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Analyses - 25 mai 2009

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La crise, une opportunité pour innover? (Compte rendu des Assises du tourisme 2009)

Avec ce thème comme prémisse, les Assises du tourisme 2009 ont réuni quatre grands ténors de l’industrie touristique pour en discuter. Ceux-ci s’accordent à dire que la crise actuelle n’en est qu’une de plus dans la liste déjà longue, et que nous évoluons constamment dans le chaos. Peu importe la situation, il faut continuellement innover pour progresser. Et sur cette lancée, pourquoi ne pas miser sur le milieu culturel et le génie de nos créateurs qui savent si bien se distinguer sur la scène internationale pour s’ouvrir à de nouveaux horizons, insuffler une vision originale de notre Québec touristique et le réinventer?

Animée par Paul Arseneault, directeur du Réseau de veille de la Chaire de tourisme Transat de l’ESG-UQAM, la table ronde était composée des interlocuteurs suivants:

  • Charles Lapointe (C. L.), président de Tourisme Montréal;
  • Alain April (A. A.), directeur général du Château Bonne Entente et du Georgesville, président de la Société du Centre des congrès de Québec et président du Conseil québécois de l’industrie touristique ;
  • Philippe Sureau (P. S.), président de la distribution à Transat A.T. ;
  • Michel Archambault (M. A.), titulaire de la Chaire de tourisme Transat de l’ESG-UQAM.

D’entrée de jeu… la crise, une opportunité pour innover?

C. L. – Il pleut, nous sommes en crise…
Attendre une crise pour innover est une idée éculée. Nous devons toujours innover, être constamment en alerte, sinon nous allons péricliter.

A. A. – Les crises font partie des cycles économiques.
Il ne faut pas attendre une crise pour réagir. Toutefois, une crise ou un ralentissement des activités sont une occasion d’aller chercher des employés que les autres entreprises ont mis à pied, d’investir dans l’immobilisation, de revoir les ententes avec les fournisseurs.

P. S. – Quelle crise, celle d’il y a dix ans, cinq ans, six mois ?
Il y a quelques mois, l’énergie était trop chère, le taux de change du dollar canadien n’était pas favorable, et la liste pourrait s’allonger. Aujourd’hui, ces situations se sont redressées et c’est au tour de la crise financière doublée de la grippe porcine. Il y a toujours eu des crises, il y en aura toujours. Selon Darwin,  ceux qui savent s’adapter survivront.

Écoutons-nous nos clients pendant la crise? La vraie mutation s’est effectuée en 1999 avec la montée d’Internet. Désormais, nous pouvons tout savoir, tout le temps et le dire à tout le monde.

M. A. – Le modèle d’affaires ne fonctionne plus.
Des chantiers sont arrêtés, on observe une baisse de la clientèle chez les voyagistes, la confiance des investisseurs n’est plus au rendez-vous. La crise est bien présente. Nous sommes constamment appelés à gérer dans le chaos et nous devons être capables de réagir.

Pour éviter de courir à notre perte, pourquoi ne pas miser sur ceux qui vont nous faire rêver et s’attaquer résolument au marché international?

La crise changera-t-elle la dynamique touristique de façon temporaire ou permanente? Le Québec est-il en train de se marginaliser?

P. S. – Le tourisme durable est sans contredit le premier perdant à court terme, mais il sera le gagnant à long terme. La solution passe par l’intégration d’une économie qui réduit la surconsommation, par une nouvelle dynamique qu’est le tourisme social. La reprise doit emprunter cette voie pour innover.

A. A. – Il faut apprendre des crises pour en ressortir plus fort.
La mémoire est une faculté qui oublie. Les gestionnaires baissent les prix et choisissent la voie de la facilité. Il importe de maintenir les prix et d’offrir une plus-value au client, de le dorloter, de le respecter. Il faut retirer une fierté de ce que l’on accomplit. Une crise permet aux meilleures entreprises de perdurer et contribue à éliminer les plus faibles, ceux qui nuisent à notre image.

P. S. – Internet, c’est à la fois la liberté et le Far West.
Internet offre des possibilités incroyables. Grâce au phénomène du long tail, une petite entreprise peut s’ouvrir au marché mondial.

C. L. – Nous devons écouter sur le Web 2.0 ce que l’on dit de nous.
Cela nous permet d’ajuster l’offre en temps réel.

Quels sont les gagnants et les perdants de la crise actuelle (secteurs, régions, entreprises)?

M. A. – Le grand gagnant est le consommateur en raison de l’offre avantageuse dont il dispose.
Les perdants sont sans doute le Canada et le Québec. Comment reconquérir le marché américain d’autant plus que leur image à l’international s’améliore. Les destinations, tels Dubaï, Shanghai et les pays de l’Europe de l’Est, qui ont su investir et parfaire leur produit en ressortent gagnants.

C. L. – Les perdants, le Canada et le Québec.
Ces destinations se marginalisent dans l’offre internationale. L’Amérique du Nord constitue la région ayant la plus faible croissance selon l’Organisation mondiale du tourisme.

Depuis la fin du 19e siècle, le palmarès des régions touristiques du Québec (Québec, Montréal, Laurentides, Cantons-de-l’Est, Charlevoix et la Gaspésie) demeure inchangé, même après la crise. D’autres régions peuvent compter sur des produits spécifiques comme les pourvoiries. Apprenons à nous connaître, à miser sur nos produits exceptionnels et à savoir à quel client nous nous adressons.

M. A. – Nous faisons face à la détérioration de nos infrastructures.
Des entreprises avec un long passé ont dû fermer boutique faute d’investissement au fil des années, par exemple La Sapinière, l’Estérel… Nous devons concentrer nos investissements et éviter le saupoudrage.

A. A. Il est important de bien déterminer qui tu es, qui tu vises, et dans quel but.
Les entreprises qui ont dû mettre la clef sous la porte n’ont pas investi. La règle d’or: pour faire de l’argent, il faut en investir.

Quelles sont les plus grandes innovations touristiques québécoises des dix dernières années?

C. L. – Nous ne sommes pas les premiers de classe en matière d’innovation.
Certes, on s’améliore. Il n’y a qu’à regarder les secteurs du spa et du ski, le développement du marché gai par Montréal. Mais on n’invente rien. Nous sommes de bons élèves et nous suivons les tendances.

M. A. – L’innovation au Québec provient de nos créateurs.
Le Cirque du Soleil, Robert Lepage, Fred Pellerin… Pourquoi ne pas effectuer une séance de remue-méninges avec nos créateurs qui ont une vision internationale et qui ne sont pas issus du secteur touristique pour qu’ils nous fassent rêver.

P. S. – L’événementiel est un milieu qui a su innover.
Le Festival International de Jazz de Montréal a réussi à se maintenir parmi les grands et à évoluer. Les activités des fêtes du 400e de Québec se sont distinguées par leur diversité et leur originalité.

A. A. Nous sommes de bons «suiveux».
Le maire Régis Labaume a su donner une impulsion dynamique à la ville de Québec. Il serait intéressant d’aller voir ce qui se fait ailleurs et de l’importer.

P. S. – Nous avons à apprendre de nos erreurs.
L’avortement du projet du Casino et du Cirque du Soleil au Bassin Peel en est un bon exemple.

M. A. – Il existe 2 713 îles dans le St-Laurent.
Le St-Laurent constitue une icône, une image forte que nous devrions mettre davantage de l’avant.  Les îles représentent  notre flore, notre faune et notre histoire. Il faudrait miser sur un tel produit et le mettre en marché.

Nous sommes capables de réaliser de grandes choses comme les barrages hydro-électriques. Nos projets devraient se fonder sur l’architecture.

P. S. – L’effervescence culturelle devrait devenir un moteur, un critère dominant.
Au Québec, le milieu culturel a su innover. La culture est essentielle et il faut tabler sur cet aspect pour dévier de l’activité touristique et porter un regard neuf. Nous avons les ressources, les capacités, les talents.

A. A.  – Il faut avoir le bon rêveur… qui s’assure que le projet est rentable!

C. L. – Misons sur la qualité, la créativité, le talent des architectes.
Le Millenium Park à Chicago représente un exemple probant de réussite à cet effet. La vision du maire de même qu’un concours international faisant appel aux architectes et aux créateurs ont réussi à faire de ce parc un attrait touristique couru.

Quelques interventions de la salle

France Lessard  (Office du tourisme et des congrès de Québec) soulignait notre inertie relativement à la réalisation de grands projets: le projet archipel, le train à grande vitesse, etc. Il serait facile de faire une liste de 30 projets porteurs qui ont avorté. Nous lui lançons le défi, histoire de nous emparer de quelques bonnes idées et de les relancer.

François Rioux (Groupe Riôtel) indiquait que la Gaspésie est en crise depuis 50 ans. Il faut croire en notre potentiel et investir. Regarder en avant.

Marcel Levy (Éditions du Gecko) soulignait que le monde est en crise depuis la nuit des temps. Ce qui conduit les gens, c’est le rêve, le bonheur. En période de crise, il faut réduire les craintes du consommateur et réussir à le faire rêver.

Dommage…

Comme on sentait que les panélistes commençaient à sortir de leur cadre de gestionnaire et qu’ils s’engageaient dans une démarche créative, il a fallu terminer la session, horaire oblige!

Source:
– Assises du tourisme 2009. L’innovation, moteur de croissance touristique!, table ronde «La crise, une opportunité pour innover», Québec, 15 mai 2009.

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