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Analyses - 20 juillet 2010

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juillet 2010

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Imprimer Gestion, Tendances, Tourisme durable,

Cap sur le tourisme urbain durable

Les villes accueillent plus de la moitié de la population mondiale, et la majorité des touristes les visitent, ou du moins les traversent pour accéder à des destinations plus recluses. L’industrie touristique, qui exerce une pression sur ces zones urbaines, doit se préoccuper des implications environnementales, socioculturelles et économiques engendrées par ses activités.

La prise de conscience générale par rapport aux conséquences des modes de consommation incite le tourisme urbain à s’orienter vers des stratégies de croissance durable non compromettantes pour les générations futures.

Le tourisme durable présente des exigences et des enjeux bien spécifiques

Selon l’Organisation mondiale du tourisme, le tourisme durable doit aussi bien optimiser l’utilisation des ressources environnementales que respecter l’authenticité socioculturelle des communautés d’accueil et assurer à long terme la viabilité financière des investissements.

Or, ce n’est pas faute d’ambition que les villes ne suivent pas ce modèle, mais c’est souvent par manque d’expertise, de leadership ou de modèle de gouvernance fiable et équitable pour encadrer cette nouvelle forme de développement.

Une stratégie de tourisme urbain durable doit répondre aux exigences suivantes:

  • Minimiser l’empreinte écologique des activités touristiques et promouvoir des modes de consommation durables.
  • Créer une infrastructure touristique viable.
  • Concilier les intérêts des habitants et ceux des visiteurs.
  • Préserver le patrimoine culturel, architectural et social dans un contexte de villes en constantes mutations.
  • Gérer la surcharge des lieux touristiques.
  • Encourager un développement économique viable à long terme et offrant de bonnes possibilités d’emploi.
  • Éviter l’apparition de phénomènes de ghettoïsation et d’espaces exclusivement touristiques qui créent une discontinuité de la vie urbaine locale.
  • Avoir une politique de transport «verte» et viable pour contrer les effets négatifs des déplacements (pollution, bruit, encombrement des routes, problèmes de stationnement, etc.).
  • Trouver le moyen de mobiliser les intervenants de l’industrie touristique autour d’un même objectif, bien que la nature de cette dernière soit très fragmentée.

La liste n’est pas exhaustive, mais elle témoigne de la complexité des enjeux et de la nécessité que les parties prenantes impliquées, à savoir les offices de tourisme, le gouvernement, les entreprises touristiques et les résidants, pour ne citer que ceux-là coordonnent leurs interventions. L’entente sur un modèle de gouvernance est un grand défi pour ces partenaires, qui ont parfois des intérêts opposés.

Des destinations qui franchissent le pas

L’application des pratiques de développement durable du tourisme dans un environnement urbain est un concept relativement nouveau, mais certaines villes se sont déjà lancées dans l’aventure.

Dès 1996, la Green Tourism Association (GTA) a largement contribué à la diffusion d’une image plus «verte» de Toronto, grâce à la réalisation de deux projets prônant l’application des principes du tourisme durable:

  • L’édition, en 1999, d’une carte (The Other Map of Toronto) qui relie les sites et les activités touristiques à l’environnement.
  • Le lancement d’un guide (The Other Guide of Toronto), dont l’objectif était de fournir des informations sur les nombreuses possibilités de tourisme durable à Toronto. La richesse des histoires sociales et environnementales des quartiers y est mise en valeur et une section pédagogique explique comment voyager «vert».

Ces initiatives ont connu un franc succès et ont servi d’outils pour commercialiser le concept de durabilité urbaine auprès des touristes et des résidants de la ville.

À son tour, Edinburgh Tourism Action Group (ETAG) a élaboré une stratégie appelée SUTS: Sustainable Urban Tourism Strategy, qui vise à ce qu’Édimbourg devienne la destination touristique la plus durable de l’Europe du Nord d’ici 2015. La SUTS identifie les trois champs d’action les plus importants comme suit:

Afin de préserver son héritage culturel et naturel, la ville d’Édimbourg encourage les entreprises à réduire ou à compenser leurs émissions de carbone. Le projet «climate friendly events», visant la tenue de congrès respectueux de l’environnement, en fait partie. D’autre part, la ville encourage la promotion du patrimoine naturel et culturel comme raison de visite. Dans le souci de maintenir la cordialité et un climat propice à l’échange entre les résidents et les touristes, la ville promeut les avantages issus du tourisme tels que l’amélioration des transports et des installations, la tenue d’événements divers et la stimulation culturelle. La campagne «Tourism is Everyone’s Business» en est un bel exemple. Pour rehausser la qualité des services offerts, Édimbourg s’investit afin de valoriser le tourisme pour attirer des employés compétents et prêts à considérer cette industrie comme premier choix de carrière.

Comme le développement durable doit inclure chaque personne, la problématique de l’accessibilité est aussi prise en compte, et la ville met l’accent sur l’inclusion sociale pour que la majorité de la population puisse profiter des activités et des événements gratuits. La ville se dote également d’infrastructures accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Édimbourg a adopté une stratégie d’ensemble qui canalise et coordonne les différentes initiatives. D’autres villes mènent des actions sporadiques, mais qui sont tout de même de bons exemples:

Source: mobilito.at

Mobilito: La ville de Salzbourg en Autriche a mis en place une centrale de transport mettant à la disposition des touristes des options alternatives de déplacement. Le système inclut le réseau ferroviaire européen, les transports en commun de la région, les réseaux autrichiens nationaux de bus et de trains, les centrales de taxi et les points de location de véhicules électriques non polluants. La centrale est accessible en ligne, par téléphone et a également pignon sur rue.

Source : parkandride.net

Park and ride: Ce concept nous vient du Royaume-Uni. Il privilégie des stationnements d’accueil à l’entrée des villes, où le visiteur peut laisser son véhicule durant son séjour. Un système de transport en commun lie l’espace de stationnement au centre urbain.

Le tourisme durable urbain offre une valeur ajoutée à la promotion des villes. Il leur permet d’enrichir leur offre touristique, alors susceptible d’attirer une nouvelle clientèle ou de conforter la clientèle existante dans ses choix de consommation. Nos villes sauront-elles se démarquer à leur tour?

Sources:
– Bintner, Martine. «Le tourisme durable urbain», Institut de gestion de l’environnement et d’aménagement du territoire, 25 juillet 2002.
– Dodds, Rachel, Anna Gibson, Marion Joppe et Brian Jamieson. «Ecotourism in the city? Toronto’s Green Tourism», Emerald Journal of Contemporary Hospitality Management, 2003.
– Dodds, Rachel et Marion Joppe. «Promoting urban green tourism: The development of the other map of Toronto», Journal of vacation Marketing, 2001.
– «Sustainable Urban Tourism Strategy», Edinburgh Tourism Action Group, 29 octobre 2008.
– Yi-Yen Wu, Hsioa-Lin Wang et Yu-Feng Ho. «Urban ecotourism: Defining and assessing dimensions using fuzzy number construction», Tourism Management, 2009.

  • Etienne Pelletier-Chenard

    Merci pour cet article, il est très cohérent et l’information y est varié. Parcontre, je trouve qu’il est important de mentionner le progrès de certaines villes canadiennes en ce qui à trait aux trois R. Réduire, Réutiliser, Recycler.

    J’aimerais en nommer que 2 exemples assez flagrant sur lequel baser votre prochain article:
    – Vancouver, Colombie-Britannique, Canada
    – Whistler, Colombie-Britannique, Canada

    Pour avoir participé aux activités des Jeux Olympiques de Vancouver 2010, je peux garantir que leur tourisme est d’autant plus diversifié et que leur but d’offrir les Jeux les plus verts auras été un succès sur toute la ligne. Non seulement les infrastructures sont encore en place (SkyTrain, F-Cell B.C. Transit Bus, Whistler Athletes Village, etc) mais les populations locales sont maintenant plus concernées que jamais et les touristes mieux informés sur les actions à être posées pour réduire les sources de pollution.

    Je vous invite à visiter les sites de Tourisme Vancouver ou Tourisme Whistler pour plus d’information @

  • Marlène Fortin

    De retour d’un voyage en Europe, en pleine haute saison des vacances familiales des Européens, je n’ai pu qu’apprécier la richesse culturelle et patrimoniale des cités anciennes littéralement étouffées sous la pression automobile. Chaque rue piétonne devient comme un oasis de fraîcheur alors que la circulation autour exerce une pression au point d’assombrir l’expérience de visite. Malgré de timides efforts dans certaines villes, pour favoriser des moyens alternatifs aux touristes, l’accessibilité et la communication sont difficiles. À Nice par exemple, pour un Euro on peut emprunter un vélo urbain et faire la Promenade des Anglais, moyennant un numéro de carte de crédit et un numéro de portable par vélo loué. Imaginez le casse-tête pour une famille ! Souvent le train de banlieue est un bon moyen d’accéder au centre-ville, en autant que les bornes de paiement soient compréhensibles (minimalement en anglais) et que les titres de transport soient flexibles, pour un touriste qui ne veut que faire un simple aller-retour. Le développement touristique durable doit de plus en plus associer les agences de transport public pour rendre les services encore plus accessibles et non pas comme une succession de course à obstacles.

  • Anne-Claude Mazzon

    Synergie Tourisme-Aménagement du territoire-Culture-Transports-Habitants-Environnement-Nouvelles technologies.
    Programme passionnant et qui vaut qu’on s’y consacre.
    J’en rêve pour Marseille et PACA.

  • GRIMES Said

    La plus grande attention est à réserver à la participation citoyenne et à l’intégration en aval de toute étude des paramètres environnementaux liés au tourisme durable. Les instruments d’urbanisme touristiques sont donc à expertiser pour s’assurer de leur écoconception avant leur approbation définitive. Cela suppose une formation dans le domaine de l’écoconception de l’ensemble des acteurs de l’urbain et une évaluation de la qualité environnementale des études d’abord, des projets ensuite. Je suis impatient de voir la première expérience d’urbanisme 100% écoconçue.

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