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Analyses - 25 février 2010

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Le marché intérieur stagne: topo sur les Canadiens au Québec en 2008

On blâme souvent le marché américain pour expliquer les faibles performances touristiques du Québec, mais qu’en est-il de notre marché intérieur? La situation n’est pas rose de ce côté non plus, alors que les segments d’agrément et d’affaires sont en perte de vitesse. Heureusement, les visites de parents et d’amis ont sauvé la mise au cours des dernières années. Voici un profil détaillé du marché touristique canadien au Québec.

Un changement de définition depuis 2006

Il y a cinq ans, nous dressions un premier portrait des touristes canadiens en visite au Québec (lire aussi: Profil des Canadiens au Québec). Depuis ce temps, Statistique Canada a révisé la méthodologie de l’Enquête des voyages des Canadiens (EVC) qui porte désormais le nom d’Enquête sur les voyages des résidents du Canada (EVRC). Pour cette raison, les données publiées depuis l’année 2006 ne sont pas comparables avec celles des années antérieures.

La principale distinction apportée à la nouvelle enquête concerne les critères pris en compte pour définir un touriste. L’EVRC introduit le concept de «voyage à l’extérieur de la ville ou de la municipalité» pour traduire la notion d’«environnement habituel». Dans l’EVC, tous les déplacements d’une nuit et plus d’au moins 80 km étaient classés comme «touristiques». Dorénavant, tous les voyages d’une nuit et plus, peu importe la distance, seront considérées pourvu qu’ils soient effectués à l’extérieur de la municipalité.

Quant à la définition liée aux excursionnistes, elle change également. Il s’agit maintenant des voyages d’un même jour effectués à l’extérieur de la municipalité vers une destination située à une distance d’au moins 40 km du domicile. Jusqu’en 2004, la distance minimum requise était de 80 km, mais n’intégrait pas la notion d’«environnement habituel».

Le tourisme intérieur stagne

On constate que le tourisme domestique ne progresse pas. Le nombre de touristes canadiens (incluant les Québécois) au Québec affiche même une baisse de 1,8% en 2008 par rapport à 2006 (tous buts de voyage confondus) (tableau 1). Les voyages d’agrément diminuent, passant de 9,34 à 9,17 M$ et ceux d’affaires chutent de 10,6%, soit d’environ 140 000 voyages.

Pour leur part, les visites d’excursionnistes (tous buts de voyage confondus) enregistrent une modeste croissance de 2,4% (tableau 2). Cette augmentation est essentiellement attribuable à une hausse de plus de 850 000 visites chez des parents ou des amis entre 2006 et 2008. Les excursions d’affaires, elles, affichent un recul de 8% au cours de la même période.

La provenance des touristes

Le marché de la grande région métropolitaine de Montréal génère au Québec près de 4,2 millions de voyages-personnes pour des visites d’agrément d’au moins une nuit, soit environ 44% de ce marché (graphique 1). La métropole enregistre toutefois une baisse globale de 1,7% du nombre de touristes d’agrément et en visite chez des parents ou des amis en 2008 en comparaison avec 2006. Sans doute propulsée par les festivités du 400e anniversaire de la ville de Québec, la situation s’est avérée très positive pour la région qui a connu une croissance importante de 6,2% pour ces mêmes segments de marché par rapport à 2006.

Les «autres» régions du Québec constituent également un foyer touristique majeur, particulièrement pour les visites chez des parents ou amis, avec quelque 3,8 millions de voyages, soit le tiers du volume canadien.

La crise économique n’épargne pas les régions

Pour chacun des trois buts de voyage, voici les cinq principaux marchés d’origine (excluant le Québec et Toronto) des visiteurs (incluant les excursionnistes) au Québec (graphique 2). La crise économique semble avoir durement touché le tourisme d’agrément de l’Est ontarien (voir carte), qui est passé de 219 000 visites en 2006 à 93 000 en 2008. Pour la région du corridor du Saint-Laurent, le volume de visiteurs a augmenté quelque peu (93 000 c. 85 000) au cours de la même période.

** En raison de leur faible fiabilité statistique, n’utiliser ces données qu’à titre indicatif

Des activités en masse

L’observation de la faune, le camping, le vélo, la plage, la pêche, le théâtre, les concerts, l’opéra et la danse sont les activités les plus fréquemment pratiquées par les touristes québécois pendant leurs voyages au Québec, tous buts confondus (graphique 3). Pour les Canadiens des autres provinces, ce sont les sites historiques qui suscitent le plus d’engouement.

La répartition des dépenses

Au cours de l’année 2008, les touristes canadiens d’agrément, incluant les Québécois, ont déclaré des dépenses totales de 2,59 milliards de dollars au Québec (graphique 4). Il s’agit d’une modeste hausse de 3,6% par rapport aux dépenses en 2006. Environ 27% du budget touristique est alloué à l’hébergement, soit 696 M$. On remarque l’importance des dépenses consenties pour d’autres secteurs non directement liés au tourisme, tels que le fonctionnement d’un véhicule (443 M$), les aliments et les boissons (266 M$) et les vêtements (167 M$).

Un mode d’hébergement différent selon le marché

Le mode d’hébergement choisi par le marché d’agrément varie sensiblement selon le lieu d’origine des visiteurs (graphique 5). Pour la population urbaine, le chalet et la maison de villégiature privés sont les plus populaires avec 1,5 million de voyages pour les Montréalais et 238 000 pour les gens de Québec. Les Québécois habitant à l’extérieur des grands centres sont plus nombreux à séjourner chez des parents et des amis (725 000) qu’à l’hôtel (703 000). Pour les Torontois, l’hôtel s’inscrit comme le premier choix pour presque un voyageur sur deux (46%).

Où vont précisément les Québécois?

Voyons maintenant comment se répartissent les voyages d’une nuit et plus des Québécois entre les différentes régions touristiques du Québec. Nous avons séparé les destinations selon chacun des buts de voyage (graphiques 6, 7 et 8). Précisons que sauf pour les régions de Montréal et de Québec, il est préférable de n’utiliser les données pour ces trois graphiques qu’à titre indicatif en raison de leur faible fiabilité statistique.

Ce sont les Laurentides (17%), suivies des régions de Québec (15%) et des Cantons-de-l’Est (11%), qui récoltent le plus de voyages d’agrément (graphique 6). Pour les voyages chez des parents ou des amis (graphique 7), l’avantage tourne du côté des régions de Montréal (13%), de la Montérégie (12%), des Cantons-de-l’Est (11%) et de Québec (10%).

Quant à la réalité du marché des affaires, elle est tout autre. Les villes de Québec et de Montréal se partagent respectivement 27% et 21% du marché (graphique 8).

* Comprend les régions du Bas-Saint-Laurent, de Duplessis, de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine et de Manicouagan.

Les défis du tourisme domestique

À la lumière des chiffres présentés dans cet article, on constate que le tourisme intérieur représente un défi de taille pour le Québec. En effet, la demande touristique du marché canadien au Québec stagne et ne parvient pas à croître au même rythme que celle de l’industrie touristique mondiale. Évidemment, un dollar plus fort augmente la tentation des Canadiens pour les voyages à l’étranger.

Mais le problème est certainement plus profond, alors que d’autres destinations telles que l’Australie ont déjà amorcé de vastes travaux de réflexion pour mieux comprendre les enjeux liés au déclin du tourisme domestique (Lire aussi: Benchmarking – Réflexions de l’Australie face aux défis du tourisme intérieur). Peut-être le temps est-il venu de s’unir aux autres provinces et d’adopter une réelle stratégie nationale afin de redynamiser le marché canadien?

Source:

– Statistique Canada. «Enquête sur les voyages des résidents du Canada», traitement spécial, 2006, 2007 et 2008.

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