Les voyageurs québécois étaient plus nombreux à visiter la province en 2021 qu’en 2020. Qu’en sera-t-il pour 2022?
Comportement des voyageurs québécois à l’été 2021
Une enquête longitudinale menée par la Chaire de tourisme Transat auprès de voyageurs québécois à la fin de l’année 2021 permet d’analyser les déplacements touristiques qu’ils ont effectués entre mai et octobre. En comparaison avec l’été 2020, ils ont été beaucoup plus nombreux à voyager au Québec (une variation de 22 pts de %), et plus particulièrement à y faire un séjour d’une à trois nuits (variation de 15 pts de %).
Se rendre dans une autre région que celle du domicile principal fut également plus populaire en 2021 qu’en 2020 (variation de +23 pts de %). Les voyageurs québécois ont aussi été plus nombreux à séjourner à l’extérieur de la province et hors du pays.
Les Québécois semblent reprendre certaines habitudes quand les mesures s’assouplissent. Par exemple, le retrait de la quarantaine obligatoire pour les voyageurs canadiens entièrement vaccinés à l’été 2021 pourrait avoir contribué à la hausse des séjours à l’extérieur du Canada.
Le faible nombre de cas positifs à la COVID-19 durant la saison estivale, le taux élevé de personnes vaccinées, la mise en place du passeport vaccinal et l’application générale des mesures barrières pourraient expliquer la hausse du niveau de confiance des répondants face aux déplacements en général. On observe d’ailleurs que le désir de voyager dans le contexte actuel est plus élevé en 2021, comparativement à 2020 (2021 : 39 % contre 2020 : 26 %, une variation de +13 points de %).
Attitude générale face au voyage et au ricochet du variant Omicron
L’enquête de la Chaire de tourisme Transat a aussi permis de jauger l’attitude des voyageurs québécois à l’égard du voyage dans un contexte pandémique. Près de la moitié des personnes sondées (48 %) a affirmé préférer voyager au Québec au cours des prochaines années, que les frontières soient rouvertes ou non. À l’inverse, plus du tiers (37 %) a apprécié découvrir la province durant la dernière année, mais privilégiera toutefois les voyages hors de celle-ci au cours de la prochaine.
La fluctuation des mesures restrictives mises en place pour maîtriser les vagues de la pandémie de COVID-19 continue d’avoir des répercussions sur le comportement des consommateurs. L’arrivée du variant Omicron en fin d’année 2021 a altéré les plans de nombreux Québécois lors de la période des Fêtes et influence aujourd’hui les intentions de voyage à court et moyen terme. L’incertitude plane.
En décembre 2021, un sondage mené par la firme Léger révèle que 88 % des Québécois n’ont pas l’intention de voyager à l’étranger pendant l’hiver. L’état d’esprit des citoyens fluctue au fil des semaines. Sondés à nouveau en février 2022 par Léger, 57 % (c. 21 % en janvier) des Québécois croient que le pire de la crise est derrière nous, 21 % (c. 45 % en janvier) que nous vivons le pire, et 12 % (c. 25 % en janvier) que le pire est à venir.
Le retour à la vie « normale » est plus que jamais incertain. L’Institut national de santé publique du Québec s’est intéressé aux perceptions des Québécois quant au moment où ils pensent pouvoir reprendre leurs activités (voyager, grands rassemblements, etc.) comme avant la pandémie. Les résultats du sondage mené en janvier et février 2022 sont mitigés. Seuls 15 % affirment les avoir déjà reprises, 36 % indiquent que cela sera plutôt remis à juin 2022, 16 % vers la fin de l’année 2022, 29 % au cours de l’année 2023 et 5 %, jamais.
Impacts de la COVID-19 sur les façons de voyager
Interrogés sur les répercussions de la pandémie sur leurs habitudes de planification au cours des prochaines années, les voyageurs québécois ont révélé à la Chaire de tourisme Transat en 2021 qu’ils seront nombreux à réserver des options offrant une politique d’annulation. Ils accorderont par ailleurs plus d’importance aux mesures sanitaires à destination, et croient qu’ils voyageront plus localement qu’avant. L’adhésion à ces deux paramètres, mesurée également lors de l’édition 2020 de l’étude, s’avère plutôt stable. On observe toutefois une légère tendance haussière concernant les voyages plus locaux (2021 : 50 % contre 2020 : 42 %; +8 pts de %).
Comparativement à l’année 2020, la proportion de voyageurs qui estiment faire plus souvent des séjours en nature s’est légèrement amenuisée (2021 : 20 %, contre 2020 : 30 %). Connaissant l’engouement des Québécois pour le plein air, cette baisse n’est pas à craindre. Mais elle pourrait suggérer une certaine stabilisation du phénomène.
Prévoir des plans A, B et C
Les entreprises touristiques ont assoupli leur politique de réservation et font preuve d’une grande flexibilité étant donné les circonstances changeantes. Les consommateurs en profitent bien : réserver un voyage à l’étranger comme plan A, mais planifier un séjour au pays si les frontières ferment à nouveau; louer un grand chalet avec des amis, mais prévoir un autre hébergement de plus petite taille comme plan B. Pour éviter de se retrouver le bec à l’eau, des voyageurs multiplient ainsi les réservations pour une même période et annulent l’option rejetée au dernier moment, ou selon les délais prescrits par la politique de l’entreprise. En anglais, on parle de trip stacking, un phénomène qui pourrait toutefois être éphémère et s’estomper lorsque la pandémie sera résorbée.
Bien que l’année 2022 débute encore une fois dans l’incertitude, les consommateurs ont acquis deux années d’expérience et s’adaptent au contexte instable. Les voyageurs ont hâte de partir et même s’ils souhaitent vivre des expériences extraordinaires, composées, entre autres, de moments enrichissants et significatifs, ils demeurent hésitants pour l’instant.
Image à la une : Cassiano Psomas de Pexels
Cet article fait partie du cahier des perspectives touristiques 2022 réalisé par l’équipe de la Chaire de tourisme Transat.