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Analyses - 22 février 2008

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Consommation verte: votre entreprise a-t-elle une politique d’achats écologiques?

L’achat – ou l’approvisionnement – écologique sert à réduire les effets nocifs de la consommation sur l’environnement. Cela consiste à se renseigner sur ce dont les produits sont faits, d’où ils viennent, comment ils ont été fabriqués et comment ils seront éliminés à la fin de leur cycle de vie. L’achat écologique favorise également la consommation responsable et la création d’une société durable.

La plupart des gouvernements, de grandes entreprises et de plus en plus de petites et moyennes entreprises touristiques se sont dotés d’une politique d’achats ou d’approvisionnement dont les objectifs visent le respect de l’environnement et de la société. Pour l’instant, on ne connaît toutefois pas leur nombre. Le secteur public dépense de 45 à 65% de son budget en approvisionnement, ce qui représente de 13 à 17% du PIB des pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). En élaborant des politiques d’achats écologiques, le tourisme peut nettement améliorer son rendement en matière de durabilité, puisque cette industrie consomme des produits et des services de presque tous les secteurs économiques. Par exemple, certaines chaînes hôtelières comme Scandic ainsi que la municipalité de Whistler ont intégré des objectifs d’achats «verts» dans leur politique d’approvisionnement et ont mis sur pied un certain nombre d’outils pour leur permettre de faire de meilleurs choix d’achats.

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Qu’est-ce qu’un produit écologique?

Les produits écologiques doivent satisfaire à l’un des critères suivants : ils doivent être faits à partir de sources abondantes ou renouvelables, fonctionner de façon efficace, être fabriqués ou cultivés localement et être recyclables, biologiques et durables (c’est-à-dire qu’ils doivent avoir un long cycle de vie), ou être réutilisables. Un produit durable efficace répond de façon optimale aux exigences d’une gestion respectueuse de l’environnement à toutes les étapes de son cycle de vie. L’analyse du cycle de vie d’un produit joue un rôle très important dans la consommation responsable et réfère à toutes les étapes liées à sa production et à sa consommation:

  • matériaux utilisés pour la production initiale,produits_bois_logo.jpg
  • consommation d’énergie pour l’extraction de matériaux,
  • production de déchets lors de l’acquisition de matières premières,
  • processus de fabrication,
  • utilisation par les consommateurs,
  • entretien, et
  • élimination finale.

Les produits traditionnels ne reflètent pas le coût réel de leurs impacts social et environnemental. Par exemple, le prix des polluants tels que les produits chimiques ou non biodégradables n’inclut pas les frais de dépollution qu’ils entraînent. Ce sont les communautés touchées qui en paient souvent le prix, généralement par le biais de fonds publics. Il est quasi impossible pour une entreprise touristique ou un consommateur de faire l’analyse du cycle de vie de chaque produit. Pour qu’il soit plus facile d’identifier les produits socialement responsables, un ensemble d’organismes voit à l’élaboration de normes, d’étiquettes et de programmes de certification. Le programme Choix environnemental du gouvernement canadien, entre autres, fournit une liste des produits testés et certifiés écologiques pour toute la durée de leur cycle de vie. Ces produits sont les moins dommageables sur le marché et peuvent afficher l’«Éco-Logo». Différents organismes en Amérique du Nord et ailleurs peuvent certifier une vaste gamme de produits.

Il est difficile d’évaluer des produits qui ne sont pas étiquetés. Il faut également être vigilant avec les étiquettes et les stratégies de commercialisation: le marché est présentement saturé de produits soi-disant écologiques qui ne le sont pas réellement. On peut évaluer un produit en consultant son site Web ou en obtenant des renseignements directement du fournisseur. Si une entreprise n’offre aucune description claire de sa politique de durabilité, il est recommandé de vérifier si elle respecte au moins certaines normes et si elle est listée au Répertoire des entreprises canadiennes socialement responsables (Canadian Business for Social Responsibility).

Pourquoi l’achat écologique?

L’achat écologique influence le marché en incitant les entreprises à offrir des options novatrices et durables aux consommateurs. En plus d’être responsables, les entreprises qui adoptent une politique d’achats «verts» en tirent de nombreux avantages, dont diverses économies – surtout à long terme – et l’amélioration de leur image de marque. Les consommateurs optent en effet de plus en plus pour de bonnes habitudes écologiques; les entreprises qui en font autant peuvent ainsi se différencier de la concurrence. Les autres avantages dont elles bénéficient sont:

  • des frais d’exploitation inférieurs grâce à une utilisation efficace de l’électricité, de l’eau et d’autres ressources;
  • des coûts de gestion des déchets moindres;
  • un respect accru de la réglementation environnementale;
  • l’élimination des risques pour la santé et la sécurité associés à l’utilisation de produits toxiques.

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Notons que plusieurs de ces avantages ne s’acquièrent qu’à moyen ou à long terme. La sensibilisation aux avantages économiques et environnementaux dont peuvent jouir les entreprises qui ont adopté des politiques d’achats écologiques permet à leurs employés d’en tirer une grande fierté.

Mesures pratiques en vue de mettre sur pied une politique d’achats écologiques

1. Reconsidérer chaque achat
Bien des entreprises consomment des produits inutiles. Afin de déterminer l’utilité d’un produit, il faut se poser les questions suivantes:

  • En quoi ce produit sert-il l’entreprise?
  • L’entreprise peut-elle fournir ses services sans l’aide de ce produit?
  • S’il est nécessaire, ce produit a-t-il été utilisé jusqu’au bout de son cycle de vie?

Dans le cas de produits consommables, il est bon d’évaluer la possibilité d’en abaisser le taux de consommation. La réduction des achats inutiles permet de faire des économies qui serviront à acheter des produits durables ou à en favoriser l’essor.

2. Louer ou acheter d’occasion

Il est également possible de louer des produits ou de les partager avec d’autres entreprises : mobilier bureau_logo.jpgde bureau, outils, appareils et ordinateurs, par exemple. En louant, on épargne sur le prix d’achat initial et on évite les risques et les frais liés à l’élimination des déchets de ces produits. Certaines entreprises qui achètent des produits durables sont juridiquement responsables de l’élimination et du recyclage de ces derniers. Par ailleurs, les matériaux recyclés ou d’occasion sont de plus en plus accessibles pour les travaux de rénovation et de construction.

3. Choisir un produit durable ou de longue durée

Il vaut mieux choisir des produits multifonctionnels de longue durée afin de diminuer le taux global de consommation. Pour déterminer s’il y a possibilité d’épargne, il faut comparer le coût par utilisation des produits moins durables ou jetables à celui d’une version durable. Par exemple, des tasses en styromousse jetables peuvent être remplacées par des éléments recyclables, dont le verre. La plupart des produits sur le marché ont des versions de longue durée, les ampoules et les piles notamment. Les produits électroniques et les appareils durent longtemps et peuvent souvent être réparés.

4. Choisir des produits ou des services qui répondent à des critères environnementaux ou sociaux précis

Lorsque possible, choisir de préférence des produits dont l’étiquette certifie qu’ils ont été testés par des organismes fiables. Si de tels produits ne sont pas disponibles, voici quelques suggestions:

  • Vérifier le contenu de tous les produits à base de substances chimiques. Les produits nettoyants, les engrais, les produits d’éclairage et de tuyauterie, la peinture, les produits du bois ont tous fait l’objet d’évaluations particulières pour connaître leur degré de toxicité. Celles-ci sont accessibles au grand public par le biais de pages Web gouvernementales ou autres. Certains produits nettoyants et matériels informatiques contiennent des ingrédients toxiques tels que du formaldéhyde, du mercure, du plomb, du cadmium, du chrome, du phosphate et des composés organiques volatils. Ces produits doivent être remplacés par des éléments moins polluants et moins toxiques (la peinture à base d’huile par son équivalent à base d’eau et ainsi de suite). Certains plastiques et meubles émettent des gaz qui sont nocifs pour l’environnement et la santé humaine.appareils_electros1.jpg
  • Vérifier si les produits non périssables peuvent être recyclés et réutilisés. Ces produits comprennent les cartouches d’encre, les huiles, le verre, les plastiques, le papier, les stylos, les contenants de boisson, les piles, etc.
  • Trouver des produits qui utilisent une quantité moindre d’électricité ou d’eau, qu’il s’agisse des appareils de plomberie, des électroménagers, et même des ampoules.
  • Vérifier si le produit est recyclable ou s’il contient des matières recyclables ou des éléments réutilisables. Certains nouveaux produits sont faits à partir de matières recyclées: l’achat de ces articles favorise la récupération plutôt que l’utilisation de matières neuves. Le pourcentage de matières recyclées qui entre dans la composition d’un produit est indiqué sur son étiquette. Certains produits, dont plusieurs meubles, sont fabriqués à partir de ressources surexploitées qui se font de plus en plus rares.
  • Surtout dans le cas des voitures, vérifier s’il existe des produits qui utilisent des sources d’énergie renouvelable ou plus propre que l’essence, par exemple. Le nombre de voitures à bon rendement énergétique s’accroît rapidement, toutes catégories confondues; au Québec, le gouvernement octroie un crédit d’impôt aux acheteurs de certains véhicules hybrides.
  • Vérifier si les denrées périssables sont de culture biologique ou locale. Les propriétaires de restaurant doivent éviter de servir certaines espèces de poissons qui font l’objet d’une pêche excessive, par exemple. Sustainable Seafood Canada, une coalition d’organismes de conservation, fournit un guide visant à favoriser des habitudes de consommation durable.
  • Vérifier si les produits importés de pays en développement ont été fabriqués dans le respect des principes du commerce équitable.equitable.jpg

5. Choisir des produits locaux autant que possible
En vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre, il est très important de s’approvisionner auprès de sources locales.

Comment s’y prendre?

Le processus de mise en place d’une politique d’achats écologiques est long du fait que le personnel du service des achats doit trouver des compromis. Il lui faut soupeser les objectifs environnementaux et composer avec les exigences opérationnelles, la compétitivité des prix, la qualité et la disponibilité des produits. Étant donné le besoin de trouver un équilibre entre ces aspects, l’adoption d’une politique d’achats écologiques ne sera pas facile pour la plupart des entreprises de tourisme. Il vaut donc mieux débuter par un projet simple qui pourra être amélioré constamment. Les entreprises qui ont adopté de telles mesures recommandent:

  1. d’établir un énoncé de politique clair sur la vision et les objectifs de l’entreprise en matière de durabilité, y compris un nouveau plan d’achats aux priorités bien définies;
  2. de faire participer tous les membres de l’entreprise au processus;achats_responsables_logo141.jpg
  3. de se fixer des cibles précises et quantifiables pour l’adoption de la politique;
  4. de faire un contrôle régulier du progrès en vue d’atteindre les objectifs fixés.

L’achat écologique est un outil efficace qui permet aux entreprises d’enrayer la pollution à la source. C’est également une bonne façon d’inciter chacun à devenir responsable. Les achats ont une incidence sur toutes les étapes de la production, de l’extraction des matières premières à la gestion des déchets. Grâce à la consommation responsable, les rendements financier et environnemental peuvent s’améliorer, car chaque décision d’achat a des répercussions sur l’économie, l’environnement et la société. Le fait d’acheter des produits verts permet aux entreprises qui les fournissent de réaliser des économies d’échelle tout en réduisant leurs coûts et en effectuant une plus vaste distribution de leurs produits, à un prix abordable. Présentement, les produits écologiques sont fabriqués à moindre échelle et coûtent plus cher, en partie parce que le marché est encore petit. Cela devrait changer au fur et à mesure que la demande s’accroîtra.

Chaque personne et chaque entreprise se doivent d’être plus responsables et de changer leurs comportements dès aujourd’hui. Consumers cannot shop the planet out of its problems, mais la consommation responsable aidera à atténuer quelques enjeux environnementaux.

Sources :

– Canadian business directory for social responsibility (répertoire des entreprises canadiennes socialement responsables). [www.cbsr.ca], (consulté le 4 février 2008).
-Cleverdon, R. et Kalisch, A. «Faire Trade in Tourism», International Journal of Tourism Research, 2, 2000, pp. 171-187.
-Chen, C. «Incorporating green purchasing into the frame of ISO 14 000», Journal of Cleaner production, 13, 2005, pp. 27-933.
-Environnement Canada [www.ec.gc.ca], (consulté le 4 février 2008).
– Programme de Choix environnemental. [http://www.ecologo.org/fr/certifiedgreenproducts], (consulté le 4 février 2008).
– Greater Vancouver Regional District. «Sustainable Purchasing Guide». Greater Vancouver Regional District, 2007, 44 p.
– Guide relatif à l’importation commerciale. [www.inspection.gc.ca/francais/fssa/imp/guide1f.shtml], (consulté le 4 février 2008).
– Low, W. et Davenport, E. «Postcards from the Edge: Maintaining the ‘Alternative’ Character of Fair Trade», Sustainable Development, 13, 2005, pp. 143-153.
– Perera, O., Chowdhury, N. et Goswami, A. «State of Play in Sustainable Public Procurement», International Institute for Sustainable Development, Winnipeg, 2007, 83 p.
Guide d’achats écologiques de la municipalité de Whistler (anglais). [http://www.whistler2020.ca/whistler/site/genericPage.acds?context=1967998&instanceid=1967999], (consulté le 4 février 2008).
Politique d’achats écologiques de la chaîne hôtelière Scandic (anglais). [http://www.scandic-hotels.com/corporateinfo/913_OurBeliefsAndPractices.jsp], (consulté le 4 février 2008).
– US Environmental Protection Authority (agence de protection environnementale des É.-U.). [http://www.epa.gov], (consulté le 4 février 2008).

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