Recruter des travailleurs nés à l’étranger

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Stéphanie Fissette Stéphanie Fissette

Les travailleurs nés à l’étranger représentent plus du quart de la main-d’œuvre en tourisme au Canada. Cependant, nombreux sont les employeurs qui hésitent encore à les solliciter, principalement parce qu’ils ne savent pas par où commencer.

Dans une course pour attirer la main-d’œuvre, les employeurs proactifs qui investissent dans une main-d’œuvre diversifiée partent assurément avec une longueur d’avance.

Recruter parmi les travailleurs immigrants résidents

Les immigrants qui ont leur permis de résidence au Canada constituent un bassin de travailleurs à privilégier. Ils possèdent déjà toutes les autorisations légales pour travailler, ce qui facilite les démarches et raccourcit les délais de recrutement.

Au Québec, la plupart des immigrants, soit 65 %, font partie de l’immigration économique, c’est-à-dire qu’ils ont été sélectionnés par le gouvernement principalement pour leur capacité à rejoindre le marché du travail. Lors de leur admission, 73 % des travailleurs qualifiés ont indiqué connaître le français, et 43 % le français et l’anglais. Le nombre d’années de scolarité est particulièrement élevé parmi ces travailleurs, soit 14 années et plus (82 %).

Pour recruter ces travailleurs qualifiés, la meilleure stratégie consiste à contacter les centres locaux d’emploi et les organismes communautaires qui soutiennent les nouveaux arrivants dans leurs démarches d’intégration au Québec. Pour les attirer, il est primordial d’adapter les outils de recrutement. Les annonces d’emploi devront notamment refléter le désir d’embaucher ces travailleurs et de cultiver la diversité.

La régionalisation de l’immigration demeure aussi un défi de taille. La majorité des immigrants s’établissent en milieu urbain, alors que la pénurie se fait davantage sentir en région. En 2017, 77 % des immigrants reçus ont déclaré avoir l’intention de s’installer sur l’île de Montréal. Avec son programme Un emploi en sol québécois, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) souhaite favoriser la régionalisation de l’immigration en permettant à des travailleurs nés à l’étranger de découvrir des emplois en région. Plusieurs hôteliers et restaurateurs participent à l’initiative et espèrent ainsi faire découvrir leur établissement et leurs opportunités.

Un employeur qui recrute un immigrant qualifié lors de sa première expérience au Canada pourrait aussi bénéficier d’une aide financière grâce au Programme d’aide à l’intégration des immigrants et des minorités visibles en emploi (PRIIME).

Recruter des travailleurs étrangers temporaires

Faute de main-d’œuvre locale, des restaurateurs de l’Abitibi, de Charlevoix, de la Côte-Nord et de la Mauricie se tournent désormais vers des travailleurs étrangers temporaires pour pourvoir certains postes en cuisine.

Le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) permet actuellement aux employeurs canadiens d’embaucher des étrangers, comme mesure de dernier recours. Les gestionnaires peuvent donc entreprendre cette démarche pour des besoins temporaires de main-d’œuvre une fois qu’ils ont démontré que les efforts pour recruter parmi les résidents canadiens n’ont pas porté fruit.

L’employeur qui se tourne vers ce bassin de main-d’œuvre doit s’attendre à effectuer de nombreuses démarches administratives auprès des deux paliers de gouvernement et à couvrir certains coûts. Pour obtenir un aperçu des démarches à effectuer, le CQRHT a rédigé 10 choses à savoir sur le programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET).

En 2016, 12 210 personnes détenaient ce type de permis au Québec (PTET). Pour embaucher du personnel à l’étranger, les employeurs se tournent souvent vers des agences de recrutement international privées. À l’échelle publique, Québec International et Montréal International sont aussi des partenaires privilégiés pour effectuer des missions de recrutement à l’international. Par ailleurs, plusieurs organisations décident d’entreprendre les démarches avec leurs propres ressources en interne. Cela peut s’avérer une stratégie intéressante lorsque l’on recherche plusieurs employés en même temps.

De bonnes pratiques d’intégration au travail

Pour favoriser la fidélisation et le maintien en poste des travailleurs nés à l’étranger, une attention particulière doit être accordée à leur accueil et leur intégration. Le Conseil canadien des ressources humaines en tourisme a publié trois répertoires de bonnes pratiques à ce sujet. Selon les organisations sondées, pour réussir l’intégration il faut reconnaitre les spécificités et être sensible aux besoins particuliers de ces travailleurs tout en conservant l’équité avec les autres employés.

Les employeurs qui se démarquent en ce qui a trait à la diversité offrent une formation aux nouveaux arrivants sur les particularités du travail au Canada, mais ils forment aussi les gestionnaires et l’ensemble des employés aux différences culturelles. Les programmes de mentorat peuvent aussi s’avérer particulièrement utiles pour les travailleurs nés à l’étranger, un mentor élargira leurs réseaux professionnels et leur sensibilisation à la culture du milieu de travail canadien.

L’intégration dans la communauté

L’accueil et l’intégration des travailleurs immigrants dépassent le cadre de l’emploi. Leur capacité de s’intégrer à la communauté locale s’avère aussi déterminante pour le maintien en poste. Les employeurs sont donc appelés à soutenir le nouvel employé pour la recherche d’un logement, pour le transport, etc.

Encore une fois, les organismes communautaires peuvent jouer un rôle précieux comme partenaire de cette intégration. Par exemple, au Saguenay — Lac-Saint-Jean, l’organisme Portes ouvertes sur le Lac travaille en collaboration avec de nombreux intervenants touristiques. Ces derniers comptent sur lui pour s’occuper des travailleurs formés à l’étranger (TFE) qui choisissent de s’installer dans la région. L’organisme les accompagne dans leurs démarches pour attirer et retenir les nouveaux arrivants. Dès qu’une candidature de TFE est retenue, Portes ouvertes sur le Lac aide le nouvel employé à s’installer, à ouvrir un compte de banque, à établir un réseau social et à trouver des cours gratuits de français, au besoin. Les organismes communautaires facilitent aussi le dialogue interculturel dans la communauté d’accueil en organisant des rencontres et des activités de sensibilisation avec la population.

Au final, c’est l’ensemble de la communauté d’accueil qui doit veiller à ce que l’apport des nouveaux arrivants et de leurs compétences soit reconnu à sa juste valeur.

 

Image à la une : Unsplash