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Analyse - 15 février 2022

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février 2022

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Faites fleurir vos données

Une bonne utilisation des données en entreprise permet d’y voir plus clair, d’améliorer ses pratiques et, en bout de ligne, d’augmenter ses revenus.

Une culture de la donnée

L’industrie touristique, composée d’une forte majorité de petites et de très petites entreprises, accuse un certain retard en matière de collecte et d’analyse de données.

Pourtant, les organisations qui reposent leurs décisions stratégiques sur des chiffres et des profils solides deviennent plus compétitives puisqu’elles sont en mesure de :   

  • personnaliser l’offre en fonction des types de clientèle; 
  • améliorer le produit et en développer de nouveaux; 
  • réduire les irritants pour offrir une expérience sans friction (seamless); 
  • obtenir des informations très utiles pour prendre des décisions rapidement; 
  • miser sur les bons segments de clientèles, au bon moment;  
  • créer des campagnes marketing ciblées et efficaces, en haute comme en basse saison; 
  • augmenter sa performance et ses revenus. 

Une entreprise dont l’ensemble des décisions stratégiques sont guidées par les données implique le développement d’une culture de la donnée à travers les équipes de travail. Cette approche doit ainsi se refléter dans la culture de l’entreprise. Cela se traduit, entre autres, par l’identification d’objectifs mesurables qui seront partagés à l’ensemble du personnel. Bien sûr, les composantes de cette culture doivent avoir un sens pour les employés – améliorer les opérations, faciliter ou rendre plus agréables certaines fonctions, former le personnel à colliger les informations nécessaires, accroître la satisfaction des employés comme de la clientèle, etc.  

Un pas de plus : mutualiser ses données

Le recours à des technologies de collecte, d’analyse et de diffusion peut s’avérer onéreux, surtout pour des petites et de très petites organisations. Bien que la concurrence reste un enjeu sans équivoque dans le partage de données, tenter une collaboration mutuellement bénéfique constitue la meilleure approche dans ce cas. Une telle démarche peut créer des occasions d’affaires, un gain d’efficacité dans sa gestion des opérations et générer des perspectives d’innovation dans son organisation. 

Malgré ces avantages, il existe encore un manque de compréhension sur le potentiel de la mutualisation. Selon une étude menée par la Commission européenne en 2018, les principaux freins au partage de données entre PME sont : 

  • les aspects techniques et les coûts associés;  
  • les zones d’ombre juridiques, notamment sur la propriété des données, leur utilisation et les engagements y étant liés;  
  • le manque de connaissances et de compétences concernant l’utilisation des données et la capacité à en tirer pleinement profit;  
  • les difficultés à leur donner de la valeur et un prix. 

Les entreprises sondées ayant mis en commun leurs données identifient les facteurs de succès suivants à la réussite de la mutualisation : 

  • bâtir un environnement de confiance entre les parties prenantes (garanties de sécurité, bonne communication, collaboration étroite entre les utilisateurs pour s’assurer du gagnant-gagnant); 
  • favoriser une compréhension claire des besoins en donnant des exemples d’utilisation des données;  
  • créer des partenariats avec une organisation tierce qui possède des compétences en matière de mutualisation de données; 
  • mettre en place des mécanismes simples et faciles à utiliser; 
  • instaurer un cadre légal transparent en matière de protection des données personnelles et de propriété intellectuelle. 

 La réalité des entreprises du secteur touristique rend difficile la question du partage des données. En effet, la multiplicité des PME engageant des acteurs variés et ayant des champs d’expertise et intérêts différents complexifie certainement la tâche. S’inspirer d’un secteur d’activité connexe qui comporte des enjeux similaires et qui a développé une expertise en matière de mutualisation peut s’avérer judicieux.   

S’inspirer du secteur des arts et de la culture au Québec

Au cours des dernières années, divers organismes culturels québécois ont engagé des projets numériques visant à recueillir et à analyser des données du secteur, afin d’augmenter la connaissance de leurs publics, entre autres. Plusieurs ministères fédéraux et provinciaux encouragent ces initiatives par l’entremise de programmes de subvention. Par exemple, le ministère de la Culture et des Communications (MCCQ) a déployé un plan d’action axé sur les données des publics du secteur culturel. Dans ce contexte, l’organisme Synapse C a été créé pour accompagner les organisations culturelles dans leur transition vers une culture de la donnée, le tout dans une perspective d’intelligence d’affaires. Les entreprises et associations québécoises de ce secteur sont ainsi de plus en plus sensibilisées aux enjeux et aux retombées de la collecte, de l’exploitation et de la mutualisation des données.  

À titre d’exemple, le Conseil québécois de la musique (CQM) a entrepris en 2018 un projet visant à améliorer sa gestion et ses contacts avec son public sur le long terme. Quel jour et à quelle heure doit-on les solliciter? Quel est notre positionnement dans l’offre globale? Ainsi, 14 entreprises du secteur musical se sont prêtées au jeu de la mutualisation, pour augmenter l’intelligence collective et prendre de meilleures décisions stratégiques. Suite à la préparation des données (nettoyage, standardisation, analyse et anonymisation) réalisée par Synapse C, les participants ont été dotés d’un tableau de bord comportant des indicateurs visuels permettant d’obtenir une plus vaste connaissance des publics québécois et de recueillir des indices sur leur concurrence : situation géographique des clientèles grâce aux codes postaux, heure à laquelle les gens achètent les billets, pourcentage de visiteurs qui ne viennent qu’une fois dans la saison (stratégie de fidélisation), etc. Pour en savoir plus, veuillez visionner cette vidéo explicative du projet. 

Source: Youtube / Conseil québécois de la musique 

Regarder passer le train?

Le recours grandissant aux données crée une pression sur les entreprises qui opèrent encore uniquement à l’instinct. Bien que ce dernier soit toujours un allier de l’entrepreneur qui a du flair, les données viennent confirmer, mieux orienter ou infirmer la décision de mise en œuvre d’une idée ou d’un projet. Il peut s’agir d’un exercice complexe pour des entreprises de petite taille. À cet égard, se regrouper et mutualiser ses données peut s’avérer une approche gagnante, surtout dans une optique de coopétition.

Et vous, êtes-vous prêts à partager les vôtres? 

Image à la une : Fauxels de Pexels

Cet article fait partie du cahier des perspectives touristiques 2022 réalisé par l’équipe de la Chaire de tourisme Transat.

Collaboration

Claudine Barry

Professionnelle de recherche pour la Chaire de tourisme Transat

Source(s)

- Bowcott, Harry. “Powered by data, driven by people: The travel sector’s future”, McKinsey & Company, 3 novembre 2017.  

- Commission européenne. Study on data sharing between companies in Europe, 2018. 

- Conseil québécois de la musique. “Mutualisation de données” pour le milieu de la musique de concert, 2019.

- Dykes, Brent. “10 Reasons Why Your Organization Still Isn’t Data-Driven”, Forbes, 1er juin 2021.  

- Hood, Laurie. “3 Data-Driven Travel Industry Marketing Strategies”, Mobilewalla, 26 octobre 2021. 

- Institut national de la recherche scientifique. La gouvernance des données d’usage — Enjeux éthiques et perceptions des publics dans les bibliothèques et archives, 2021. 

- Villa, Nicola. “Have data, will travel: Why the tourism industry needs data analytics for a recovery”, Mastercard Newsroom, 26 janvier 2021. 

- WNS et Skift. “3 Digital Transformation Strategies for Travel’s Recovery”, Skift, 23 novembre 2021. 

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