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Analyse - 14 février 2017

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février 2017

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De petites villes utilisent leurs atouts pour se revitaliser

Deux municipalités qui jadis carburaient essentiellement au transport ferroviaire profitent aujourd'hui d'un grand dynamisme culturel dans un cas, et du plein air dans l'autre.

De nombreuses villes qui se sont développées autour d’une seule industrie durant plusieurs décennies, ont vu ce secteur d’activité s’effriter ou des entreprises phares quitter la région. Affligées par les effets de l’étalement urbain, ces petites villes se sont retrouvées avec des centres-ville désertés. Certaines ont surmonté ce passage à vide, non sans efforts, pour connaître aujourd’hui de beaux succès et une notoriété sur le plan touristique. Une étude américaine de la United States Environmental Protection Agency rassemble plusieurs exemples de réussite.

Voici les cas de Paducah, dans l’État du Kentucky et de Roanoke en Virginie.

Paducah mise sur les arts et la culture

Dans les années 1980, la municipalité de Paducah (25 000 habitants) souffre d’un manque de vitalité économique et assiste à l’exode de sa population vers la banlieue. Le centre-ville, composé en grande partie de bâtiments historiques, enregistre un taux d’inoccupation de 70 %. La criminalité rend le lieu d’autant moins fréquentable.

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Source: Calebism

En 1988, la mairesse ainsi que plusieurs partenaires publics qui formeront le Paducah Renaissance Alliance, considèrent alors que le succès de la ville passe par un centre-ville en santé. On choisit de redorer le blason de Paducah en misant notamment sur ses atouts, dont son secteur historique, la « Renaissance Area ».

Impliquer les artistes 

L’un des éléments phares de l’approche consiste à valoriser les institutions culturelles qui ont le potentiel de drainer de l’activité dans le secteur. Le National Quilt Museum, inspiré par des résidents passionnés de matelassage, la Paducah School of Art and Design et le Luther F. Carson Four Rivers Center qui accueille des spectacles d’envergure voient le jour. Quelque 665 000 personnes provenant des quatre coins du pays ont assisté à l’un de ses événements dans les cinq ans qui ont suivi son ouverture.

Les efforts de revitalisation d’un secteur résidentiel central de la ville sont également notables. La Ville a consenti à vendre à des artistes pour la somme de 1 $ plusieurs immeubles qui devaient être entièrement rénovés. Des programmes de subvention et des ententes pour des loyers peu élevés ont permis au secteur de renaître et d’attirer des gens de partout, grâce aux ateliers et aux galeries d’art qui y ont vu le jour. D’autres types de commerces, comme des restaurants, des cafés, des boutiques se sont ensuite greffés au paysage pour combler les désirs de cette nouvelle affluence.

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Source : Noah Adams/NPR

Ville créative de l’UNESCO 

En 2007, une étude menée par Americans for the Arts révèle que les organisations artistiques et culturelles à but non lucratif ont généré près de 40 millions de dollars américains en activités économiques dans la grande région de Paducah. Durant cette même année, plus de 400 000 personnes ont assisté à des événements culturels; 38 % d’entre elles provenaient de l’extérieur de l’État.

Jusqu’en 2010, environ 100 millions USD ont été investis dans le centre-ville de Paducah, dont la moitié venant du milieu privé. Les efforts de la Paducah Renaissance Alliance ont contribué à :

  • l’ouverture de 234 nouvelles entreprises;
  • attirer plus de 70 artistes qui ont rénové des bâtiments abandonnés;
  • la création de 1 000 nouveaux emplois;
  • la rénovation de 119 bâtiments;
  • une chute du taux d’inoccupation des bâtiments de 70 % à 14 %;
  • l’amélioration drastique de la qualité de vie;
  • une hausse considérable de la fréquentation et des dépenses touristiques;
  • la désignation par l’UNESCO, en 2013, de Paducah comme ville créative dans la catégorie : « artisanat et arts populaires ». Une reconnaissance bien méritée après plus d’une décennie d’efforts et d’investissements dans les arts et la culture.

Roanoke table sur le plein air

Dans les années 1980, la ville de Roanoke (98 465 résidents) voit plusieurs entreprises quitter son centre-ville, dont un siège social important (Norfolk & Western Railway) entraînant du même coup une série de pertes d’emplois. Les résidents quittent le centre-ville pour la banlieue et de nombreux bâtiments sont laissés à l’abandon.

Avec une situation géographique unique en Virginie, dans une vallée le long du Blue Ridge Parkway, une zone qui relie des parcs nationaux et le sentier des Appalaches, le plein air comme outil de développement économique s’impose.

Les autorités s’engagent alors à :

  • réaménager le centre-ville;
  • faire des loisirs de plein air un moteur économique;
  • créer un centre de recherche biomédical et un carrefour technologique.

 

Un dynamisme renouvelé 

Des programmes d’incitatifs à la rénovation ont été mis en place. La Ville a offert des subventions pour l’amélioration des espaces publics et des parcs urbains. Elle a contribué à créer un partenariat entre une organisation biomédicale, le collège Virginia Tech et University of Virginia pour la création du Carilion Biomedical Institute. La Carilion Clinic, un hôtel et une école médicale ont ensuite été construits. Mais pour attirer des résidents et des entreprises, il fallait procéder à l’amélioration du cadre de vie :

  • Entre 1995 et 2012, 42 km de voies vertes ont été aménagées dans la ville et ses alentours;
  • Un réseau cyclable permettant de sécuriser la pratique du vélo en ville et de la rendre plus attirante est développé;
  • Entre 2008 et 2010, la Ville place sous sa protection près de 5 000 hectares afin de préserver, notamment, des milieux de vie sauvage et certains panoramas;
  • En 2002, la Ville vise à obtenir une canopée d’arbres couvrant 40 % de sa superficie en dix ans; En 2010, 48 % du territoire est couvert d’arbres.

Le centre-ville de Roanoke a changé drastiquement depuis 2000. Alors que seulement une poignée d’individus y habitaient, quelque 1 200 résidents y ont élu domicile à ce jour. Entre 2009 et 2012, 25 restaurants se sont ajoutés, plusieurs d’entre eux ont profité de l’engouement pour les produits locaux en mettant de l’avant ceux disponibles au marché de fermiers de Roanoke.

L’organisme Smarter Travel a désigné Roanoke comme l’une des dix meilleures petites villes en croissance.

Revitalisation plein air Roanoke velo

Source : Visit Roanoke

Tactiques gagnantes

Chaque ville est unique. Une recette gagnante dans un cas peut se révéler un échec dans un autre. L’étude de la U.S. Environmental Protection Agency (EPA) expose quelques tactiques communes aux municipalités étudiées.

  • Identifier et utiliser les meilleurs atouts existants (paysage/ressources naturelles, plein air, bâtiments historiques, institutions culturelles) pour développer une économie résiliente;
  • Engager tous les membres de la communauté pour planifier l’avenir;
  • Tirer avantage de tout financement externe;
  • Créer des incitatifs au développement;
  • Encourager les investissements dans la communauté;
  • Faciliter la coopération au sein de la communauté et à travers la région;
  • Favoriser un environnement sain et de qualité.

Chaque milieu peut adapter ces éléments en regard de ses propres caractéristiques. Les petites et moyennes villes attirent par ce qu’elles ont d’authentique à offrir. Quels sont les atouts de votre ville?

Image à la une : Cooltown Studios

Source(s)

-Environmental Protection Agency. «How Small towns and cities can use local assets to rebuild their économies: lessons from successful places», Office of Sustainable Communities, mai 2015.

-Chang, Nicholas. « Don't call it a comeback: The rebirth of downtown Roanoke, Va », Smarth Growth America, 16 août 2012.

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