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Analyses - 15 février 2007

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février 2007

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Développement régional: rallier ou mourir!

Le développement de projets touristiques régionaux se complexifie avec les années. Auparavant, un promoteur doté d’un plan d’affaires sérieux et crédible devait simplement convaincre quelques acteurs politiques et économiques pour s’assurer de l’approbation de son projet. Aujourd’hui, ce même promoteur fait face à une multiplication des acteurs et doit désormais veiller à élaborer un plan de communication afin de mener son projet à terme.

Qui sont les acteurs du développement?

Le développement mobilise un nombre accru d’intervenants appelés à se positionner afin de défendre leurs perceptions et leurs préoccupations face au projet. Voici les principaux acteurs du débat ainsi que les comportements qui leur sont souvent accolés:

  1. Le promoteur ou le développeur: à la fois porteur et défenseur du projet, il a souvent tendance à blâmer l’incompréhension ou la mauvaise volonté de ceux qui critiquent le projet.
  2. Les gouvernements (local, régional ou provincial): ils ont un rôle majeur à jouer, mais adoptent souvent une approche réactive. Plutôt que d’agir proactivement afin d’éviter l’opposition, ils interviennent seulement si une résistance s’affiche.
  3. Les groupes d’intérêt: défenseurs d’une vision souvent sociale, soucieux des impacts à long terme, ils sont peu portés vers les solutions à court et moyen terme. Soulignons que la création d’un groupe d’intérêt ne signifie pas nécessairement une résistance ou une réaction négative face au projet. Certains (associations, chambre de commerce et autres) peuvent même devenir des alliés du promoteur.
  4. Les partis politiques: ils ont tendance à intervenir dans le débat et à le transformer en enjeu électoral, ce qui contribue parfois à l’émergence de problèmes de communication et de perception.
  5. Les médias: dans une réalité où la nouvelle documentée laisse souvent place au sensationnalisme, les médias ont parfois tendance à couvrir les mouvements d’opposition et de résistance avec insistance. (Lire aussi: Haro sur les titres alarmistes et sensationnalistes.)

Le développement vs la qualité de vie: la mobilisation des groupes d’intérêt

Dans la majorité des sociétés occidentales, le défi du développement économique est maintenant teinté d’une nouvelle préoccupation: la protection de la qualité de vie, qui découle notamment d’une sensibilité accrue envers les enjeux écologiques et environnementaux.

Au Québec, cette sensibilisation, jumelée à un plus grand pouvoir de communication, a favorisé l’émergence de groupes d’intérêt qui deviennent le contrepoids du citoyen face aux leaders économiques et politiques.

Naturellement, les groupes de protection de l’environnement ont rapidement incarné l’image de ces mouvements d’opposition. Toutefois, on assiste aussi à l’apparition de groupes de résidants soucieux de défendre la qualité de vie de leur communauté.

Le mouvement Nimby!

Cette montée de la résistance des citoyens à l’égard des projets qui pourraient porter atteinte à leur qualité de vie a pris une telle ampleur que ce phénomène a été officiellement nommé le syndrome Nimby, «not in my backyard» ou «pas dans ma cour».

Si cette pratique d’opposition citoyenne a d’abord été associée à des projets industriels (décharge, usine polluante), puis à certains projets sociaux (centre de réinsertion, maison d’aide aux toxicomanes), elle fait désormais son apparition dans l’univers touristique québécois. On n’a qu’à penser à la mobilisation des riverains contre la motoneige dans les Laurentides, au mouvement d’opposition des résidants de Pointe-Saint-Charles face au projet du nouveau Casino de Montréal ou à la résistance de certains groupes de citoyens quant à la transformation du parc du mont Orford.

Ce phénomène de résistance sociale prend actuellement de l’ampleur et contribue à modifier les rapports de force traditionnellement observés dans les dossiers de développement régional. D’autant plus que nombre de régions reconnues pour la villégiature pourraient voir le mouvement de résistance des locaux s’accentuer alors que de nombreux baby-boomers, propriétaires d’une résidence secondaire dans ces régions, atteignent l’âge de la retraite, décident de s’installer de façon permanente dans la région et réclament davantage de tranquillité.

La clé du développement: impliquer les locaux

Dans l’avenir, afin d’améliorer ses chances de succès, le promoteur devra tenir compte de l’influence des groupes d’intérêt et de l’impact du traitement médiatique qui sera accordé au projet.

Selon Marie Beaubien, experte en communication, afin de favoriser une approbation et un appui de tous, le promoteur doit présenter une démarche de planification qui prévoit et documente les répercussions à long terme de son projet. Il doit élaborer un plan qui tient compte de toutes les considérations: économiques, techniques, sociales, politiques, environnementales et autres.

Le promoteur et ses alliés locaux, autant les gouvernements que les groupes d’intérêt, doivent déployer des mécanismes d’information, de consultation et de participation efficaces et démocratiques. Cette étape peut s’avérer délicate, car les processus officiels de consultation publique favorisent souvent les groupes d’intérêt qui sont organisés et qui savent en tirer profit, alors que la voix du grand public y est souvent moins entendue.

En ce sens, l’utilisation de divers modes de communication est requise. Certains outils informels ou des contenus vulgarisés sont nécessaires, mais un libre accès aux documents techniques est également souhaitable.

Il est primordial pour un développeur d’amorcer les efforts de communication le plus rapidement possible et d’initier le dialogue dès la planification. Cette ouverture et cette transparence pourraient même permettre une bonification du projet.
Le promoteur et ses alliés doivent adopter une attitude proactive et favoriser des contacts et des échanges réguliers avec chacun des acteurs impliqués.

En ce sens, le processus de développement du projet du Massif de la petite rivière Saint-François s’avère un exemple intéressant de concertation et de mobilisation du milieu local.

La médiation touristique

Si, malgré ces bons conseils, le projet devient une source de litiges, la médiation demeure préférable à l’affrontement. (Lire aussi : La médiation touristique, ou comment faciliter les relations entre touristes et habitants.) En effet, lorsque des projets de développement touristique rencontrent certaines réticences locales, les leaders touristiques de la région auraient probablement tout à gagner à favoriser la mise en oeuvre d’une instance de médiation dont la tâche consisterait à rapprocher les parties en proposant diverses suggestions, tout en exerçant une certaine force de persuasion (et non de coercition).

Sources:

– Beaubien, Marie. «LE NIMBY (ou syndrome ‘pas dans ma cour’)», extrait du site Internet www3.sympatico.ca/marie.beaubien/nimby.htm (page consultée le 2 mars 2007).
– Lauzon, Julien. «Le phénomène NIMBY et l’implantation des grands équipements», revue Urbanité, juillet 2003, p. 15-20.
– Masingue, Isabelle. «Nimby: pas dans ma cour», Découvrir, novembre-décembre 2006, p. 11.

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