadre de pratique sportive structuré (dès le primaire), à la mise en place d’incitatifs divers, et à l’accessibilité des installations sportives pour les jeunes.»

Une initiative québécoise à saluer

Dans le même esprit que l’exemple norvégien sur le ski de fond, l’Association des stations de ski du Québec offre depuis 1987 un programme pour faciliter l’enseignement du ski et de la planche à neige aux jeunes enfants et pour développer une culture de sports d’hiver. Ce programme, intitulé Iniski/Inisurf à l’école, vise à initier directement dans leur cour d’école les jeunes de la maternelle et du primaire à cette activité. Le matériel fourni aux commissions scolaires comprend non seulement les skis, les bottines, les casques de sécurité et les planches à neige, mais aussi un devis technique pour construire une butte de neige dans la cour d’école ainsi qu’un cahier scolaire avec dessins, énigmes et jeux pour préparer les enfants à l’activité extérieure. Plus de 13 000 initiations ont ainsi été réalisées durant la saison 2004-2005.

Il existe au Québec un consensus général sur l’importance d’augmenter le temps consacré à la pratique du sport et de l’activité physique à tous les stades du cheminement éducatif, particulièrement à l’école primaire, où les élèves sont initiés aux sports. Il s’agit de véhiculer une image positive du sport dans le milieu scolaire et de mettre l’accent sur le plaisir et l’accessibilité pour tous, plutôt qu’uniquement sur la performance. Un enfant actif, c’est aussi un voyageur de demain qui aura le goût de participer aux diverses activités touristiques.

Devant une anticipation du rôle accru des écoles dans le développement d’une culture sportive, le moment est peut-être venu pour les divers regroupements sectoriels de se positionner judicieusement à cet égard. Pour plusieurs secteurs d’activité tels que le golf et le ski, l’avenir repose sur le renouvellement des clientèles qui, nécessairement, passe par le maintien d’une relève.

Avec la collaboration de Stéphanie Chrétien

Sources:
– Bégin, Jean-François. «Pour faire bouger le Québec», La Presse, 11 mai 2006.
– Chrétien, Stéphanie. «Le tourisme hivernal en Scandinavie», Réseau de veille en tourisme, 20 mars 2006.
– Ministère des Finances Canada. «Le budget de 2006, cibler les priorités», [www.fin.gc.ca], 2 mai 2006.
– Sport Canada. «Rapport de la Conférence régionale du Québec», Conférence régionale du Québec sur le sport tenue à Magog [www.patrimoinecanadien.gc.ca], 13 mars 2001.

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