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Analyses - 28 novembre 2008

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novembre 2008

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Le tourisme d’affaires en temps de crise

Lorsque l’économie perd des plumes, le tourisme d’affaires est l’un des secteurs les plus vulnérables de l’industrie touristique. La crise financière qui s’abat actuellement sur la plupart des pays développés s’ajoute aux conditions déjà peu avantageuses pour les voyages d’affaires, dont la hausse des prix des billets d’avion et des chambres d’hôtel. Certaines études récentes permettent de faire un tour d’horizon du tourisme d’affaires en Amérique du Nord en cette période incertaine.

2008 au ralenti

De grands regroupements comme la Travel Industry Association  (TIA) parlent d’une année 2008 difficile pour le tourisme d’affaires. Aux États-Unis, TIA anticipe une baisse des voyages d’affaires domestiques de 3,7% pour 2008 et de 2,7% pour 2009. Les principales compagnies aériennes américaines ont enregistré une diminution de la croissance des voyages d’affaires pour le deuxième trimestre 2008. L’International Air Transport Association (IATA) déclarait que la croissance mondiale du trafic aérien en classe affaires et en première classe était en baisse au premier semestre 2008.

La Commission canadienne du tourisme parle d’un ralentissement généralisé du tourisme d’affaires. En Ontario, une enquête réalisée à l’été 2008 auprès des hôteliers révèle que 56% d’entre eux entrevoyaient une baisse du nombre de voyageurs d’affaires pour le troisième trimestre de 2008. En mars, le ministère du Tourisme de l’Ontario estimait la baisse du tourisme d’affaires (nombre de visites touristiques) dans la province pour l’année 2008 à 1,1%. Cette dernière s’ajouterait à celles des années 2006 et 2007 qui atteignaient respectivement 3,5% et 0,7%.

Plus chers et plus contraignants

Avec la hausse des prix des billets d’avion et les surcharges de toutes sortes qui y sont associées, le prix de l’essence qui fluctue surtout à la hausse – bien qu’il ait baissé récemment, cela ne se reflète pas encore dans les tarifs aériens – et l’augmentation des prix des chambres d’hôtel, la facture d’un voyage d’affaires grimpe substantiellement. Selon l’étude annuelle d’American Express Business Travel, un voyage d’affaires domestique en Amérique du Nord coûtait, en octobre 2008, de 140 à 175 USD de plus qu’en 2007. Pour les voyages d’affaires internationaux, les Nord-américains déboursaient jusqu’à 400 USD de plus par voyage, en considérant les frais supplémentaires et les coûts divers.

Et d’autres contraintes s’ajoutent:

  • la réduction du nombre de vols;
  • des aéroports bondés;
  • des mesures de sécurité contraignantes;
  • le retour de la règle «nuitée obligatoire le samedi» (Saturday night stay) qui pénalise les voyageurs d’affaires.

Même budget, moins de voyages

Selon un récent sondage de l’Association of Corporate Travel Executives (ACTE), près des deux tiers (64%) des gestionnaires de voyage dans les entreprises prévoient des budgets égaux à 2008 ou à la baisse pour les voyages de leurs employés en 2009. Pourquoi? Surtout en raison de l’incertitude économique. Des voyages qui coûtent plus cher pour une même cagnotte ou encore avec des coffres moins garnis signifient moins de déplacements. Et même pour ceux dont le budget devrait augmenter, le nombre de voyages pourrait être à la baisse, vu la hausse significative des coûts. Toujours selon ce sondage, 39% des gestionnaires estiment que les coupures toucheront d’abord les réunions d’entreprise, et 16% les voyages internationaux.

Et la crise financière incite d’autant plus les entreprises américaines à resserrer les cordons de leur bourse. Une autre enquête réalisée auprès de 196 gestionnaires de voyage dans les entreprises américaines montre que le quart (26%) ont instauré, au cours du mois d’octobre, des compressions d’urgence en matière de voyages pour les employés. Ces mesures peuvent se traduire par un gel temporaire des voyages ou par une diminution de leur nombre.

Changer les comportements

C’est souvent dans un contexte de restrictions et de contraintes budgétaires que les comportements sont appelés à changer et que l’on revoit nos façons de faire. Étant donné que de plus en plus d’entreprises perçoivent les voyages d’affaires comme un investissement et non une dépense, et que les employés aiment bien réaliser des voyages d’affaires, on cherche de part et d’autre des moyens pour en diminuer les coûts plutôt que de ne pas en faire. Parmi les politiques mises en œuvre par les entreprises, voici les plus courantes:

  • revenir le jour même lorsque c’est possible;
  • effectuer de moins nombreux voyages internationaux;
  • assister à moins de foires commerciales et de conférences internationales ou y déléguer moins d’employés;
  • acheter des billets d’avion au moins 14 jours à l’avance pour bénéficier de meilleurs tarifs;
  • choisir des hôtels plus économiques;
  • partager une chambre d’hôtel avec un collègue lorsque c’est concevable;
  • favoriser les nuitées chez des amis ou de la parenté;
  • maximiser les rencontres et les occasions d’affaires à destination.

Quelques prévisions pour le Canada

À l’occasion de son étude annuelle publiée en octobre 2008, American Express présente quelques tendances prévisionnelles sur les tarifs de voyage au Canada et aux États-Unis en 2009. Le tableau suivant illustre ces résultats qui, par ailleurs, démontrent bien l’incertitude quant à l’avenir.

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American Express envisage la possibilité d’une baisse des tarifs aériens en 2009. Mais l’entreprise précise qu’avec les charges supplémentaires qui ne cessent de s’ajouter, une baisse ne signifie pas que le prix payé sera nécessairement plus bas (ou significativement plus bas). Les tarifs hôteliers et de location d’auto au Canada devraient, quant à eux, augmenter.

Un contexte sans précédent

Malgré tout, certaines organisations demeurent optimistes. En fait, la TIA estime que 2010 devrait être un tournant pour le tourisme d’affaires; elle compte sur des jours meilleurs. American Express, qui prévoit une période d’incertitude pour 2009, préfère ne pas s’avancer pour 2010. Le contexte économique qui a cours aux États-Unis depuis quelques mois étant sans précédent, l’étendue de ses répercussions reste à venir. Les voyageurs d’affaires et les gestionnaires de voyages d’affaires, comme les intervenants touristiques, feront face à des défis nouveaux au cours des prochains mois… voire de la prochaine année.

À lire dans une prochaine édition du Globe-Veilleur: Le touriste d’affaires d’aujourd’hui: joindre l’utile à l’agréable.

Sources :
–  American Express. «American Express Business Travel Announces Adjusted Results of Forecast in Anticipation of Global Economic Slowdown», [http://www.newswire.ca/en/releases/archive/October2008/22/c8447.html], CNW Group, page consultée le 5 novembre 2008.
–  Associated Press. «Business travelers cut back on flights as airlines make it tougher to find discounts », 23 septembre 2008.
–  Associated Press. «Report: Weak economy will pressure work travel», 30 octobre 2008.
–  Boehmer, Jay. «Financial Crisis Ices Corporate Travel», BTN online, 20 octobre 2008.
–  BTN. «TIA Forecasts Declines in Business Travel, Prepares for TBR Merger», 30 octobre 2008.
–  Commission canadienne du tourisme. «Bulletin de renseignements sur le tourisme», no 47, septembre 2008.
–  ETN. «Business travelers changing behaviors in current economy», 10 juin 2008.
–  Les Affaires. «Les patrons doivent s’attendre à voyager moins», 18 octobre 2008.
–  Ministère du tourisme de l’Ontario. «Tourism Outlook», [http://www.tourism.gov.on.ca/english/research/forecasts/index.html], page consultée le 5 novembre 2008.
–  Sharkey, Joe. «Finding Ways to Dull the Glamour of Travel», 28 octobre 2008.
–  Yu, Roger. «Travel Forecast: Business travel costs will rise in 2009», USA TODAY, 22 octobre 2008.

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