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Analyses - 12 mai 2006

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mai 2006

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La mode attire-t-elle le touriste?

La ville de Bruxelles a décidé cette année de jouer la carte de la mode afin de séduire les touristes. En consacrant 2006 «Année de la mode et du design», elle fait d’une pierre deux coups: elle dynamise le tourisme urbain et donne un bon coup de pouce à un secteur industriel en difficulté. Des idées à copier?

Cette année, la ville de Bruxelles (Belgique) a décidé de jouer la carte de la mode dans le but de séduire les touristes. Après le chocolat, la bière, les frites et les moules, sans oublier la dentelle, l’Office du tourisme et les autorités bruxelloises misent aujourd’hui sur les couturiers belges pour faire la promotion du modernisme et de la créativité de la région.

En effet, la ville a proclamé 2006 «Année de la mode et du design», architecture de la forme et de la matière. Le programme des événements a été concocté en collaboration avec Modo Bruxellae, association qui se voue corps et âme à la promotion de la mode bruxelloise, et le Bureau des Grands Événements, nouveau département du Bruxelles International – Tourisme & Congrès (BITC).

Bruxellois et touristes sont invités à venir découvrir les designers, par le biais:

  • d’expositions et de nombreux défilés;
  • d’une «Nuit de la mode», 90 minutes de défilés en continu;
  • de circuits et de fins de semaine thématiques, organisés en partenariat avec des restaurants, qui en profitent pour proposer des menus «design»;
  • d’un circuit de «vélotour urbain», pour découvrir le quartier de la mode à bicyclette;
  • d’un bureau d’information, installé temporairement sur la Grand-Place: la «Maison de la Mode» servira à la fois de bureau d’information, d’espace de rencontres et de conférences et accueillera diverses animations.

Ils sont bien sûr également invités à faire les boutiques!

La démarche est prometteuse. Et s’il est difficile de chiffrer les retombées touristiques, on peut d’ores et déjà en souligner les bienfaits sur le plan de l’architecture des quartiers. En effet, le regroupement des couturiers a déjà largement contribué à la revitalisation urbaine d’un quartier qui, jadis, était presque à l’abandon.

Le «quartier de la mode» est maintenant l’un des principaux points de chute des boutiques et des ateliers de couture. Les couturiers ont pu profiter de prix très avantageux afin de racheter les commerces à bon prix.

Statut de la mode à Bruxelles

En 2004, Bruxelles comptait un peu plus de 1600 établissements dans le secteur du textile, de l’habillement et du commerce de vêtements (commerces de gros et de détail). Cette industrie est principalement soutenue par les pouvoirs publics, via Modo Bruxellae, ainsi que par des subsides annuels de quelque 120 000 euros octroyés par le ministre de l’Économie du gouvernement bruxellois.

Une dotation complémentaire est fournie par Bruxelles Export pour permettre la participation à certaines missions à l’étranger (via notamment la Boutique Modo, présente dans les foires et les salons internationaux). Il existe également diverses aides ponctuelles et non structurelles accordées conformément à la politique d’image de Bruxelles.

À la suite de l’engouement des dernières années, les secteurs de la mode et du design de Bruxelles se traduisent par un développement économique intéressant pour la région. On y compte environ un millier d’emplois.

La ville a volontairement choisi de miser sur la création d’un lieu unique (géographique, économique et institutionnel) afin de regrouper les acteurs du réseau bruxellois. Celui-ci se veut, à la fois, le lieu de travail et d’accueil pour les visiteurs, les acheteurs et les professionnels du secteur. Ainsi, ils favorisent la présentation de prix préférentiels, augmentent la visibilité des jeunes créateurs et aident les jeunes entreprises à percer dans ce créneau très concurrentiel.

Une idée transportable?

Bruxelles n’est pas la seule ville qui a compris l’importance de la mode dans l’économie en général et dans l’industrie du tourisme en particulier. D’autres villes misent sur cette industrie, comme Florence et Milan, Barcelone, New York, Tokyo… et bien sûr Paris (où, par exemple, environ 6000 touristes entrent chaque jour chez Louis Vuitton)!

Deuxième ville francophone après Paris, avec ses 3,4 millions d’habitants, Montréal est connue et reconnue comme la capitale de la mode au Canada (elle regroupe à elle seule près de 60% des entreprises canadiennes du secteur) et l’une des plus importantes plaques tournantes de l’industrie de la fourrure au monde.

Mais la concurrence est rude et la bataille faire rage. Aujourd’hui, à l’heure où les Chinois tentent d’envahir le marché avec des produits bas de gamme en grande quantité et où Toronto joue des coudes en développant le haut de gamme pour déloger Montréal, la mode québécoise doit prendre un tournant décisif.

Déjà, de nombreuses activités sont organisées pour dynamiser ce secteur industriel, entre autres:

  • la Semaine de la mode, créée en septembre 2001 par Liaison Mode Montréal, regroupement d’associations sectorielles voué à la promotion de l’industrie de la mode et du vêtement de Montréal;
  • le Festival mode et design de Montréal, organisé par Sensation Mode, qui a pour mission de créer des évènements et des promotions «sur mesure» et qui met en vedette une quarantaine de défilés;
  • la Braderie de mode québécoise, braderie de mode griffée (35 à 40 designers) attirant plus de 8000 personnes, deux fois l’an durant quatre jours.

Alors, quand on sait que «faire les boutiques» est l’activité préférée des touristes lorsqu’ils voyagent (lire aussi: Magasiner, l’activité numéro 1 du touriste!) et que le luxe est un produit de niche en émergence (lire aussi: Le haut de gamme n’est plus un luxe, c’est une réalité!), ne serait-il pas judicieux de mettre l’accent sur ce pôle économique?

Sources:

– Breton, Brigitte. «À la mode de Bruxelles», Le Soleil, 20 avril 2006.
– Delanglade, Sabine. «Le luxe a un avenir fabuleux », L’Express, 13 avril 2006.
– Gouvernement du Québec (communiqué de presse). «Le gouvernement du Québec accorde 100 000 $ à la 10e Semaine de mode de Montréal», 20 mars 2006.
– Radio-Canada (SRC Télévision – Le Téléjournal/Le Point). «Industrie de la mode: Toronto parade aux côtés des géants européens de la haute couture pour déloger Montréal», 21 mars 2006.
– Radio-Canada (SRC Télévision – Le Téléjournal/Le Point). «Les jeans Parasucco déménagent: la mode est-elle toujours “in” à Montréal?», 25 août 2005.

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