La culture et les musées en temps de crise

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Julie Payeur Julie Payeur

Mise à jour : 29 avril. Le numérique est devenu une nécessité. Sous différentes formes, il permet de garder la culture vivante et d’occuper les gens en confinement. L’entraide et les actes de solidarité continuent. La relance commence à poindre à l’horizon.

Depuis l’apparition de la COVID-19, il existe un consensus : la culture demeure importante en temps de crise. L’UNESCO réitère sa nécessité et souhaite le déploiement de ressources pour soutenir le secteur. D’autres organismes rappellent son effet sur le bien-être et la santé mentale en plus de sa capacité à nous rattacher au monde extérieur et à notre société.

Grandement touchée par la pandémie qui sévit, l’industrie culturelle continue d’être résiliente et très créative. Voici un tour d’horizon de la situation.

 

Garder la culture vivante… numériquement !

La crise de la COVID-19 force le milieu culturel à mettre l’accent sur le numérique. L’auditoire en ligne, qui était parfois marginal avant le confinement, devient une force et même une nécessité. Beaucoup d’organisations déploient des efforts pour occuper le public et conserver son intérêt envers la culture. Deux aspects prédominent depuis les dernières semaines.

Maintenir la communication

L’utilisation des différents médias (réseaux sociaux, infolettres, etc.) constitue un incontournable pour partager des initiatives et du contenu, promouvoir la consommation de produits culturels ou favoriser l’engagement des publics. Plus de 60 % des musées européens ont accru leur présence en ligne depuis leur fermeture d’après un sondage de la Network of European Museum Organisations.

  • Les défis se multiplient. Certains musées (Getty Museum, MNBAQ, Rijksmuseum) demandent au public de récréer des œuvres d’art à la maison. Ce mouvement gagne en popularité. Jusqu’au 25 mai, Clic France, en collaboration avec des partenaires médias et plus d’une trentaine d’institutions muséales, a créé un concours de réinterprétation des chefs-d’œuvre des collections françaises. Les meilleures créations seront récompensées en juin.

Source : Facebook — Musée Fabre

 

Développer l’offre numérique 

De nombreuses institutions culturelles donnent désormais accès à leurs expositions et à leurs collections en ligne. D’autres ajoutent des visites virtuelles, des reportages, des baladodiffusions, des jeux pour petits et grands. Les plateformes de diffusion et les partenariats se multiplient comme c’est le cas avec Google Arts & Culture. L’offre prend différentes formes.

  • Quelques établissements, comme le Getty Museum, le Musée d’Angers et le Musée de la vie rurale anglaise profitent de la popularité du jeu vidéo Animal Crossing sur la console Nintendo Switch pour promouvoir leur collection de manière originale. Les joueurs peuvent acheter « virtuellement » des œuvres d’art et des objets de valeur issus de ses musées ou participer à une visite guidée avec un médiateur scientifique.
  • Culture Trois-Rivières a lancé, en mars dernier, le mouvement #enmodevirtuel. Du contenu varié et de nombreuses activités à faire à la maison sont suggérés sur leur site Web, un blogue, l’infolettre et leur page Facebook. Selon l’organisme, la démarche permet de renforcer leurs liens avec les partenaires financiers, d’alimenter les diverses plateformes numériques, de développer une stratégie différente pour maintenir les investissements dans les médias en plus de créer du contenu unique avec différents collaborateurs et artistes du milieu culturel.
  • Plusieurs musées québécois (Musée de la civilisation, Musée national des beaux-arts du Québec, Musée POP, Musée d’art de Joliette et le Pôle culturel du monastère des Ursulines) proposent du contenu en ligne destiné à toute la famille sur la nouvelle plateforme Une heure au musée. On y trouve des activités, des jeux, des applications, des expositions et bien plus encore.

Source : Une heure au musée

 

Les musées deviennent des porteurs de mémoire 

De nombreuses institutions muséales collectent les expériences de vie des citoyens pendant la crise sanitaire. Par exemple, le Musée de la civilisation, à Québec, pose une question chaque semaine au public pour documenter leur quotidien en période de confinement. L’Historic New Orleans Collection, et la New York Historical Society, aux États-Unis, participent également au mouvement.

Les impacts

 Plus les semaines avancent, plus il s’avère possible de quantifier les impacts économiques et sociaux de la COVID-19 sur la culture grâce aux nombreux sondages réalisés dans l’industrie. Par exemple, l’organisme Americans for the Arts partage les résultats de son enquête par l’entremise d’un tableau de bord.

Au Québec, quelques Conseils régionaux de la culture publient les résultats de leurs sondages pour connaître les effets de la crise de la COVID-19 sur leur milieu.

L’union fait la force

Le milieu culturel fait preuve de solidarité dans ces temps de crise. Des associations proposent à leurs membres des guides, des ressources et des inventaires de bonnes pratiques. Les partages d’expériences prolifèrent et l’entraide prend différentes formes; en voici quelques exemples.

  • Le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) consacre la totalité de son budget d’acquisition annuel pour acheter des œuvres d’artistes établis et actifs dans la province. La Fondation du MAC désire doubler ce budget (300 000 $) en lançant une campagne de financement.
  • Sur Facebook, le groupe « Soutien à/de la communauté culturelle québécoise — COVID-19 » informe les travailleurs culturels, les travailleurs autonomes et les artistes sur les mesures et les programmes financiers gouvernementaux.

Penser à la relance

En Europe, comme en Allemagne et en Autriche, certains musées pourront ouvrir à nouveau leurs portes en mai. L’un des défis est l’augmentation des coûts de la sécurité et de l’hygiène face à une baisse prévisible des revenus à la billetterie. De plus, les visiteurs seront-ils au rendez-vous ?

Au Canada, le milieu s’active avec les autorités publiques pour élaborer des mesures sanitaires et des scénarios de déconfinement. Les prochaines semaines permettront d’en apprendre davantage sur celles-ci et l’impact qu’elles auront sur le milieu culturel. Il reste tout de même plusieurs interrogations face à l’avenir. Dans le monde muséal par exemple, à quoi ressemblera l’expérience ? Quelle sera la relation avec le visiteur ? Le numérique sera-t-il la nouvelle norme ? Une analyse du Réseau de veille sera bientôt consacrée à la relance.

Annonces

  • La SODEC met en place un programme d’aide aux projets innovants qui permettront de faire face aux défis des nouvelles habitudes de consommation et de développer de nouveaux outils de création et de diffusion (SODEC, 22/04/2020).
  • Radio-Canada et le Conseil des arts du Canada annoncent le lancement de « Connexion création » pour aider les artistes, les groupes et les organismes artistiques à présenter leurs œuvres en ligne (Conseil des arts du Canada, 21/04/2020).

 

Le Réseau de veille en tourisme partage les informations et les ressources à jour selon les secteurs d’activité ainsi que des pratiques exemplaires tirées de son exercice de veille quotidien afin d’outiller l’industrie québécoise. Abonnez-vous à l’infolettre.

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