L’hébergement touristique est mis à l’épreuve par la COVID-19. En avril 2020, si un tiers des gestionnaires d’établissements disait avoir les liquidités nécessaires pour résister à la crise pendant quelques mois, les trois quarts avaient déjà réduit leurs heures d’opération et la moitié avait effectué des mises à pied.
Une enquête en ligne a été menée par la Chaire de tourisme Transat en collaboration avec le ministère du Tourisme et l’Alliance de l’industrie touristique du Québec afin de mesurer les impacts de la COVID-19 sur le tourisme au Québec. L’échantillon est composé de 2977 organisations touristiques québécoises interrogées entre le 9 et le 27 avril 2020. Sur ces répondants, 912 sont des gestionnaires d’hébergements touristiques, hors campings et pourvoiries. À ce moment-là, la consigne de fermeture des entreprises non essentielles était alors en vigueur. La situation évoluant rapidement, les résultats présentés ci-après dressent un portrait de la situation à une période donnée.
Cette analyse concerne spécifiquement les impacts de la crise sur l’hébergement touristique, les mesures adoptées ainsi que les perceptions concernant les craintes des gestionnaires pour l’avenir.
Composition de l’échantillon
Les hébergements ayant complété le sondage sont principalement des résidences de tourisme (30 %), des hôtels de 4 à 39 chambres (23 %), des gîtes touristiques (20 %) et des hôtels de 40 à 99 chambres (11%). Les résultats liés aux campings et aux pourvoiries ont été affiliés au secteur du plein air. Sur l’ensemble des répondants à l’enquête, près du tiers (31 %) représente le secteur de l’hébergement.
Source : Enquête en ligne de la Chaire de tourisme Transat, avril 2020
Répartition géographique des répondants
Source : Enquête en ligne de la Chaire de tourisme Transat, avril 2020
Les établissements d’hébergement sondés sont majoritairement situés dans la région de Québec (12 %), dans les Cantons-de-l’Est (11 %) et en Mauricie (9 %). Toutes les régions touristiques sont cependant représentées par l’enquête.
Les impacts de la crise
L’impact de la COVID-19 se fait particulièrement ressentir dans les opérations des hébergements touristiques. Bien que considérés comme services essentiels, les hôtels subissent les conséquences de la fermeture des frontières et du confinement intra-Québec. Ainsi, la quasi-totalité des hébergements (96%) a reçu des annulations ou des reports de réservation de la part de leur clientèle. Pour ces derniers, il s‘agit pour 84 % des cas d’annulations et 16 % de reports. En outre, trois quarts des répondants ont réduit leurs heures d’opération et la plupart (91%) affirment avoir maintenu moins de 25 % de leurs activités.
Ces dernières semaines, la presse a relaté de nombreux exemples d’hôtels ayant redéfini ou adapté leurs activités. Certains se transforment en espace de travail, d’autres proposent leurs services à des personnes dans le besoin ou au personnel médical. Les résultats du sondage suggèrent toutefois que seuls 17 % des hôtels sondés ont réorienté ou diversifié leurs activités.
Au moment de l’enquête, la majorité des hôteliers (61 %) jugent catastrophique l’impact de la crise sur leurs affaires, une proportion plus élevée que dans les autres secteurs de l’industrie. La situation semble plus problématique pour les hôtels de moyenne et de grande taille que pour les autres types d’hébergement. Une forte majorité (84 %) des établissements interrogés avaient suspendu ou fermé leurs activités pour la saison printanière, cette proportion s’élève à 29% pour la saison estivale.
Source : Enquête en ligne de la Chaire de tourisme Transat, avril 2020
Les ressources humaines
Cette situation exceptionnelle requiert des mesures exceptionnelles en matière de ressources humaines. En avril, la moitié (49 %) des établissements a mis à pied du personnel permanent ou contractuel, et 69 % ont même mis à pied 75 % ou plus d’employés par rapport à leur masse salariale habituelle. Parmi l’ensemble des établissements sondés, les hôtels de plus de 40 chambres sont les plus durement touchés. Environ 9 établissements sur 10 ont effectué de telles mises à pied.
En moyenne, 28 employés ont été mis à pied par hébergement touristique, dont 19 permanents et 9 saisonniers. De plus, 29 % des répondants ont effectué un gel d’embauche (saisonnier ou annuel) et 43 % ont été contraints de réduire les heures travaillées de leur personnel.À nouveau, les plus grands établissements sont les plus touchés, principalement les hôtels de 200 chambres et plus.
Des pertes financières importantes
En avril 2020, les pertes financières pour les mois de janvier à mars étaient les suivantes :
Ces chiffres restent relativement constants en fonction des différents types d’hébergements. En ce qui concerne les réserves de liquidité à plus long terme, globalement ce sont 35 % des hébergements qui disent être en mesure de se maintenir pour quelques mois et 20 % qui ont besoin d’aide immédiatement. Toutefois, 55% des hôtels de plus de 200 chambres disent pouvoir subvenir à leurs besoins pour plusieurs mois et 10 % ont besoin d’aide de manière urgente.
Par ailleurs, la moitié des hébergements ont dit avoir annulé ou reporté un investissement prévu et 44 % ont établi une entente de report de paiement envers au moins un fournisseur ou prestataire de services. Seuls 20 % ont en revanche contracté un prêt.
Un avenir incertain
Les hôteliers se disent relativement dépourvus face à la crise dans 40 % des cas. Environ un tiers des répondants souhaite avoir accès aux outils de soutien suivants :
- Conférences virtuelles/webinaires;
- Services-conseils personnalisés à distance;
- Boîtes à outils;
- Discussions en direct à distance;
- Information appliquée au domaine touristique;
- Communauté en ligne regroupant les acteurs touristiques pour partager leurs enjeux et solutions relativement à la crise;
- Information appliquée au domaine touristique (pour 2/3 des répondants).
Dans une optique plus globale, 8 répondants sur 10 s’inquiètent des impacts financiers, et plus globalement d’une perte durable de clientèle touristique (78%), d’une récession économique mondiale (70%), ainsi que d’une baisse de consommation des ménages (56%).
Ces craintes sont accompagnées d’un discours pessimiste pour les deux tiers des répondants quant à la réouverture des frontières le 1erjuillet.
Source : Enquête en ligne de la Chaire de tourisme Transat, avril 2020
Malgré toutes ces constatations, le discours reste mitigé sur les activités estivales. En effet, 46 % des répondants pensent qu’il y aura moins de touristes qu’à l’habitude et 39 % envisagent le contraire.
De plus, 45 % des établissements sondés croient en une reprise d’activité d’ici les 6 prochains mois. Ceci témoigne à la fois d’une grande incertitude, mais aussi de beaucoup d’espoir de la part des hôteliers quant à la saison touristique 2020.
Source : Enquête en ligne de la Chaire de tourisme Transat, avril 2020
Consulter le sommaire exécutif du Sondage sur l’impact de la COVID-19 sur les entreprises touristiques québécoises.