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Analyses - 20 avril 2021

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Le tourisme post-COVID : à quoi s’attendre ?

Les voyageurs trépignent d’impatience, l’industrie touristique aussi. Comme l’ouverture des frontières canadiennes n’est pas imminente, l’été 2021 sera fait de tourisme local. Mais le moment venu, les premières observations laissent présager une reprise forte, reposant sur des valeurs sûres et animée d’une volonté de découverte après une pause forcée qui se prolonge.

De lourdes répercussions

Alors que l’industrie touristique connaissait une forte progression à peu près partout dans le monde, à divers degrés, et que les projections étaient au vert, la pandémie de COVID-19 a tout interrompu. Selon Destination Canada, les cicatrices qu’elle laissera sur l’économie touristique canadienne seront plus profondes que celles des impacts du 11 septembre 2001, du SRAS et de la crise économique de 2008 réunis.

Un été à saveur locale (encore)

Beaucoup d’espoir repose sur l’immunisation des Québécois et un faible nombre de nouveaux cas pour atténuer les mesures sanitaires en place durant l’été. L’avancement de la campagne de vaccination de masse laisse présager une saison estivale 2021 prometteuse pour une partie des entreprises touristiques de la province. Les destinations de plein air et d’agrotourisme devraient trouver leur compte, comme l’an dernier. Les grandes villes, dépourvues d’une part importante de leurs atouts habituels, seront contraintes d’attendre le retour des touristes internationaux et un affaiblissement de la pandémie pour qu’une véritable relance s’y opère.

Par ailleurs, les voyageurs canadiens envisagent de traverser la frontière dans un horizon de trois à six mois. C’est ce que démontrent les recherches Web qu’ils réalisent sur les sites d’Expedia Group. Près du tiers des séjours convoités pour des départs prévus dans les 60 à 90 jours concernent des destinations internationales. Si les Canadiens ont hâte de sortir du pays, la majorité des Américains craignent toujours de voyager à l’étranger.    

Le besoin de voyager de nos voisins américains

Mais ils sont beaucoup moins inquiets à l’idée de voyager dans leur pays. Avec la vaccination qui avance à vitesse grand V (40 % de la population est vaccinée en date du 19 avril 2021), les restrictions de voyage tombent et certaines attractions phares, comme Disneyland, planifient leur réouverture. Les transporteurs aériens nationaux estiment qu’ils offriront pour la saison estivale l’équivalent de 90 % de la capacité de l’été 2019.

Les 2/3 des Américains se sentent prêts à voyager à nouveau.

Les données récoltées du 9 au 11 avril par la firme Destination Analysts révèlent que les 2/3 des Américains se sentent prêts à voyager à nouveau. Même que 86 % des voyageurs prévoient d’effectuer des séjours d’agrément et 73 % ont l’intention de les réaliser d’ici 3 mois. Ces projets concernent surtout des voyages intérieurs.

Relaxer, prendre une pause de la routine quotidienne et passer du temps en famille constituent les principales raisons qui motivent le voyage. Mais ils sont aussi très nombreux à mentionner vouloir voir quelque chose de différent. En effet, près de la moitié affirment souhaiter fuir l’ennui, vivre de nouvelles expériences et explorer des endroits qu’ils n’ont jamais fréquentés.

Mais les Américains envisagent tout de même de grands classiques. Selon le sondage de Destination Analysts, ils ciblent les icônes touristiques pour leur prochain séjour au pays : la Floride, la ville de New York, Las Vegas, Hawaï et la Californie.

Des valeurs sûres : la plage et les séjours urbains

Un autre sondage, réalisé par plusieurs partenaires au Royaume-Uni et s’adressant à une quinzaine de marchés (plus de 8000 répondants) révèle aussi des résultats éloquents. Cette enquête, menée en décembre 2020, précédait l’apparition des variants de COVID-19 dans l’espace médiatique, un facteur qui pourrait atténuer l’enthousiasme des voyageurs. Ceci étant dit, sept sondés sur dix considéraient alors un séjour d’agrément à l’international en 2021, ce qui démontre une forte résilience à l’idée de voyager, malgré les incertitudes qui planent depuis maintenant plus d’un an. Les grandes villes et la côte (la mer/la plage) constituent les deux principaux types de destinations recherchées.

Selon l’enquête annuelle World Travel Monitor réalisée auprès de quelque 500 000 répondants dans plus de 60 pays, les vacances au soleil et à la plage sont les plus convoitées pour 2021. Les séjours urbains arrivent au 2e rang suivis des vacances axées sur la nature et le plein air. 

Une responsabilité partagée

Une sensibilisation à un tourisme plus durable s’est certainement répandue durant la crise. Mais choisir des destinations en dehors des circuits très fréquentés ou réduire son empreinte écologique ne semblent pas être prioritaire pour le moment. Les gens ont été privés de nombreux divertissements pendant un an, ils ont besoin de se changer les idées, de faire la fête, et ils comptent bien rattraper le temps perdu lorsque les mesures seront levées.

Le virage vers un tourisme de masse plus durable devra s’opérer de concert avec l’ensemble des secteurs impliqués. La responsabilité ne repose pas que sur les épaules du voyageur. L’industrie doit proposer des choix durables attractifs qui déclencheront un véritable engouement auprès des différents marchés touristiques.   

Un budget bien garni, des attentes élevées

Faute de voyager, les ménages ont accumulé des liquidités. Les restrictions ont pour effet d’alimenter la demande des consommateurs qui, la tirelire bien remplie, rêvent du moment où ils seront à nouveau libres de vivre des expériences touristiques. Leurs attentes sont élevées.

Certaines habitudes ont aussi changé depuis le début de la pandémie. Le recours à la technologie, par exemple, s’est amplifié. Bien des gens ont aiguisé leurs compétences en matière d’utilisation d’outils numériques, que ce soit pour la recherche d’information, les communications et les réservations. Cellulaire en main, ils exigeront efficacité et fluidité dans la planification et le déroulement de leurs séjours.

Tourisme d’affaires : besoin de relations humaines

Le secteur du tourisme d’affaires et de congrès recouvrera sa vitesse de croisière après celui d’agrément. Les gens sont prêts à prendre le « risque » de voyager pour leurs besoins personnels, mais moins pour le travail. Toutefois, lorsque la vaccination sera bien avancée et que la confiance des voyageurs sera de retour, les contacts en face à face s’imposeront d’eux-mêmes.

Bien que l’on ait pu constater l’efficacité des rencontres virtuelles, le contexte ne laissait pas le choix. La peur de contracter le virus, l’impossibilité de se déplacer et l’interdiction de se rassembler ont dicté les moyens d’entretenir les relations humaines depuis mars 2020. Mais plusieurs experts observent ce qu’on appelle désormais la « fatigue Zoom ».

Prendre un verre avec un client, croiser des pairs et partager des moments uniques avec eux lors d’activités de congrès, discuter avec des partenaires d’affaires autour d’un bon repas, ces moments sont souvent la clé de relations professionnelles porteuses et durables.

De nombreuses entreprises se sont équipées de solutions technologiques pour faciliter les échanges en ligne. L’efficacité de ces méthodes virtuelles pourrait bien justifier leur recours, même une fois la crise résorbée. Cela permettrait de restreindre les voyages d’affaires à ceux que les gestionnaires estiment nécessaires au développement de l’organisation ainsi que de réduire les dépenses.

Mais dans un avenir post-COVID, où les mesures sanitaires sont levées et où les gens ont renoué avec le plaisir de se rencontrer, on peut se demander si les réunions virtuelles ne deviendront pas un plan B. Les organisations qui choisiront de limiter les déplacements professionnels pourraient se faire rattraper par celles qui y verront un avantage concurrentiel en misant sur des relations d’affaires de qualité où le contact en face à face est privilégié.

Les voyages nourrissent le cerveau

Des chercheurs de Harvard ont d’ailleurs trouvé un lien de causalité entre le nombre de touristes d’affaires qu’un pays reçoit et la croissance de son PIB. Ils attribuent notamment ce lien aux déplacements du savoir-faire. Celui-ci se transférerait de cerveau en cerveau grâce à de véritables partages d’expériences, et ce, par mimétisme au fil des années. Ni les livres ni les vidéos ne rendent ce type de partage. Les voyages permettent de transmettre ce savoir-faire d’un pays à un autre. Ces connaissances exercent de l’influence sur les capacités à innover et à produire de la richesse. Découvrir, apprendre, échanger, n’est-ce pas là toute l’essence du voyage ?

L’élan québécois

Près de 80 % des Québécois ayant voyagé au Québec l’an dernier désirent visiter encore plus la province. Autant d’ambassadeurs créés pour nous faire découvrir ce que nous avons juste sous notre nez. Les loisirs et les sorties étant limités, le temps de magasinage touristique disponible est plus important qu’habituellement et les destinations et entreprises doivent en profiter. L’heure n’est plus aux secrets bien gardés. Ils doivent être intelligemment intégrés à un portefeuille d’offres qui permettra de mieux répartir les touristes cet été… et à la Belle Province de se rendre plus attractive pendant qu’elle a toute notre attention.

L’été 2021 marquera le début d’une relance progressive. Néanmoins, le niveau d’avancement est incertain et les revenus internationaux se feront attendre encore un moment. Heureusement, les pertes structurelles majeures touchant l’offre ont été évitées et l’intérêt et la capacité de voyager sont palpables.

L’avenir touristique sera bon… mais encore faut-il s’y rendre.

Collaboration

Équipe de la Chaire de tourisme Transat

Source(s)

- Biesiada, Jamie. « Overwhelming majority of Americans will travel this year », PhocusWire, 13 avril 2021.

- Bologna, Caroline. « Revenge Travel’ Will Be All The Rage Over The Next Few Years », Huffpost, 6 avril 2021.

- Destination Analysts. « Update on American Travel in the Period of Coronavirus – Week of April 19th », 18 avril 2021.

- Destination Canada. « Revisiter le tourisme : L’économie du tourisme du Canada un an après le début de la pandémie mondiale », mars 2021.

- Josephs, Leslie. « American Airlines ramps up domestic summer schedule to nearly pre-pandemic levels », CNBC, 14 avril 2021.

- Kiesnoski, Kenneth. « Beaches top dream vacation wish lists for Americans as travel takes off », CNBC, 4 avril 2021.

- La Presse canadienne. « Pas d’ouverture imminente de la frontière canado-américaine, selon Trudeau », Les Affaires, 15 mars 2021.

- Lin, Connie. « Harvard researchers discover a surprising reason why Zoom and Skype won’t kill business travel », Fast Company, 12 août 2020.

- Metz, Jason. « Travelers in 2021 Want More Sand, Fewer People – and Insurance », Forbes, 27 novembre 2020.

- TIAC — AITC. « État du tourisme au Canada pendant la crise de la COVID-19 - Tableau de bord (2,0) », mars 2021.

- Valinsky, Jordan. « 5 big signs that travel is roaring back », CNN, 20 mars 2021.

- Visit Britain, Visit Scotland, London & partners, Llywodraeth Cymru Welsh Governement et TCI Research. « International Recovery Research – Wave 1 », janvier 2021.

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