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Analyses - 2 octobre 2012

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octobre 2012

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Le tourisme autochtone prend sa place

La valorisation de la culture autochtone, le partage de ses traditions avec les visiteurs, la préservation de l’héritage culturel ainsi que l’apprentissage et la pratique des activités traditionnelles constituent autant d’avantages du tourisme autochtone. Cette richesse québécoise et canadienne est diversifiée et s’inscrit dans la perspective du tourisme durable, mais son développement présente des enjeux considérables.

Les collectivités au Québec

Au Québec, il y a 11 nations autochtones qui regroupent 55 communautés.

Source : Secrétariat aux affaires autochtones du Québec et Tourisme Autochtone Québec

La petite histoire du tourisme autochtone

Au Québec, jusqu’à la fin des années 1980, le tourisme autochtone a été aux mains des non-autochtones, les autochtones étant embauchés comme guides. À partir des années 1970, les agences de voyages canadiennes et européennes ont organisé des circuits incluant des arrêts dans les réserves afin que les touristes puissent acheter des objets d’artisanat et voir «des Indiens». Au début des années 1990, des entrepreneurs autochtones se sont rendus compte que les produits financiers du tourisme ne profitaient que très peu aux communautés. Ils ont fondé la Société touristique innu (STI) en 1991 et mis l’accent sur le tourisme culturel et d’aventure. Tourisme Autochtone Québec a succédé à la STI en 1998 afin d’assister les entreprises autochtones dans le développement et la promotion de leurs offres.

Depuis quelques années, la Commission canadienne du tourisme (CCT) considère le tourisme autochtone comme l’un des six enjeux stratégiques pouvant avoir des répercussions importantes sur l’industrie canadienne du tourisme et elle a d’ailleurs mené une campagne de promotion des 28 initiatives de tourisme autochtone les plus significatives qui ont servi de produits phares et tenu une place de choix à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver de 2010.

Aujourd’hui, le tourisme autochtone prend son indépendance et les opérateurs autochtones expérimentent des modes de développement touristique autonomes davantage en accord avec leurs valeurs.

Caractéristiques de l’offre actuelle

Dans le cadre de sa thèse de doctorat, la chercheure et consultante Sylvie Blangy a catalogué les catégories d’offres suivantes:

  1. Visites culturelles (musées, centres de patrimoine, lieux historiques, expositions d’art, galeries, marchés d’artisanat, festivals, foires, etc.)
  2. Visites menées par un guide et interprète autochtone autour d’une activité d’interprétation qui facilite le contact avec la culture autochtone et la compréhension de cette dernière (durée plus longue que les visites culturelles).
  3. Séjours d’immersion organisés qui mettent l’accent sur la rencontre ainsi que sur l’apprentissage, l’expérience et la découverte des traditions et modes de vie locaux, des pratiques religieuses, des croyances et des rituels (une à deux semaines).
  4. Séjours itinérants plus axés sur les activités de pleine nature, encadrés par un guide autochtone et offrant l’itinérance en canot, kayak, raquette, marche, équitation ou pêche le long d’une route de migration, d’un chemin traditionnel ou d’un parcours initiatique.

Au Québec, Tourisme Autochtone Québec a pour mandat de structurer et soutenir le développement, soutenir les meilleures pratiques ainsi que le positionnement et la promotion.

Les défis du développement touristique

Le développement du tourisme autochtone n’est pas sans enjeux et défis considérables. Mme Blangy fait également état des particularités du tourisme autochtone:

  • activités fragiles et vulnérables;
  • manque de données fiables et pertinentes sur ce marché;
  • autorité du chef héréditaire très marquée;
  • lacunes organisationnelles dans les communautés;
  • manque de formation;
  • infrastructures inadaptées ou manquantes;
  • décalage entre la perception des touristes et la réalité (les communautés ont évolué et ne vivent plus comme autrefois);
  • éloignement et isolement nuisibles à l’accessibilité et causant des coûts élevés;
  • décalage entre les cultures autochtones et la culture occidentale;
  • engagement communautaire pouvant être inexistant;
  • quasi absence de gros joueurs.

Tourisme Autochtone Québec a réalisé une étude d’impact économique auprès de 154 entreprises touristiques autochtones au Québec. Il en ressort une évolution certaine: 

  • Entre 2003 et 2011, on compte une cinquantaine d’entreprises touristiques autochtones de plus; 
  • Le chiffre d’affaires moyen est en hausse passant de 340 000 à 600 000 dollars canadiens;
  • En 2010, plus de 800 000 visiteurs ont fréquentés un attrait touristique autochtone;
  • L’industrie touristique autochtone génère plus de 3 000 emplois annuellement;
  • L’impact économique a connu entre 2003 et 2010 une croissance de 65% passant de 103M$ à 169M$.

L’étude faisait également état de plusieurs enjeux, notamment la qualité et la constance de certains produits, la formation de la main d’œuvre et la valorisation du métier au profit d’autres secteurs payants (ex: les mines).

L’association met donc l’emphase sur le développement et le structuration du secteur. Un département de développement a été mis en place en 2011 et des tournées ont été réalisées dans les communautés autochtones. De plus, l’organisme a tout récemment adopté un plan de développement 2012-2015 qui amènera Tourisme Autochtone Québec à réaliser différentes actions d’accompagnements telles que de la formation et des campagnes de valorisation du tourisme auprès des autochtones.

Ailleurs au Canada, l’association Aboriginal Tourism of British Columbia (ATBC) propose des formations, des ressources d’information, des occasions de réseautage, des programmes de marketing, etc. ATBC aide les entrepreneurs autochtones et les communautés à se lancer et à gérer une entreprise touristique. En 2009, la Colombie-Britannique comptait environ 200 entreprises touristiques autochtones représentant un apport économique annuel de 35 millions de dollars.

L’organisme a ciblé des tendances qui influencent le développement des produits touristiques:

  • escapades de fin de semaine de plus en plus populaires;
  • demande croissante pour les expériences culturelles;
  • importance de l’authenticité des attractions locales et des produits;
  • volonté de vivre une expérience touristique;
  • importance de la qualité des visites des cultures et communautés locales.

Selon ATBC, ces tendances de voyages ont créé une hausse de l’intérêt du marché pour les expériences culturelles autochtones. Tandis que certains voyageurs sont intéressés avant tout par ces cultures, un plus large marché peut être rejoint en faisant la promotion de l’expérience touristique globale avec un élément de tourisme autochtone. Ce dernier devient dans ce cas un produit de soutien plutôt que d’appel.

Source: Aboriginal Tourism Association of BC

Une forme de tourisme durable

En dressant un portrait des différentes phases par lesquelles le tourisme autochtone est passé, Sylvie Blangy révèle les aspects de ce tourisme qui contribuent au développement durable:

  • Les régions habitées par les peuples autochtones sont des lieux de haute biodiversité convoités pour leurs ressources (plantes médicinales, minerais, bois, eau, paysages). Le tourisme apparaît comme un moyen de préserver ce territoire et d’en garder le contrôle.
  • Le développement du tourisme responsable, équitable, solidaire, éthique, villageois: l’initiative vient bien souvent d’une organisation non gouvernementale (ONG) de développement ou de tourisme solidaire qui va accompagner le village dans son projet et commercialiser son produit.
  • La réduction de la pauvreté et la reconquête identitaire et culturelle.

Sans contredit, le tourisme autochtone prend tranquillement sa place et son rayonnement est vaste. L’événement Présence autochtone qui compte parmi le collectif des festivals montréalais, le reconnu Hôtel-Musée Premières-Nations de Wendake ou encore Kuei, la très dynamique communauté de Mashteuiatsh au Lac-Saint-Jean ne sont que quelques uns des exemples qui ne s’inscrivent plus en marge de l’industrie touristique mais bien à l’avant plan.

 

Le Réseau de veille de la Chaire de tourisme Transat souhaite remercier Sylvie Blangy pour l’accès à ses recherches ainsi que pour sa participation aux travaux de la Chaire et au développement du tourisme autochtone.

 

 

Sources:

– Blangy, Sylvie. Co-construire le tourisme autochtone par la recherche-action participative et les Technologies de l’Information et de la Communication, 2010.

– Blangy, Sylvie. Robin McGinley et Raynald Harvey Lemelin. «Recherche-action participative et collaborative autochtone: Améliorer l’engagement communautaire dans les projets touristiques».

– Desjardins Marketing Stratégique. «Étude 2011 de retombées économiques du tourisme autochtone», juillet 2011.

– Iankova, Katia (dir.). Le tourisme indigène en Amérique du Nord, éditions L’Harmattan, Paris, 2008.

– KPMG. «Diagnostic – Tourisme autochtone», publié par le ministère du Tourisme, mars 2012.

– NorthWay Consulting. «Aboriginal Tourism Engagement Strategy» – Final report, 2010.

– Williams, P. W. and B. O’Neil. «Building triangulated research foundations for indigenous tourism in BC, Canada», Tourism and Indigenous Peoples: Issues and Implications, 2007.

 

Sites Web: 

Survival

Indigenous Peoples Issues & Resources

Affaires autochtones et Développement du Nord Canada

Tourisme autochtone Québec

Nunavik

Tourisme Baie James

Aboriginal Tourism Association of BC

Plan Nord

  • PierreLArouche

    Malheureurement vous nous avez oublier nous les Pekuakamiulnuatsh Les Innus du Saguenay-Lac-Saint-Jean incluant cette région aussi
    Tshinishkumtin ! merci de corriger votre tableau

    Niaut ! Aurevoir! et au plaisir de vous recevoir chez nous pour une analyse sur le tourisme autochtone dans notre communauté http://www.kuei.ca

  • Daniel Pedneault

    Au premier tableau, sur la répartition des communautés autochtones au Québec, il faut préciser que les Innus (Montagnais) se retrouvent sur la Côte-Nord ET AU LAC ST-JEAN. Le nouveau site Uashassihtsh a été lancé l’été dernier : « Site évoquant les rencontres estivales sur les rives du Pekuakami vers 1910-1930. Dans une ambiance de détente et de réjouissance, venez partager et vous faire raconter des histoires. Les artisans ilnus partageront avec vous les connaissances transmises par leurs ancêtres depuis des millénaires ». Je suis un lecteur assidu des articles publiés sur votre site. C’est une source d’information fort utile, surtout pour apprécier les nouvelles tendances.

    • Maïthé Levasseur

      Bonjour!
      Nous sommes désolée de cette oubli! Le tableau a été modifié.
      Merci de votre intérêt pour le RVT!

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