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Analyses - 2 juin 2009

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juin 2009

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Des télécabines en ville!

La télécabine n’est plus à l’usage exclusif des stations de ski. De plus en plus de villes l’adoptent. Elle offre aux citoyens un moyen de se déplacer au quotidien de façon plutôt distrayante. Sur le plan touristique, la télécabine est attrayante. Elle permet de voir la ville sous un autre angle et sous-entend un brin d’aventure, du moins pour ceux qui ont le vertige! Ces nombreuses qualités ne font toutefois pas toujours le poids devant ses opposants qui estiment, souvent, que les installations nécessaires à la télécabine constituent une pollution visuelle. Alors pourquoi tant de villes l’adoptent-elles? Voici quelques explications et exemples illustrant cet engouement récent pour un moyen de transport… pas si nouveau.

Le transport par câble fait un retour!

Implanté à Grenoble, en France, depuis 1934, à Caracas, au Venezuela, en 1952, ou encore à New York en 1976 telecabines1(actuellement en rénovation) pour relier Roosevelt Island à Manhattan, le transport urbain par câble ne date pas d’hier. Mais les villes s’y intéressent à nouveau depuis quelques années. Alors que certains élus le considèrent comme un gadget ou une attraction plutôt futile, d’autres l’envisagent comme un réel moyen de transport en commun, dont le principal avantage consiste en sa flexibilité pour franchir des obstacles naturels (forte pente, fleuve, etc.) plus facilement que d’autres. Un peu comme le tramway, le transport par câble effectue un retour dans les projets de réaménagement urbain.

Comme complément au transport urbain

La Ville de Portland a choisi d’implanter un «tramway aérien» afin de relier un secteur telecabines2de la ville à l’Oregon Health and Science University. Des années de discussions et d’études ont révélé qu’il s’agissait là de l’option optimale. Inauguré en janvier 2007, ce téléphérique parcourt une distance d’un kilomètre sur un dénivelé de 152 mètres. Le trajet dure trois minutes. Une cabine peut accueillir jusqu’à 78 passagers. La fréquentation pour la première année avait été estimée à 864 000 personnes. Ce sont plutôt 1 398 287 passagers, soit 62% de plus que prévu, qui ont été enregistrés.

Le Portland Aerial Tram est rapidement devenu une véritable vedette! Star des médias lors de sa première année d’exploitation, il a fait l’objet de nombreux reportages dans plusieurs journaux et magazines à grand lectorat. Toile de fond de séances de photos de mode, de téléséries japonaises populaires ou encore d’émissions de Disney, le transport par câble de Portland a offert toute une visibilité à la ville. Certains parlent même de la création d’une icône.

Le Medellin Metrocable, en Colombie, remporte aussi beaucoup de succès. telecabines3Depuis 2004, cette télécabine dessert certains quartiers et bidonvilles situés dans les pentes et secteurs enclavés de la ville. La télécabine est ouverte 20 heures par jour, 355 jours par année. Les résultats sont exceptionnels depuis son ouverture. En 2005, elle a transporté 15 millions de passagers. Bien que le Metrocable alourdisse le paysage par sa structure imposante, sa forte fréquentation ne fait aucun doute. Rapidement, la construction d’une seconde liaison s’est imposée, puis une troisième est prévue pour 2009. D’autres villes d’Amérique du Sud envisagent un tel moyen de déplacement, dont Rio de Janeiro.

Et les touristes en raffolent!

La télécabine fait partie du paysage de plus en plus de villes. Pensons à Barcelone, Lisbonne, Taipei, Singapour ou encore Cologne, pour ne nommer que celles-là. Activité touristique originale, le tour en télécabine est souvent très couru par les visiteurs, car il est peu contraignant physiquement et offre généralement un panorama surprenant de la ville. Activité ou mode de déplacement… Le transport en télécabine permet au touriste de joindre l’utile à l’agréable.

On aime…

Ses atouts sont plutôt nombreux et séduisants. Selon ses promoteurs, le transport par câble est:

  • très efficace dans les pentes;
  • peu énergivore comparativement aux autres moyens de transport motorisés, dont le tramway;
  • peu coûteux par rapport au tramway ou encore à la construction d’un pont;
  • non nuisible à la circulation automobile;
  • rapide et simple à construire;
  • performant (les équipements conçus actuellement peuvent transporter de 3000 à 5000 passagers à l’heure);
  • attirant (les gens aiment prendre la télécabine);
  • divertissant (un tour en cabine de téléphérique est souvent inclus dans les forfaits offerts aux touristes).

On n’aime pas… Projets abandonnés

Mais le transport par câble ne fait pas l’unanimité. Ses détracteurs le condamnent souvent parce qu’il encombre le paysage par ses cabines, ses câbles et ses pylônes. D’autres estiment que la mise en place d’un tramway est plus efficace parce que plus rapide. Ainsi, bien des villes l’ont envisagé pour ensuite rejeter cette option en raison d’une trop forte opposition. En France, notamment, on évoque souvent le fait qu’il s’agit d’équipements trop chers, inadéquats par rapport aux besoins et, surtout, qu’ils risquent de défigurer la ville. À Issy-les-Moulineaux, en périphérie de Paris, on a fini par abandonner le projet sous la pression des riverains. À Nantes aussi, l’option d’un lien par câble entre la butte Ste-Anne et l’île de Nantes n’a pas été retenue. On y préfère un pont. Enfin, ce mode de transport ne semble pas toujours pris au sérieux par les élus qui le considèrent la plupart du temps comme une option farfelue. Pourtant, selon un expert et adepte du transport par câble, Pierre Jaussaud, le coût de construction au kilomètre d’un tramway coûte cinq millions d’euros de plus qu’un véhicule sur câble. Sur le plan visuel, il faut bien sûr choisir un emplacement judicieux et un modèle qui s’intègre au paysage urbain.

Et Montréal?

Le projet de télécabine de Montréal proposé par le groupe Skylink en 2008, telecabines4mais rejeté par la Société du Vieux-Port de Montréal, revient à la surface avec plusieurs modifications. Il s’agit en fait d’un projet de 100 millions de dollars, entièrement financé par l’entreprise privée et qui consiste à relier, par un système de télécabines, le Vieux-Port de Montréal, le Parc Jean-Drapeau et la ville de Saint-Lambert. De nombreux organismes et regroupements d’affaires ont manifesté leur appui au projet. Ce serait une belle occasion de stimuler l’offre touristique et la visibilité montréalaise, en plus, bien sûr, de constituer un moyen de transport tout à fait original et attirant pour les locaux. Comme c’est le cas dans la plupart des villes, c’est la crainte de voir le paysage transformé qui anime les opposants. Il s’agit néanmoins d’un dossier à suivre!

Sources:
–    Castonguay, Alec. «Une entreprise veut relier le Vieux-Montréal et Saint-Lambert par télécabines», Le Devoir, 25 mai 2009.
–    Heuillard, Yves. «Le téléphérique et la ville, une nouvelle histoire d’amour», [www.ddmagazine.com/831-Le-Le-telepherique-et-la-ville-une-nouvelle-histoire-damour.html], 1er décembre 2008.
–    Mirguet, Olivier. «Tourisme au bout du fil», L’Écho touristique, 10 avril 2009.
–    Neiman, Ophélie. «Demain, je vais travailler en téléphérique»,  [www.rue89.com], 2 mai 2008.
–    Plotard, Christophe. «Des téléphériques en ville?», [www.valeursactuelles.com], 28 mars 2008.
–    Portland Aerial Tram. «2007 Annual Report», 2007.

Site Internet:
–    Skylink, la télécabine de Montréal

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