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Analyses - 21 avril 2008

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avril 2008

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Imprimer Hébergement, Tourisme durable,

Les tendances en matière d’adhésion à des labels écologiques dans les hôtels canadiens

Les améliorations de la performance environnementale du secteur de l’hôtellerie ne font pas l’objet d’une évaluation systématique. Il est donc difficile d’estimer la réelle ampleur du changement qui, dans le cas du Canada, n’est pas uniforme selon les divers programmes auxquels les établissements peuvent adhérer (voir tableau 1). Si quelques hôtels arrivent à verdir leur performance, le secteur n’en est qu’à la case départ en ce qui concerne la réduction de son empreinte écologique. En effet, moins de 2% des établissements hôteliers du Québec enregistrés par la CITQ (Corporation de l’industrie touristique du Québec) participent officiellement à l’un ou l’autre des programmes offerts.

Le Programme d’évaluation écologique Clé verte

Le programme d’évaluation écologique Clé verte a été inauguré en 1997; sa gestion est assurée par l’Association des Hôtels du Canada (HAC). Les clés vertes permettent d’identifier les établissements participants et le nombre de clés qui leur est accordé sert d’indicateur des mesures «vertes» mises en œuvre. Bien que cette étiquette soit disponible à tout demandeur, le programme est conçu pour les grands hôtels. Pour participer, il faut compléter un questionnaire en ligne composé de 140 questions portant sur cinq secteurs d’exploitation. Depuis 2007, l’AHC procède à des vérifications aléatoires sur le terrain.

Présentement, environ 600 propriétés à travers le Canada sont inscrites au programme (tableau 1). D’ici la fin de 2008, on souhaite atteindre 1000 établissements, soit 30 à 40% de tous les hôtels canadiens d’une capacité de 50 chambres ou plus. En mars 2008, l’Ontario et la Colombie-Britannique comptaient le plus grand nombre d’hôtels dans ce programme (tableau 1), la majorité d’entre eux affiliés à une chaîne et classés trois clés (graphique 1). Dans l’ensemble, on considère que les hôtels classés cinq clés ont respecté les normes les plus élevées en matière de gestion environnementale et de responsabilité sociale dans tous les secteurs d’exploitation. Les normes sont établies à l’échelle internationale et portent sur la durabilité des activités hôtelières (voir la liste en fin de texte pour des exemples).

Graphique 1: Nombre d’hôtels canadiens et leur classement selon le nombre de clés

Labels_ecologiques_hotels_graph1

Au Québec, les établissements ayant obtenu une certification sont inégalement distribués dans les régions touristiques (graphique 2). Montréal en compte le plus grand nombre, suivi de Québec et de la Montérégie, qui se classent respectivement aux deuxième et troisième rangs. Certaines régions ne sont pas du tout représentées.

 

Graphique 2: Nombre d’établissements qui participent au programme d’évaluation
écologique Clé verte selon les différentes régions touristiques québécoises

 

Labels_ecologiques_hotels_graph2

Programme Greenleaf d’Audubon

Depuis 2000, le programme d’évaluation écologique de l’organisme Audubon International est offert en collaboration avec l’agence TerraChoice Environmental Marketing, Inc. Les entreprises qui participent obtiennent de une à cinq feuilles vertes et le nombre de feuilles est une indication du nombre de mesures environnementales mises en œuvre. Les participants réalisent une autoévaluation des six principaux secteurs d’exploitation qui est ensuite analysée par TerraChoice Environmental Services. Ce dernier assure également la gestion du processus indépendant de contrôles ainsi que la tenue de vérifications aléatoires des adhérents sur le terrain.

Bien que tous les genres d’établissements hôteliers puissent adhérer au programme, à ce jour (mars 2008), seulement 44 membres au Canada – répartis surtout dans les provinces du Manitoba, de la Nouvelle-Écosse et de l’Ontario – l’ont fait (tableau 1). Au Canada, la plupart de ces établissements ont reçu trois feuilles. Au Québec, il y a deux établissements, situés à Montréal, et ils sont classés deux feuilles. Le faible nombre de participants canadiens s’explique par la popularité du programme Clé verte de l’AHC, bien que certains hôtels adhèrent aux deux programmes.

Réser-vert

En novembre 2007, l’Association des hôteliers du Québec, en collaboration avec ses partenaires des secteurs privé et public, a lancé son propre programme visant à identifier les établissements qui ont intégré les principes de développement durable à leurs opérations. Les établissements certifiés peuvent afficher un logo arborant un Thuya occidentalis, dont les trois couleurs sont représentatives des trois piliers du développement durable. Comparable aux autres, Réser-vert comprend aussi une autoévaluation, qui porte sur 140 opérations particulières dans 10 catégories. Tous les établissements hôteliers peuvent déposer une demande d’adhésion. Il est encore trop tôt pour calculer le taux de participation à l’aide de données statistiques.

LEED

Labels_ecologiques_hotels_tabl1

 

Présentement, parmi tous les programmes en matière d’environnement bâti, LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) est le plus rigoureux. Ce programme, géré par le Conseil du bâtiment durable du Canada, est conçu pour les établissements en construction ou en rénovation. Les participants réalisent une évaluation à partir d’indicateurs de rendement, de même qu’une évaluation qui porte sur plusieurs secteurs d’exploitation, dans le but de recevoir un certificat argent, or, ou platine. En mars 2008, parmi les six hôtels canadiens participants, la moitié se trouve en Ontario (tableau 1) et la certification la plus élevée octroyée jusqu’à présent est l’or.

Le marché réagit-il?

Il existe des preuves (avancées du moins par les grandes chaînes hôtelières) selon lesquelles être vert se traduit par une bonne image, des épargnes et une nette amélioration du rendement économique. Pendant cette période d’ajustement du marché à la «révolution verte», l’importance d’être vert ne cessera de croître. D’après les études recensées, il est clair que la demande pour un hébergement vert est grandissante, mais il est difficile de l’évaluer pour différentes destinations en s’appuyant sur des données avérées. Cela dit, il semble que les voyageurs sensibilisés à l’environnement ne se contentent plus seulement de mesures symboliques comme la réutilisation de serviettes de bain.

Selon des rapports en provenance d’Europe, la responsabilité sociale corporative devient de plus en plus un facteur de poids dans le secteur des conférences et des événements pour les années à venir et cette tendance se confirme également en Amérique du Nord. Le site greenlodgingnews.com présente les résultats d’un sondage réalisé en 2008 par l’Association des Hôtels du Canada et Fleishman Hillard sur les intentions de voyage à l’étranger. On y rapporte que 29% des voyageurs d’affaires et 21% des voyageurs d’agrément étaient prêts à débourser 5% de plus pour un séjour respectueux de l’environnement. L’étude montre aussi que 52% de tous les voyageurs interrogés recherchaient, «à l’occasion» ou «le plus possible», des hôtels qui ont adopté de solides pratiques vertes, alors que 46% ont répondu «rarement ou jamais». Il est intéressant de noter que 91% des répondants n’étaient pas au courant du programme canadien d’évaluation écologique Clé verte. À la question portant sur l’adoption par leur organisation d’une politique relative aux déplacements écologiques, 60% ont répondu non, 8% oui et 32% ont admis ne pas savoir.

Pendant ce temps, l’industrie hôtelière doit poursuivre ses «affaires». Un établissement qui présente une faiblesse sur le plan des valeurs et de la compétence commerciale n’améliore pas ses chances de succès. L’aperçu de la participation aux programmes de certification écologique donne à penser que l’attitude de responsabilité à l’égard de l’environnement des petits hôtels est moins évoluée que celle des hôtels certifiés appartenant à des chaînes. Dans les faits cependant, les petits établissements sont nombreux à améliorer leur performance de développement durable. Pour eux, l’environnementalisme comme moyen de générer un réel profit est peut-être un défi top ambitieux. Le fait que les touristes verts ne sont pas encore assez nombreux leur permet toutefois de gagner du temps. D’autres forces qui sont en jeu pourraient les inciter à changer de cap et à être plus respectueux de l’environnement, notamment l’augmentation de 70% des coûts énergétiques dans certaines provinces canadiennes ainsi que des coûts d’enfouissement des déchets plus élevés au cours des cinq prochaines années.

Tous les hôtels, sans exception, doivent apporter des modifications à leurs pratiques et progresser vers une responsabilisation accrue de leurs opérations. En vue de les aider à réussir dans cette démarche, il existe aujourd’hui des centaines de ressources et de nombreuses pratiques exemplaires.

Liste d’hôtels qui ont des pratiques exemplaires selon les programmes qui ont fait l’objet de cette étude:

Siwash Lake Ranch
The Fairmont Chateau Lake Louise
Hospitality Inns & Suites, Lloydminster
Monterey Inn Resort & Conference Centre
Trout Point Lodge
Aurum Lodge
E’Terra Inn

Notes:

Les droits de participation aux programmes sont variables. Pour les membres d’une organisation, les droits d’adhésion aux programmes de reconnaissance sont:

Clé verte de l’Association des Hôtels du Canada: 350 CAD (+ taxes) par propriété, payables annuellement.

Greef Leef d’Audubon: 500 CAD (+taxes) et 1 $ en sus par chambre, pour les établissements d’une capacité de 50 chambres ou moins; 800 CAD (+taxes) et 1$ en sus par chambre pour les établissements de plus de 50 chambres.

Réser-vert de l’Association des hôteliers du Québec: 150 CAD lors de l’adhésion; par la suite, cotisation annuelle fixe de 350 CAD (+taxes).

Leadership in Energy and Environmental Design (LEED): droits de participation variables selon la taille de l’établissement. Pour un hôtel québécois d’une superficie de plancher de moins de 500 mètres carrés, un investissement d’environ 4200 CAD (+taxes) est nécessaire pour obtenir la certification, en plus des frais d’enregistrement de 1000 CAD (+taxes). Pour les établissements en rénovation, le tarif est réduit de 50%, y compris les frais d’enregistrement.

Sources:

– Association des Hôtels du Canada. [[http://www.hacgreenhotels.com/index.htm], dernière consultation le 30 mars 2008.
– Association des hôteliers du Québec. [[http://www.hoteliers-quebec.org/fr/accueil.php], dernière consultation le 30 mars 2008.
– Audubon Green Leaf Eco-rating Program. [[http://www.terrachoice.ca/hotelwebsite/indexcanada.htm], dernière consultation le 30 mars 2008.
– Buckley, R. «Tourism Ecolabels», Annals of Tourism Research, vol. 29, no 1, 2002, p. 183-208.
– Conseil du bâtiment durable du Canada. [http://www.cagbc.org], dernière consultation le 30 mars 2008.
– Corporation de l’industrie touristique du Québec. [http://www.citq.info/nouvelles/statistiques.asp], dernière consultation le 30 mars 2008.
– Font, X. et C. Harris. «Rethinking Standards from Green to Sustainable», Annals of Tourism Research, vol. 31, no 4, 2004, p. 986-1007.
– Hasek, G. «Leed Gold-Certified E’Terra Inn Is Natural Fit for Niagara Reserve», Green Lodging News, 6 février 2008 [www.traveldailynews.com], dernière consultation le 30 mars 2008.
– Hasek, G. «Canada’s Hoteliers Gather To Explore Green Trends, Best Practices», Green Lodging News, 26 février 2008 [www.greenlodgingnews.com], dernière consultation le 30 mars 2008.
– Hospitality and Sales Association International. Resources for Resourceful – Hospitality Firms, été 2007, p. 28-30.
– McDonald-Gibson, C. «Des hôtels écolos tendent la main aux voyageurs», Agence France-Presse, jeudi 3 avril 2008.
– Reiser, A. et D.G. Simmons. «A Quasi-experimental Method for Testing the Effectiveness of Ecolabel Promotion», Journal of Sustainable Tourism, vol. 13, no 6, 2005, p. 590-616.
– Terra Choice Environmental Marketing. [http://www.terrachoice.com], dernière consultation le 30 mars 2008.
– Verikios, M. «CSR Higher on the Business Agenda», Travel Daily News 19 octobre 2007 [www.traveldailynews.com], dernière consultation le 19 octobre 2007.
– Verikios, M. «Focus on Environmental Responsibility Within Meetings Industry», Travel Daily News, 04 septembre 2008 [www.traveldailynews.com], dernière consultation le 10 avril 2008.

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