Développer une stratégie en tourisme durable demande temps et collaboration, mais les OGD y gagneraient pour ainsi assurer la compétitivité et la pérennité de leurs activités.
Selon plusieurs médias spécialisés en tourisme à travers le monde, il faut profiter de la pandémie pour transformer cette industrie sur le long terme. Pendant que l’exploitation tourne au ralenti, une relance verte bénéfique à tous doit être envisagée, que ce soit pour l’environnement, les résidents ou les touristes.
Les organisations de gestion de destination (OGD) ont su se réinventer pour créer des campagnes adaptées à la gestion de crise. Ce changement de direction démontre qu’elles ont la capacité d’opérer des transformations à grande échelle, et ce, rapidement. Pourquoi ne pas jouir de cette expertise et de ce temps d’accalmie pour mieux intégrer les principes de développement durable dans leur plan de gestion ?
Les avantages compétitifs
L’implantation d’une telle stratégie peut sembler longue. Cependant, comme le mentionne Jana Apih, directrice générale de l’organisation Good Place dont l’objectif principal vise à mettre en œuvre des principes de tourisme durable en Slovénie, il s’agit d’un avantage concurrentiel distinctif.
C’est aussi ce que relève le World Economic Forum (WEF). Le développement durable (DD) constitue l’un des éléments clés utilisé pour évaluer la compétitivité d’une destination à l’aide de l’Indice de Compétitivité du secteur des Voyages et du Tourisme, publié tous les deux ans.
Selon le panel d’experts réuni en 2018 par The Place Brand Observer, une destination est plus propice à attirer des investisseurs si elle est dotée d’une forte performance en DD. De plus, les résidents s’y sentent plus heureux et se montrent donc davantage accueillants et chaleureux envers les touristes. Finalement, ledit panel souligne que le tourisme durable devient un élément compétitif lorsqu’il influence positivement l’expérience du visiteur.
Comment s’y prendre ?
Les gestionnaires d’une destination peuvent choisir de mettre en place des pratiques durables sur leur territoire en suivant la démarche présentée ci-dessous. Ils peuvent aussi aller un peu plus loin par l’acquisition d’une certification. Celle-ci implique des frais et des procédures plus poussées puisque les actions sont évaluées, mais la crédibilité et la notoriété qui en découlent en valent la chandelle.
Trouver une certification fiable parmi toutes celles déjà existantes peut s’avérer assez complexe. C’est pourquoi le Global Sustainable Tourism Council (GSTC), une organisation créée entre autres par l’ONU, les accrédite et s’assure qu’elles répondent aux critères qu’elle a prédéterminés avec des experts du milieu.
1) La mise sur pied d’une équipe de gestion
Dans le but de coordonner le déploiement d’une stratégie de tourisme durable à l’échelle d’un territoire, une équipe de gestion doit être mise en place au sein des employés de l’OGD. GSTC suggère que certains d’entre eux détiennent une expertise dans le domaine. Si ce n’est pas le cas, l’organisation recommande de travailler avec une personne externe. Avant d’établir un plan d’action avec les tâches à réaliser et les dates butoirs, il convient de réaliser une veille sur les destinations déjà reconnues dans ce secteur. Cela permet de s’inspirer des meilleures pratiques. C’est d’ailleurs l’un des objectifs de la stratégie de gestion que la Slovénie a mise en place, vers un tourisme plus durable.
2) La consultation des parties prenantes
Le maintien de l’équilibre entre les besoins des communautés, le développement économique, l’héritage culturel et l’environnement est essentiel à la réussite de cette stratégie. Afin que tous les acteurs concernés puissent se prononcer et soient en accord avec le plan d’action, le comité de gestion doit solliciter les personnes impliquées, et ce, tout au long de la démarche. Cette consultation permet également de recenser les initiatives déjà présentes sur le territoire et de mieux évaluer les adaptations à considérer.
3) L’accompagnement des entreprises et des organisations
Une destination ne peut être qualifiée de durable qu’avec l’implication de ses entreprises et de ses organisations touristiques. Dans le but d’assurer une vision commune, le comité de gestion doit donc effectuer un suivi auprès des acteurs touristiques. Il pourra ainsi leur vulgariser les principaux concepts et vérifier que ceux-ci sont bien assimilés. Les organisations sont aussi appelées à s’entraider puisqu’elles doivent passer par les mêmes étapes.
Un bon exemple est celui de l’Île Maurice qui a donné des formations aux diverses parties prenantes. Que ce soit pour les hôtels, les voyagistes, les taxis, etc., le but est de bien implanter la stratégie à l’échelle de la destination.
4) L’évaluation des résultats
À quoi bon mettre en place une nouvelle stratégie, si on ne peut pas connaitre les résultats escomptés ? Dès le début, il faut penser à identifier des indicateurs qui permettent d’apprécier les impacts socio-économiques, culturels et environnementaux. Le diagnostic doit généralement être effectué tous les deux ans et l’issue doit être rendue publique sur le site web de la destination.
Si vous optez pour l’acquisition d’une certification, les critères d’évaluation à prendre en compte vous seront communiqués. À titre d’exemple, voici quelques-uns des indicateurs sociaux et économiques utilisés par l’archipel des Açores, déclaré comme destination durable par Eartcheck en 2019 : la progression de l’emploi pour les résidents dans le secteur de l’hébergement et de la restauration ; le nombre de familles ayant pu profiter de la croissance économique du tourisme ; ainsi que la diminution consécutive du taux de saisonnalité. Par ailleurs, les économies en CO2, en eau d’usage, et la réduction des déchets des bâtiments touristiques sont des indicateurs se référant plutôt au pilier environnemental.
5) La promotion de ses actions
Une fois que les entreprises et les organisations à l’échelle du territoire ont mis en place les bonnes pratiques, il ne reste plus qu’à se positionner comme une destination en tourisme durable. Quatre volets sont alors abordés.
Le premier concerne la création d’une campagne nationale qui s’attache à inciter les résidents à redécouvrir leur pays ou leur région et à devenir de fiers ambassadeurs. Le deuxième volet touche la promotion à l’international, et par conséquent à la communication de l’offre touristique aux visiteurs. Afin de souligner qu’il est le premier archipel au monde à avoir été certifié en tourisme durable, l’archipel des Açores a lancé une vidéo où plusieurs acteurs de l’industrie parlent de leur participation dans le processus.
Le troisième volet promotionnel consiste à fournir un guide à l’intention des parties prenantes de l’industrie. Ainsi, ces dernières ont la possibilité de suivre les principales lignes directrices de la campagne marketing et dès lors de renforcer l’image de marque de la destination.
Finalement, le quatrième volet, mais non le moindre, porte sur la création d’un plan de communication qui s’intéresse à sensibiliser les voyageurs à adopter de bonnes pratiques. L’Islande a d’ailleurs conçu une série de vidéos sous la bannière Iceland Academy, par le biais de laquelle une capsule sur le tourisme responsable a été diffusée. Les vacanciers sont aussi amenés à respecter un serment avant d’arriver, comme c’est le cas pour plusieurs autres destinations telles que la Nouvelle-Zélande ou les Îles Palau.
L’utilisation du storytelling dans la vidéo de Thompson Okanagan Tourism Association permet pour sa part de renforcer l’attachement à la région et d’inciter les gens à signer ledit serment à la fin du visionnage. Cette région est d’ailleurs la première à avoir été reconnue en tourisme durable dans les Amériques.
À retenir
Établir une stratégie en tourisme durable pour une destination demande de l’investissement et de la collaboration avec toutes les parties prenantes de la région. Il s’agit d’un processus à développer sur quelques années, mais qui est bénéfique sur le long terme. Il en découle une vision commune qui d’un côté attire les touristes ayant les mêmes valeurs que celles véhiculées par l’OGD, et qui de l’autre vient renforcer le sentiment d’appartenance des résidents et des organisations touristiques qui travaillent de concert.
Quels attraits culturels et naturels voudriez-vous préserver ?
Qu’est-ce qui fait votre fierté et comment pourriez-vous protéger cet héritage ?
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